Chapitre 9

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Je ne peux contenir ma joie. Ma conscience en reste bouche bée, dans un silence stupéfait, et j'arbore un large sourire en plongeant mon regard avec convoitise dans les yeux torturés de Louis.
Sa douce confession me touche profondément : on dirait qu'il cherche l'absolution. Ses trois petits mots sont une manne tombée du ciel. Les larmes me montent une nouvelle fois aux yeux. Oui, tu m'aimes. Je sais que tu m'aimes.
Cette prise de conscience est une véritable délivrance, comme si on m'avait soulagé d'un poids énorme. Cet homme superbe et abîmé, à qui j'ai autrefois songé comme mon héros romantique - fort, renfermé, mystérieux -, possède tous ces traits de caractère, mais il est également fragile, solitaire et plein de haine envers lui-même. Je suis rempli de joie, mais aussi de douleur pour sa souffrance. Et, en cet instant, j'ai la conviction que mon cœur est assez grand pour nous deux. J'espère qu'il est assez grand pour nous deux.
Je lève les mains pour prendre son cher et beau visage et je l'embrasse tendrement, déversant tout l'amour que je ressens dans cet unique et doux contact. J'ai envie de le dévorer sous la cascade d'eau chaude. Louis m'enlace en grognant. Il me tient contre lui comme si j'étais l'air dont il a besoin pour respirer.

— Oh, Harry, chuchote-t-il d'une voix rauque. J'ai envie de toi, mais pas ici.

— Oui.

Ma réponse est comme un souffle ardent sur sa bouche.
Il coupe l'eau de la douche et me prend la main pour me faire sortir de la cabine avant de m'envelopper dans le peignoir. Il attrape une serviette qu'il noue autour de sa taille, puis une autre plus petite avec laquelle il s'applique à me sécher délicatement les cheveux. Une fois satisfait de sa tâche, il drape la serviette autour de ma tête et, lorsque je me regarde dans le grand miroir au-dessus du lavabo, j'ai l'impression de porter un voile. Il se tient derrière moi et nos yeux se croisent dans le reflet, son bleu ardent et mon vert vif. Cela me donne une idée.

— Je peux te faire la même chose ?

Il acquiesce malgré une légère inquiétude. J'attrape une autre serviette dans la pile moelleuse qui se trouve à côté du meuble sous la vasque et, sur la pointe des pieds, devant lui, entreprends de lui sécher les cheveux. Il se penche en avant pour me faciliter la tâche et, chaque fois que j'aperçois son visage sous la serviette, je vois qu'il sourit comme un petit garçon.

— Il y a longtemps que personne ne m'a fait ça. Très longtemps, murmure-t-il avant de froncer les sourcils. En réalité, je crois que personne ne m'a jamais séché les cheveux.

— Grâce l'a sûrement fait. Te sécher les cheveux quand tu étais petit.

Il secoue la tête, entravant ma tâche.

— Non. Elle a respecté mes limites dès le premier jour, même si c'était douloureux pour elle. J'étais un enfant très autonome, répond-il calmement.

Je ressens un bref pincement dans les côtes en pensant au petit enfant aux cheveux cuivrés s'occupant de lui-même parce que personne n'était là pour lui. Cette image est triste et écœurante. Mais je refuse que ma mélancolie prenne en otage cette intimité réjouissante.

— Eh bien, je suis honoré, dis-je gentiment pour le taquiner.

— Vous pouvez l'être, monsieur Styles.  Ou peut-être est-ce à moi d'être honoré.

— Cela va sans dire, monsieur Tomlinson.

Je finis de lui sécher les cheveux, j'attrape une autre petite serviette et je le contourne pour me poster dans son dos. Nos regards se croisent de nouveau dans le miroir et ses yeux vigilants et interrogateurs me somment de parler.

— Je peux essayer quelque chose ?

Au bout d'un moment, il hoche la tête. Avec précaution et très doucement, je passe le tissu moelleux sur son bras gauche, épongeant l'eau qui perle sur sa peau. Je lève les yeux pour observer son expression dans le miroir. Il cligne des paupières et ses yeux embrasent les miens.
Je me penche en avant pour embrasser son biceps et ses lèvres s'entrouvrent imperceptiblement. Je sèche son autre bras de la même manière, en dessinant un chemin de baisers autour du biceps. Un petit sourire danse sur ses lèvres. Avec soin, je frotte son dos en dessous de la vague ligne de rouge à lèvres encore visible. Je n'ai pas réussi à lui laver le dos.

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