Chapitre 8

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Sawyer parle de nouveau dans sa manche.

— Taylor, M. Tomlinson est entré dans l'appartement.

Il sursaute et saisit l'oreillette qu'il dégage de son conduit, recevant de toute évidence de puissantes invectives de la part de Taylor.
Oh non, si Taylor s'inquiète...

— Je vous en prie, laissez-moi entrer. Je supplie Sawyer.

— Désolé, monsieur Styles. Ce ne sera pas long, déclare Sawyer en levant les deux mains en signe de défense. Taylor et les deux autres gars viennent juste d'entrer dans l'appartement.

Oh. Je me sens si impuissant. Cloué sur place, je tends l'oreille à l'affût du moindre bruit, mais tout ce que je perçois, c'est mon souffle qui se dégrade. Je respire par saccades, mon cuir chevelu me picote, ma bouche est sèche et je me sens faible. Je prie en silence : Je vous en prie, faites que Louis aille bien.
Je n'ai aucune notion du temps qui passe et nous n'entendons toujours rien. De toute évidence, ne rien entendre est plutôt positif : il n'y a pas de coups de feu. Je tourne en rond autour de la table dans l'entrée en examinant les peintures sur les murs pour détourner mon attention.
Je n'y ai jamais vraiment fait attention : ce sont toutes des peintures figuratives, toutes religieuses - seize représentations de la Vierge à l'Enfant. Comme c'est bizarre.
Louis n'est pas très porté sur la religion pourtant. Toutes les peintures dans la pièce principale sont des toiles abstraites, celles-ci sont tellement différentes. Mais elles ne me distraient pas longtemps. Où est Louis ? Je regarde Sawyer toujours impassible.

— Que se passe-t-il ?

— Pas de nouvelles, monsieur Styles.

Soudain la poignée de la porte bouge. Sawyer fait volte-face et dégaine une arme de son holster d'épaule. Je me fige. Louis apparaît à la porte.

— La voie est libre, dit-il en fronçant les sourcils.

Sawyer rengaine aussitôt son arme et s'écarte pour me laisser entrer.

— Taylor en fait trop, grommelle Louis en me tendant la main.

Je le dévisage, interdit, incapable du moindre geste. Je le bois jusque dans les moindres détails : ses cheveux indomptables, la tension autour de ses yeux, sa mâchoire prononcée, les deux boutons défaits de sa chemise. Je crois que j'ai dû vieillir de dix ans. Louis plisse le front, l'air préoccupé, les yeux sombres.

— Tout va bien, bébé.

Il s'approche de moi et me prend dans ses bras en m'embrassant les cheveux.

— Viens, tu es fatigué. Au lit !

— J'étais tellement inquiet.

Je me délecte de son étreinte et j'aspire son odeur si douce, ma tête contre son torse.

— Je sais. Nous sommes tous nerveux.

Sawyer a disparu, probablement dans l'appartement.

— Franchement, vos ex sont vraiment problématiques, monsieur Tomlinson, dis-je avec ironie.

Louis se détend.

— En effet.

Il me relâche et, main dans la main, nous traversons le couloir jusqu'à la pièce principale.

— Taylor et son équipe sont en train de vérifier tous les placards. Je ne pense pas qu'elle soit ici.

— Pourquoi serait-elle ici ? Ça n'a pas de sens.

— Justement.

— Elle pourrait entrer dans l'appartement ?

— Je ne vois pas comment. Mais Taylor est très prudent parfois.

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