Je te vois.

chapitre 5

——point de vu Neteyam

Elle ne s'y attendait clairement pas, même moi, qu'est-ce qu'il m'a prit ? L'honnêteté peut-être la meilleure des qualités, mais aussi un vilain défaut.

Ses joues prirent une teinte rougeâtre, et son regard tomba sur ses jambes. Ses deux mains jadis devant mon ventre, s'en allèrent tristement sur ses cuisses. Les secondes d'après me mirent le doute, croyant qu'elle l'avait mal prit. Quand finalement, je sentis à nouveau sa tête s'alléger contre mon dos.

- J'aimerais tellement faire parti de votre espèce, ronronne t-elle derrière moi, ou être une Avatar, peu importe...

Sa voix cogne ma peau, pendant qu'un frisson court le long de mon épine dorsal. Pourquoi elle se confie soudainement ? J'avoue cependant être attentif à ce qu'elle raconte.

- Si tu comprenais à quel point être un humain parmi vous, c'est-

- Pénible ? je finis.

Je le sais déjà. Pourtant, Spider vivait très bien à nos côtés. Il s'est habitué dès petit à nos traditions et à notre façon de voir les choses. Pour moi, c'est un Na'vi, bien qu'il soit coincé dans un corps qui n'est pas fait pour vivre sur Pandora.

Elle m'offre son silence, mais je n'ai à redire. Cela ne servirait à rien de lui dire qu'elle a tort, puisque j'imagine que ce doit être compliqué à vivre pour elle. Quoique, en toute honnêteté, je ne peux pas comprendre puisque je ne l'ai jamais vécu. Spider était accepté par le peuple, comme l'un des nôtres, comparé à elle. J'observe sa manie de triturer ses doigts, signe qu'elle n'est pas sûre d'elle. Après quelques secondes à n'entendre que son cœur vibrer le long de ma colonne vertébrale, elle ajoute en soufflant :

- Je n'ai aucun Avatar avec qui je peux fusionner, ajoute t-elle, je suis destinée à errer dans ce corps.

Je cache l'étonnement qui me bouscule en l'entendant déposer ses maux en toute transparence. Elle a l'air de s'en vouloir, car elle griffe ses cuisses avec regret, laissant de vilaines traces rouges sur sa peau bronzée. Elle s'agite discrètement avec une envie soudaine de disparaître, quand je m'empresse de changer de sujet. Je laisse les mots dévaler la barrière de mes lèvres, quand je scille que quelque chose cloche. Pourquoi j'ai si peur qu'elle prenne la fuite ?

- Tu connais le programme Avatar ?

Elle soupir, comme si cela lui demandait un effort insurmontable :

- Kiri m'en a parlé...

Elle camoufle les griffures qu'elle s'est faite en mettant ses mains par dessus, ses joues rougissantes de honte. J'esquisse un léger rictus qu'elle ne voit pas, et l'admire s'apaiser. Le calme s'installe à nouveau, et sa tête s'affaisse davantage contre mon dos. En même temps, le soleil m'indique qu'il est l'heure d'aller manger, mais l'envie de rester un peu plus avec elle m'obsède.

Ses paupières se sont abaissées depuis quelques minutes, et sa respiration s'est ralentie. Elle a déposé tout son poids sur moi, même si je ne le sens qu'à moitié. Les traits de son visage sont reposés, et je me surprend à aimer la regarder s'assoupir. Je mentirais si je disais qu'il n'y a pas une voix dans ma tête qui me crie que j'ai l'air d'un pervers, en plus de celle de Lo'ak qui me reviens. Je souris sous cette pensée, les yeux encore dirigés sous son corps détendu, et marmonne inaudiblement :