Il me tend sa main ouverte que je fixe quelques secondes, silencieux. Si il le savait que la flèche qui s'est implantée dans son corps l'a finalement tué, m'aiderait-il à me relever ?Sans mon accord il m'attira vers le haut, me délivrant inconsciemment de tout mes démons. Debout à ses côtés, mes jambes vacillent sous le poids de ma faute, et il me scrute d'un œil inquiet. J'échappe à son attention en observant les parages, la vision encore embuées de mes larmes séchées.
Rapidement, je reconnais l'Arbre des Âmes et déduis que rien n'a changé, hormis la présence de Spider.
- Ça va ?
Mes yeux retombent sur le bonhomme.
- Oui, ça va.
Je n'aurais jamais cru que lui mentir serait si difficile. De toute façon, j'ai tellement du mal à dissimuler mes tourments, qu'il a déjà compris que quelque chose n'allait pas. Mon comportement n'est pas habituel.
- Tu mens.
Le calme s'installe entre nous, alors qu'il tente de démasquer les émotions que renferme ma quiétude. Un faux sourire gît douloureusement sur mon visage, pendant que toutes les excuses s'emmêlent à l'intérieur de ma tête. J'aimerais parler, mais aucuns mots n'arrivent à atteindre la barrière de mes lèvres. C'est un chaos insoutenable qui prend vit dans mon esprit.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Moi qui fait d'habitude preuve d'un sang-froid redoutable, d'un sérieux impénétrable, et d'une confiance en soi permanente. Je me retrouve pris au piège par ma culpabilité, avec l'impression qu'elle me mets complètement à nu. La carapace qui me rend si parfait a disparu, tâchée par mes erreurs de débutants.
Mon sourire s'efface sous mes nouveaux pleurs. Je m'agenouille et sans réfléchir, je prend Spider dans mes bras.
- Je suis tellement désolé mon frère.
Mon contact se fait plus fort autour de son corps, comme pour m'excuser encore et encore. Lorsqu'il s'efface, le lien s'étant brutalement rompu. Je trébuche sous sa disparition, mes mains le cherchant, alors qu'il n'est plus là. Je me recroqueville, honteux, nichant mon visage entre mes deux genoux accolés. L'eau coule à flots le long de mes joues jusqu'à ma mâchoire, s'effaçant à la naissance de mes clavicules. Mes tresses tombent tout autour de ma tête, et me cache du jugement extérieur.
Merde. Relève toi idiot. Ce n'est pas digne de toi. Imagine le regard de ton père en te voyant de la sorte. Quel déshonneur et quelle humiliation pour celui qui se dit « futur Olo'eyktan ».
Voilà ce que je deviens ?
Si je n'ai pas arrêté cette flèche c'est parce que mon attention était rivée sur elle. Si je me retrouve si affaibli, c'est parce qu'elle absorbe toute mon énergie. Parce que je ne veux pas la perdre et parce que je fais tout pour qu'elle ne me quitte pas.
Parce que j'y crois, j'y crois bêtement.
Voilà où ça me mène, jamais tout ça ne serait arrivé si je ne l'avais pas cherché. Au clan Metkayina j'aurais pu la laisser vivre sa vie, mais j'ai décidé de l'aider. Dès mon plus jeune âge, j'ai choisi de lui appartenir sans même m'en rendre compte. La réalité est que je suis devenu quelqu'un d'autre par sa présence. Je n'arrive plus à me reconnaître. Elle ne m'a pas changé en mal, loin de là, mais l'amour que je lui porte me rend davantage fragile.
Elle est ma faiblesse.
—— point de vu Meliana.
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Je te vois.
Fanfiction! EN PAUSE ! Explications dans les derniers chapitres. Alors que Meliana, une jeune scientifique humaine démunie n'a plus que quelques jours devant elle, la famille Sully débarque au clan Metkayina. Neteyam, le fils aîné qui essaye tant bien que m...