1

80 10 5
                                    


Dans un monde où la terre ne tourne plus rond, je continue de faire abstraction de ce qui m'entoure et de vivre ou plutôt survivre, sans vraiment savoir pourquoi je reste dans ce trou qu'est la ville de Santa Monica.
Rien ne me pousse à rester et pourtant j'ai l'impression que je dois rester pour faire quelque chose, assouvir un désir, accomplir une quelconque tâche mais un boulot qui apporte des miettes, un logis plus que dégueulasse et une vie familiale aussi pourrie que les murs de mon humble demeure ne donne pas très envie de rester.

Fermant les portes de ce maudit restaurant qui mériterait d'être rasé, c'est avec désinvolture que, dans le silence de la nuit, mes pas sur le sol goudronné tarissent ce si beau tableau.
Le froid, glaçant mes mains, je les frotte l'une contre l'autre pour les réchauffer avant de les mettre dans mes poches et de soupirer d'épuisement.

Je vais bientôt avoir trente ans et je devrais pouvoir subvenir à mes besoins depuis longtemps mais comment faire quand je suis traité différemment des autres à cause de la quantité de mélanine siégeant dans mon corps?
Comment faire quand on a été abandonné, juste parce qu'on était pas " désirés"?
Entre un père absent et une mère toxico qui me disait sans cesse que c'était de ma faute si mon géniteur avait pris la poudre d'escampette, je crois que j'ai été assez détesté.

Je soupire une fois de plus.

Je veux être heureux moi aussi...

Mes jambes me guide vers ce tunnel que j'emprunte tout les jours pour rentrer chez moi depuis quelques mois maintenant. Dans la pénombre, mes yeux distingue des silhouettes au loin, qui n'ont pas l'air de ne faire que discuter. Au début, le deux silhouettes debout qui n'était autre que deux femmes avaient l'air bien innofancives devant cet homme à lacarrure imposante, qui était la troisième silhouette puis elles le clouèrent au sol, bien déterminer à lui faire sa fête. Un cri, une détonation et le sang s'étend sur le sol, y laissant ainsi une marre de couleur rouge vif où le pauvre homme perdait la vie.

Femmes, signe de douceur et d'amour, viennent d'ôter la vie sous mes yeux.

Je devrais partir d'ici, le plus vite possible mais mon corps est paralysé par la stupeur.
Je n'arrive plus à bouger. Ni à respirer, encore moins à bien réfléchir.

Lorsque dans la pénombre, leurs regards croisent le mien, je sens que c'est la fin. Mon sang ne fait qu'un tour et je m'empresse de quitter la scène de crime. Néanmoins, je me suis déjà fait repérer et il ne me reste que quelques minutes avant de subir le même sort que ce pauvre homme.
Mes pas se font plus rapides lorsque les leurs se rapprochent. Une œillade en arrière et je vois qu'elles ne sont plus qu'à quelques mètres de moi. Mon instinct de survie se réveille et me fait courir un peu partout dans la ville, sans me préoccupé de ma destination finale. Elles se mettent à me courser dans les rues de Santa Monica, tout cela en talons hauts.

C'est des robots!

Devant un cul-de-sac, je cherche un moyen de passer mais je me suis déjà fait prendre.
Elles ont une telle obscurité dans les regards et une telle force dans les bras que j'en viens à me demander si elles sont bien de la même planète que moi.

_Alors... tu pensais t'enfuir? Me susurre l'une d'elle.

Ma gorge est asséché par ce sentiment de peur qui me tourmente depuis que je suis arrivé devant ce foutu tunnel. Si je réponds que va-t-il en advenir de moi? Je recevrais sûrement une balle dans la tête comme l'autre? Où je me ferais frappé jusqu'à la mort? Je passerais pour un insolent, prétentieux qui fait semblant de ne pas avoir peur. Si je devais répondre à cette question, je ferais sûrement semblant de ne pas avoir peur mais je sais qu'elles ne feraient qu'une bouchée de moi.

En plus d'être fortes et cruelles, elles sont diablement belles. Aucun homme ne resterait de marbre devant leur beauté enivrante. Normal que je perde mes mots devant elle.

_Eve, la boss veut qu'on le ramène, lui dit son associée.

La boss? Donc le maître de toute cette cruauté est une femme? Dans quel monde vit-on? Comment des femmes peuvent être aussi mauvaises? Ça n'a pas de sens...
Je ne comprends pas...

_Avec ou sans égratignures? Demande la dénommée Eve, avec un sourire aussi terrifiant que sa beauté.

Pardon? Elle serait capable de me blesser? Elle vient bien d'assassiner quelqu'un, me blesser ne serait qu'un petit jeu.

Son associée roule des yeux avant de se retourner vers moi. Elle me regarde avec intensité comme si elle m'examinait. C'est gênant tout ça...

Une voiture noire arrive peu de temps après et on me balance à l'intérieur points liés, les yeux bandés. Où je vais? Je n'en sais rien.
Je vais peut-être me faire tuer? C'est possible.
Pourquoi? Je n'en ai pas la moindre idée.

Je n'ai jamais voulu de cette vie, maintenant qu'on y fait atteinte je veux la garder.
Qu'est-ce qui ne va pas chez moi?
Peut être que là où je vais, je pourrais vivre un peu mieux que maintenant? Mais qu'est-ce que je raconte, elles vont me tuer.
C'est complètement dingue. Ce genre de choses n'arrive que dans les films.

𝑊𝑜𝑚𝑎𝑛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant