Chapitre 7

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Bordel, est-ce que je viens vraiment de faire ça ? Ce doit être l'alcool.
J'ai bu du Champagne, plus quatre verres de quatre vins différents. Je lève les yeux vers Louis qui est occupé à applaudir.
Merde, il va être sacrement en rogne alors que ça allait si bien entre nous. Ma conscience a finalement décidé de faire une apparition : elle arbore son visage du Cri d'Edvard Munch.
Louis se penche vers moi avec un grand sourire bien faux plaqué sur le visage. Il m'embrasse sur la joue, puis se rapproche pour me chuchoter à l'oreille d'une voix glaciale et contrôlée :

— Je ne sais si je dois tomber à tes pieds pour te révérer ou bien te fesser à bras raccourcis.

Oh, je sais ce que je veux, là, maintenant. Je lève les yeux vers lui, en clignant des paupières derrière mon masque. Je regrette de ne pouvoir lire son regard.

— Je choisis la seconde option, s'il te plaît, dis-je dans un murmure désespéré alors que les applaudissements meurent.

Il entrouvre les lèvres pour une nouvelle inspiration brutale. Oh, cette bouche, je la veux sur moi, maintenant. J'ai mal tellement j'ai envie de lui. Il m'adresse un sourire radieux et sincère à me couper le souffle.

— Tu souffres, n'est-ce pas ? Voyons voir ce qu'on peut faire pour y remédier, susurre-t-il en faisant courir un doigt le long de ma mâchoire.

Son contact résonne très profondément en moi, là où la douleur est née et a grossi. J'ai envie de lui sauter dessus, là, tout de suite, mais nous restons assis pour suivre les enchères du lot suivant.
J'ai du mal à tenir en place. Louis, un bras autour de mes épaules, caresse mon dos en rythme avec son pouce, déclenchant de délicieux frissons le long de ma colonne vertébrale. Sa main libre serre la mienne et la porte à ses lèvres avant de la reposer sur ses cuisses.
Lentement et discrètement, de manière que je ne me rende pas compte de son manège avant qu'il ne soit trop tard, il fait progresser ma main le long de sa cuisse jusqu'à son érection. Bouche bée, je jette des coups d'oeil paniques autour de la table mais tous ont le regard rivé sur la scène. Dieu soit loué, j'ai un masque.
Profitant complètement de la situation, je le caresse lentement en explorant son érection de mes doigts. Il garde sa main posée sur la mienne pour cacher mes doigts audacieux pendant que son pouce dérive lentement vers ma nuque. La bouche entrouverte, il halète doucement et c'est la seule réaction décelable à mon contact inexpérimenté. Mais cela signifie tellement. Il me désire. Tout ce qui se trouve en dessous de mon nombril se crispe. Cela devient insupportable.
Une semaine près du lac Adriana dans le Montana est le dernier lot mis aux enchères. Bien sûr, M. et Dr Tomlinson possèdent une maison dans le Montana et les enchères grimpent rapidement, mais je m'en rends à peine compte. Louis grossit sous mes doigts, je me sens si puissant.

— Adjugé pour cent dix mille dollars ! déclare victorieusement le maître de cérémonie.

Toute la salle explose en applaudissements et je m'y joins à contrecœur avec Louis. Ce qui gâche notre plaisir.
Il se tourne vers moi, les lèvres frémissantes.

— Tu es prêt ? articule-t-il silencieusement au milieu des acclamations frénétiques.

— Oui.

— Harry ! m'appelle Charlotte. C'est le moment !

Quoi ? Non. Pas encore !

— Le moment de quoi ?

— Des enchères pour la première danse. Allez, viens !

Elle se lève en me tendant la main. Je jette un coup d'œil à Louis qui, je crois, fusille Charlotte du regard. Je ne sais si je dois rire ou pleurer, mais c'est le rire qui l'emporte. Je succombe à une crise cathartique de gloussements de collégienne parce que nous sommes, une fois de plus, contrariés par le grand tourbillon rose qu'est Charlotte Tomlinson. Louis me regarde fixement et, au bout d'une seconde, finit par esquisser un sourire.

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