Chapitre 61

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- Tu as déjà pensé à ce qu'on pourrait être, dans dix ans ?

A la question de Stiles, Derek poussa un soupir paresseux. Serré contre son amour, dans leur lit, il profitait de cette plénitude qui leur faisait tant de bien à tous les deux. Quelques secondes avant, un joyeux silence régnait, un silence que l'on appréciait. L'hyperactif le brisa à nouveau :

- Parce que... On est liés. On est... Compagnons. C'est pour la vie, tu t'en rends bien compte ? Ça veut dire que même si t'en viens à plus me supporter, je serai quand même toujours là.

- J'sais, marmonna Derek avec une flemme non dissimulée.

Il adorait discuter avec Stiles et l'entendre parler tout court. Pour autant, il était réellement bien ainsi et le silence lui convenait. Il pourrait même s'endormir, là, son visage reposant sur le torse de l'hyperactif qui lui caressait les cheveux sans discontinuer.

Ce qui l'avait mis dans un tel état de plénitude ? Rien de particulier. Juste Stiles. S'ils étaient effectivement dans leur lit, à moitié à poil, ils n'avaient absolument rien fait de sexuel. Derek avait aimé Stiles à de multiples reprises, oui, mais il n'avait pas besoin de faire l'amour pour profiter de l'élu de son cœur. De simples étreintes et baisers passionnés, les jambes entrelacées, suffisaient. La raison de leur tenue légère ? On sentait mieux la chaleur de l'autre, sans la plupart des vêtements. C'était plus naturel, plus agréable, plus intime. Si les deux jeunes hommes avaient gardé leurs boxers, Stiles avait tout de même tenu à rester en t-shirt. Il progressait, oui, mais à son rythme, et il avait encore du mal à assumer ces cicatrices qui faisaient partie intégrante de lui. Déjà, il faisait un effort pour ne pas garder ses bras – tous aussi mutilés que son torse – sous la couette. L'envie ne manquait pas, mais il le faisait, pour Derek. Parce qu'il le lui avait expressément demandé.

- Tu sais, tu sais, c'est vite dit. Non parce que je me dis... On a des caractères différents et avant, on se foutait pas mal sur la gueule.

- C'était avant, marmonna encore le loup d'un ton légèrement différent.

Avant, oui. Quand Stiles mentait. Avant, lorsqu'il se donnait un genre simplement pour se protéger. Avant, quand il faisait tout pour le provoquer et qu'il laissait la responsabilité de son comportement général à son hyperactivité. Derek reconnaissait qu'il n'avait pas été des plus tendres avec lui et que Stiles... Avait été un sacré bon comédien. A cette époque, le loup n'imaginait à aucun moment le cauchemar qu'avait été sa vie, ni l'enfer que représentait chaque jour nouveau à ses yeux. Et puis, cet enfoiré de flic avait fait son retour à Beacon Hills et c'était seulement à ce moment-là que le fabuleux jeu de Stiles avait commencé à se craqueler. Il n'avait d'ailleurs pas mis longtemps à craquer, incapable de supporter une récidive de sa part, incapable d'accepter l'idée d'ajouter d'autres cauchemars à sa collection déjà bien fournie.

Derek choisit de s'orienter vers des réflexions plus gaies, histoire de ne pas entacher ce moment privilégié qu'il vivait avec son compagnon. D'ailleurs, le loup se redressa légèrement et vint déposer un baiser d'amour au coin des lèvres de l'hyperactif, le coupant ainsi dans ses idées aussi idiotes que révolues.

- Arrête de t'inquiéter. On est compagnons, on se supportera sans problème. Et au pire, je te grogne dessus, et toi, tu me bassines de paroles. Moi, c'est un programme qui me va très bien.

Stiles soupira, mais Derek vit dans son regard qu'il n'était pas réellement agacé. Il décelait même une lueur d'amusement dans ses orbes couleur miel.

- Des fois, je me demande qui est le plus gamin de nous deux.

Le loup ne répondit pas, ce n'était pas la peine. Il n'y avait pas d'immaturité dans sa vision des choses, au contraire. Il était parfaitement lucide et réaliste quant à leur relation. Son côté atypique n'enlevait rien à sa beauté et son côté unique. Leur histoire était peut-être particulière, c'était la leur et Derek ne la changerait pour rien au monde. Elle avait son lot d'évènements noirs, oui, mais ils devaient surmonter chacun d'entre eux. Derek avait l'impression qu'ensemble, tout était possible.

La vérité dans le mensonge.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant