Je te vois.

chapitre 25

—— quatorze jours plus tard.

Les secondes,
Les minutes,
Et les heures se ressemblent dramatiquement.
J'ai l'impression de ne pas être là,
j'agis comme un automate.
À l'intérieur de moi,
tout est vide,
tout est mort.

Au début il y avait cette flamme à l'intérieur de mon cœur qui me chuchotait sans cesse qu'il allait s'en sortir. Après l'incident sur le vaisseau, j'étais la seule qui y croyais encore, un foutu sourire aux lèvres. Mais plus le temps passent, plus ce maigre feu se rétrécit, mon espoir s'emportant avec. J'ai perdu la bouée qui me permettait de maintenir la tête hors de l'eau. Maintenant sans lui, je me noie dans ma propre peine, coulant comme une pierre au fond de l'océan.

Neteyam n'est pas mort, non, mais regarder son corps immobile plongé dans le coma me fait penser tout le contraire. La bonne nouvelle dans tout ça, c'est que Quaritch est enfin éliminé, ce qui est un énorme soulagement pour la famille.

Nous voilà donc de retour à la forêt, chez les Omaticaya, après la décision de Jake. Nous y sommes depuis onze jours maintenant, onze jours ressemblant pourtant à une éternité.

En si peu de temps, beaucoup de choses se sont métamorphosées, comme le comportement de Lo'ak. Je me suis d'ailleurs rapprochée de lui, et pendant ces quelques moments partagés, nous nous sommes confiés nos maux et nos cicatrices. Lui qui a tout perdu : la fille qu'il aimait, son ami de toujours et son frère aîné, l'unique repère de son monde.

Moi aussi j'ai eu du mal à renoncer à Tsireya et Aonung pour être honnête, mais ce n'est qu'un aurevoir, non ? Finalement, avoir tiré un trait sur le clan du récif m'a permis de voir un peu de positif dans tout ce désespoir. Tournant la page à ce passé qui m'a tant torturée, je suis partie avec l'espoir d'en sortir plus grande.

L'enterrement de Spider s'est fait à l'arbre des âmes, le jour qui suivait notre retour. Il pleuvait à grosse gouttes cette après-midi là, comme si Pandora pleurait avec nous.

Jake et Lo'ak l'avaient déposés au centre d'un minuscule trou de terre, creusé et aménagé pour son corps d'humain. Des fleurs avaient été amenées par plusieurs sujets et avaient permit de le camoufler, en plus des larmes invisibles de Lo'ak. Abandonnées par accident sur la peau beige de son meilleur ami, en même temps que la morne pluie.

C'était une atmosphère étrange qui régnait sur le peuple, debout autour de l'immense arbre où repose désormais le petit bonhomme. Les sourires des membres de la famille Sully étaient tous tombés un par un, et chacun semblaient avoir perdu une partie de soi. Bizarrement, la douleur s'était imprimée en moi et je ne ressentais rien, hormis l'envie subite d'être autre part qu'ici.

Dans un contact électrique, une main réconfortante s'était abattue agréablement sur mon épaule. Mes yeux s'étaient levés sur cette personne et mon cœur s'était allégé en découvrant Max. J'avais soupiré d'apaisement quand son regard attendri brillait en me contemplant. Ses bras m'ont entourés et je m'étais blottis contre lui, tremblante, en assistant avec tristesse à l'ensevelissement du corps sans vie de Spider.

Et même si mon cœur pleurait, aucune larme ne s'était achevée sur mes joues blafardes. Si j'avais pu, j'aurais fermé les yeux en espérant que ce cauchemar prenne fin. En me faisant du mal pour me réveiller et me sentir vivante dans cet esprit qui ne cherchait qu'à s'écrouler.

En fin de journée, nous étions tous rentré au High Camp, l'éclipse ayant assombrit Pandora en même temps que nos pensées. Et lasse, j'avais rejoins Max dans le biolab, comme tout les jours maintenant, et comme aujourd'hui.

—

Ce matin, je rentre à l'intérieur et dépose mon masque, m'en allant dans la même direction depuis onze jours.