Chapitre 63

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- Comment c'était ? Chuchota Derek.

- C'était putain de génial, murmura Stiles, la tête sur son épaule.

En réponse, son compagnon eut un sourire des plus doux. La petite n'avait toujours pas quitté ses bras. Elle dormait paisiblement, peut-être plus que d'ordinaire et Stiles n'avait pas osé la réveiller pour l'expédier dans sa chambre. Elle était jeune, et très indépendante pour son âge mais il fallait avouer que Stiles avait l'impression de ne pas passer assez de temps avec elle et ce, pour plusieurs raisons. En soi, il n'y était pas pour grand-chose mais ne pouvait empêcher une pointe de culpabilité de le tirailler un tantinet. Il était jeune, encore au lycée – lycée qu'il désertait depuis un moment. Les évènements récents l'avaient tant préoccupé et accaparé qu'il n'avait trouvé que quelques moments pour penser à Amelia. Derek avait l'air d'avoir formidablement pris le relais – Stiles en était diablement fier.

L'hyperactif n'oubliait pas que son amie, la mère de cette enfant, était morte. Et même s'il était conscient de ce fait, il lui arrivait parfois de se dire qu'elle allait réapparaître, à la porte. Qu'elle viendrait récupérer sa fille un de ces jours. Qu'elle darderait ses yeux noisette remplis d'incertitudes sur lui. Par un simple regard, ils partageraient leurs peurs, la douleur de ce qu'ils avaient vécus, plus ou moins témoins des mauvais traitements de l'un et de l'autre. Mais elle avait rejoint le ciel, un monde bien meilleur pour elle qui, comme lui, avait perdu bien jeune son innocence. Peu de temps auparavant, elle était tombée enceinte et son petit-ami, pas le moins du monde prêt à assumer un enfant à un si jeune âge, l'avait laissée tomber. Meadow n'avait pas eu une vie facile et Stiles préférait se dire qu'au moins, elle n'avait plus à souffrir. Elle était mieux au ciel, au milieu du firmament, où la conscience se désintégrait en un millier d'étoiles. Il aimait se dire qu'elle existait au milieu des astres, dépourvue de ses souvenirs d'horreur.

Et un jour, il la rejoindrait. Quand ? Il n'en avait aucune idée. Avec un peu de chance, il s'en sortirait, survivrait à ce bourreau qui les avait tous deux détruits. Mais même s'il était humain, Emile était tenace et avait de la ressource. Il savait faire preuve d'une ténacité si puissante qu'elle en était malsaine. Tant qu'il serait en vie, il ferait tout pour accomplir la quête sordide qu'il s'était confiée.

Emile adorait les symboles, parfois de simples idées auxquelles il voulait donner sens. Le chiffre sept était son favori, tant et si bien qu'il faisait tout par sept.

Sept victimes, avec un nombre croissant d'agressions selon ses préférences.

Sept ans plus tard, il recommençait, jusqu'à ce que sa dernière proie subisse sa septième agression.

Et il recommençait, par cycles.

Stiles s'obligea à voguer vers des pensées plus positives. Il ne pourrait pas effacer son passé, ni oublier que le monstre qui logeait actuellement chez lui était libre. Libre de faire ce qu'il voulait. Libre d'agir à sa guise. Le malheur était là, réel et présent, mais s'il voulait avancer et ne pas retomber dans la spirale infernale de la douleur dans laquelle il s'était retrouvé avant que Derek ne le sauve, Stiles devait se concentrer sur autre chose. Sur Derek. Sur Amelia. Sur ses amis. Sa meute. Et sa vie, telle qu'elle pourrait être s'il s'en sortait. Il en avait déjà un petit aperçu qui lui plaisait beaucoup.

Autant dire qu'il ne comptait pas gâcher cette chance que lui accordait la vie après tant de désillusions.

Le parfum léger et naturel de Derek acheva de l'apaiser et l'hyperactif s'autorisa un petit sourire fatigué. La tête contre le torse de son loup, il passa un bras autour de la petite Amelia et se pelotonna contre les deux êtres pour lesquels son cœur battait d'amour. C'était fou comme la main de Derek, reposant lascivement sur sa hanche, semblait parfaitement à sa place.

La vérité dans le mensonge.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant