Chapitre 67

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Stiles essayait de tenir le coup et le pire, c'est qu'il s'en voulait d'avoir tant de mal. C'était stupide : il vivait en sécurité avec Derek et Amelia au manoir Hale, certains membres de la meute se relayaient pour effectuer régulièrement des rondes autour de la bâtisse. Derek était facile à vivre. Amelia aussi.

Et pourtant plus les jours passaient, plus l'hyperactif se sentait plonger dans des abysses dont il pensait s'être suffisamment éloignées. Il arrivait à sourire de temps à autres, à rire parfois et il réussissait même à oublier quelques fois. Il y avait des moments où ça allait à peu près et d'autres... Où Stiles se demandait où tout ça allait le mener. Ça, c'était une manière polie de dire qu'il lui était déjà arrivé de se dire... Que la cuisine n'était pas loin, les couteaux non plus. Pour autant, il ne passait pas à l'acte. Parce qu'il avait déjà essayé une fois, à bout, et s'était raté. Et puis dans le fond, il n'avait pas vraiment envie de recommencer. Une part de lui voulait bel et bien vivre : l'autre pensait à Derek, à Amelia.

Derek, de son côté, avait déjà subi sa première tentative. Stiles se souvenait de ses larmes et des efforts qu'il avait déployés pour lui éviter quelque thérapie que ce soit. L'hyperactif n'était pas stupide, il savait qu'un jour, il lui faudrait accepter de se livrer, de voir quelqu'un. Pour l'instant, il n'en avait ni l'envie, ni le besoin réel, ni le courage. Son histoire lui faisait suffisamment mal comme cela et ne cessait de se rappeler à lui ces derniers temps. C'était fatiguant. Epuisant. Stiles avait du mal à tenir le rythme de ses cauchemars et pensées. A côté de cela, il essayait de faire bonne figure et s'occupait d'Amelia quand il se sentait d'attaque. Il y avait Derek, aussi, qu'il faisait tout pour ne pas délaisser. Stiles comparait souvent l'amour à une flamme : s'il ne l'entretenait pas, le feu finirait par s'éteindre. Compagnons ou pas, tout était possible. Pourquoi pensait-il à quelque chose comme cela alors qu'il allait mal ? Parce qu'il ne fonctionnait pas toujours correctement.

Alors il dormait, souvent. De plus en plus. Laissait son épuisement mental emporter son corps des heures durant.

Mais aujourd'hui, Stiles avait décidé de faire un effort. De rester éveillé, souvent. De s'occuper convenablement. D'essayer de s'ouvrir à la vie. Si la sortie qu'il avait faite récemment avec ses amis lui avait fait du bien, il savait que ce n'était pas assez. C'était un faible rayon de soleil passant au travers des nuages de son existence.

Stiles décida d'utiliser ses béquilles pour se déplacer dans le manoir. Sa première action de la journée ? Préparer le petit-déjeuner à son homme et à Amelia. Derek dormait encore et la petite... Sans doute aussi. Le loup-garou lui avait semblé épuisé, comme s'il avait eu à subir une autre nuit compliquée, ce qui était probablement le cas. Stiles n'avait aucun souvenir de ce qui avait pu se passer, alors... Soit il avait bien dormi, soit il avait eu une autre crise. Dans tous les cas, il décida de ne pas s'attarder sur ce détail.

Dans la poche de son pantalon de jogging, son téléphone vibra et Stiles attendit d'avoir finalisé le premier plateau, celui de Derek, avant de s'autoriser à regarder son cellulaire.

Mais lorsqu'il le fit, Stiles sentit soudainement son sang se glacer dans ses veines et un immense froid l'envahir. Sa jambe valide se mit à trembler, tant et si bien qu'il eut besoin de s'assoir. La chaise qui accueillit ses fesses ne fut pas des plus confortables, mais il allait faire avec. Ses mains menacèrent à plusieurs reprises de lâcher son téléphone tant leurs forces semblaient les avoir quittées.

Si Stiles était sous le choc, il restait assez lucide pour se demander s'il allait faire une crise de panique. Déjà que sa vie était compliquée, voilà qu'un nouveau souci lui tombait sur les bras. Un souci qui, en réalité, résultait d'un passif latent qui n'attendait qu'un coup du sort pour se révéler. Il s'agissait d'une chose à laquelle Stiles s'attendait et qui arrivait quand même à le surprendre.

La vérité dans le mensonge.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant