Je te vois.

chapitre 11

Le résultat est là, Meliana est tombée dans le coma.

Assis autour d'elle depuis maintenant des heures, on attend que le miracle se produise. Max dit qu'elle ne voulait pas mourir, et que son corps s'est défendue grâce à cette perte de connaissance volontaire. Pendant plus de dix minutes elle n'a pas eu d'oxygène provenant de son masque, alors elle s'est battue en silence comme elle le pouvait. Actuellement, elle respire c'est certain, mais ses yeux sont clos. J'ai du mal à croire qu'elle ne se réveillera pas, même avec des stimulations, qu'elle soit douloureuse ou non. Mais l'image d'elle entrain de dormir, me rassure. Je me dis qu'elle ne pense pas, qu'elle ne réfléchie pas et qu'elle se repose, simplement. C'est comme si elle était dans une paix intérieur illimitée. Juste quelques instants tranquilles qu'elle s'offre, avant de revenir meilleure parmi nous. Pourtant, ce n'est que mon imagination qui idéalise ça, en réalité sa vie ne tient qu'à un fil.

- J'ai une question Neteyam.

Mes yeux sont rivés sur Meliana et ils ne bougeront pas, mais d'une oreille attentive j'écoute Norm.

- Pourquoi l'avoir sauvé elle ? Et pourquoi toi ?

- Le clan en avait peur, il n'allait pas la sauver, et je n'avais pas le droit de la laisser mourir.

Je tends mon bras vers son corps immobile et prend tendrement sa main, puis mes doigts se mélangent au sien, dans un contact qui m'apaise.

- Et ses parents ? m'interroge Max.

- Elle n'en a pas, enfin plus. De ce que je sais, ils étaient scientifiques, et l'ont abandonné assez jeune.

Mon regard cherche le sien, et ses petites perles bleus azur me manquent, malheureusement, ses paupières sont abaissées sur ses yeux. Après quelques minutes, une idée me vient en tête.

- J'ai le droit de la déplacer ? je demande.

- Oui mais fait bien attention, prend un masque pour lui fournir de l'oxygène.

Max me tend un masque que je mets sur le visage de Meliana et me passe également une couverture pour son corps presque entièrement dénudé. Mes bras passent sous ses jambes et sa nuque, avant de l'emmener contre moi.

- Tu comptes faire quoi ? me demande Norm.

Max m'ouvre la porte et je m'échappe du container sans répondre à sa question. Dehors, il fait nuit et le peuple est couché depuis déjà bien longtemps. Je me déplace entre les tentes jusqu'à arriver au bord du rocher, pour appeler mon ikran. Au bout de quelques secondes, les battements de ses ails se font entendre dans le silence, il s'approche et je grime dessus sans attendre. J'installe confortablement Meliana devant moi, quand l'oiseau prend son envol.
Direction, l'arbre des âmes.

Pandora est un lieu toujours paisible, mais la nuit, le calme règne encore plus, au point d'être surréaliste. À part le bruit de la brise, tout semble endormi.

Après quelques minutes, j'aperçois l'arbre au loin, lumineux, comme une merveille en dessous des gisements d'Unobtanium. Alors, je demande à mon ikran de descendre entre les quelques arbres broussailleux. Il s'enfonce avant d'atterrir sur le sol, je saute et mes pieds touchent agréablement l'herbe. Ma main caresse mon ami que je laisse repartir, et mes yeux se posent sur Meliana, allongée dans mes bras, inerte. J'avance dans l'obscurité, jusqu'à cette orbe de lumière, proche de ce trou béant où repose toute la richesse d'Eywa. Je descends sur les roches, morne, et me dirige vers l'arbre sacré.

Je m'installe sur une racine et dépose délicatement Meliana à côté de moi, la couverture sur elle. Je me lève et finis par me mettre à genoux devant Eywa, fatigué, puisque je n'ai toujours pas dormi depuis le voyage, voulant être réveillé si elle même s'éveille. Droit, les épaules basses et le regard vide, pourtant rempli des reflets de lumière, mon visage se lève.