Chapitre 16

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Les yeux de Jack lancent des éclairs bleu sombre et il ricane, étudiant mon corps d'un regard libidineux.
Je m'étrangle de peur. Qu'est-ce qui se passe ? Que veut-il ? Du plus profond de moi, et malgré ma bouche sèche, je trouve la détermination et le courage de dire quelques mots. Le mantra de mon cours d'autodéfense, « laissez-les parler », ne cesse de tourner dans mon cerveau telle une sentinelle.

— Jack, ce n'est peut-être pas le bon moment. Votre taxi va arriver dans dix minutes et je dois vous donner tous vos documents.

Ma voix calme, mais trop rauque, me trahit.
Il sourit et c'est un sourire de despote qui signifie « va te faire foutre ». Ses yeux brillent sous la lueur dure et fluorescente du néon au-dessus de nous, dans la triste pièce aveugle. Il avance d'un pas, l'œil noir, en me fixant toujours. Ses pupilles se dilatent - le noir éclipse le bleu. Oh non. Ma peur monte d'un cran.

— Tu sais que j'ai dû me battre avec Elizabeth pour te donner ce job...

Sa voix s'estompe lorsqu'il avance encore d'un pas et je recule contre les placards muraux défraîchis. Fais- le parler, fais-le parler, fais-le parler.

— Jack, quel est exactement le problème ? Si vous voulez exposer vos griefs, alors peut-être devrions- nous demander que le service du personnel soit impliqué. Nous pourrions organiser ça avec Elizabeth dans un cadre plus officiel.

Où sont les types de la sécurité ? Est-ce qu'ils sont encore dans l'immeuble ?

— Nous n'avons pas besoin du service du personnel pour régler cette situation, Harry, ricane-t-il. Quand je t'ai embauché, je croyais que tu allais bosser dur. Je pensais que tu avais du potentiel. Mais, aujourd'hui, je ne sais pas trop. Tu es devenu distrait et laxiste. Et je me demandais... est-ce que c'est ton petit ami qui te détourne du droit chemin ?

Il prononce les mots « petit ami » sur un ton sec et glacial.

— J'ai vérifié ta messagerie pour voir si je pouvais trouver une explication. Et tu sais ce que j'ai trouvé, Harry ? Ce qui n'allait pas ? Les seuls messages personnels de ton compte étaient destinés à ton formidable petit ami.

Il marque une pause pour jauger ma réaction.

— Et je me suis alors demandé... où sont ses messages à lui ? Il n'y en a pas. Nada. Rien. Alors que se passe-t-il, Harry ? Pourquoi les messages qu'il, t'envoie ont disparu de notre système ? Es-tu une sorte d'espion, envoyé ici par la société de Tomlinson ? C'est ce qui se passe ?

Bordel de merde, les messages. Oh non. Qu'ai-je écrit ?

— Jack, de quoi parlez-vous ?

J'essaie de jouer le garçon déconcerté et je suis plutôt convaincant. Cette conversation ne prend pas le tour auquel je m'étais attendu. Je n'ai aucune confiance en Jack. Les quelques phéromones subliminales qu'il exsude me mettent en état d'alerte. Cet homme est en colère, explosif et complètement imprévisible. J'essaie de le raisonner :

— Vous venez de dire que vous avez dû convaincre Elizabeth de m'embaucher. Alors comment aurais-je pu être envoyé pour espionner ? Réfléchissez un peu, Jack.

— Mais Tomlinson a foutu en l'air le déplacement à New York, n'est-ce pas ?

Oh merde.

— Comment y est-il arrivé, Harry ? Qu'est-ce que ton riche petit ami a bien pu faire ?

Mon visage se vide du peu de sang qui lui restait et je crois que je vais m'évanouir.

— Je ne sais pas de quoi vous parlez, Jack, dis-je dans un murmure. Votre taxi ne va pas tarder. Voulez- vous que j'aille chercher vos affaires ?

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