8

11 3 4
                                    

Mes pas se font lourds dans le couloir qui mène jusqu'au salon, là où elle a l'habitude de s'asseoir et d'user de cette poudre qui lui fait oublier que je suis son sang. Cela fait longtemps que mon géniteur est parti et depuis, ma génitrice dépérit. Son départ l'avait tellement affectée qu'elle s'était réfugié dans l'alcool et la drogue pour lui faire oublier "la trahison" de mon très cher père. Depuis son départ, rester en présence de ma mère était comme être en présence du diable. Ses yeux avaient perdu leur éclat et ses mots qui, auparavant, étaient assez doux, s'étaient transformés en couteaux suisses, qu'elles me balançait à la figure au moindre faux pas que j'effectuais.

Il était normalement l'heure de me coucher mais mon ventre criant famine ne me permet pas de dormir aisément. J'avais passé presque quatre jours dehors, en marchant sans vraiment savoir où mes pas me menait, jusqu'à ce que je trouve un restaurant et décide de fouiller leur poubelles, n'ayant pas les moyens de m'acheter un repas digne de ce nom. Un jeune serveur m'avait attrapé et au final, il m'avait donné quelquechose digne de mon statut d'être humain. Je ne me rappelle plus la dernière fois que j'avais mangé autre chose que les restes que ma mère avait l'habitude de me donner quand elle était "de bonne humeur". Mais ce repas n'avait était qu'un micro instant de bonheur, couvert par tous les malheurs qui me tombaient dessus.

Je descend finalement les escaliers qui me séparent du calvaire. Je la vois avachie dans le canapé, une bouteille à la main et la télévision toujours allumée. Je passe devant elle en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas me faire prendre.
Je regarde dans le four et vois un reste de pizza qui a l'air encore bon alors je le prends et au moment mes dents croquent dans la patte cuite, couverte de sauce tomate et autres condiments, un bruit de verre se fraye un chemin jusqu'à mes oreilles. Je reste sans bouger pendant un instant et continue de manger à toute vitesse avant qu'elle n'arrive.

_Petit insolent! C'est à ça que tu passe tes journées?

Je me retourne en quatrième vitesse vers sa voix et je me prends directement un coup de poing au visage le faisant dévier sur la droite. La colère monte en moi à une telle vitesse que je perd le contrôle et lui assène une gifle qui la fait s'écrouler à terre, due à l'affaiblissement de son corps à cause de toutes les merdes qu'elle ingurgite à longueur de journée. Je reste bloqué devant elle sans pouvoir faire un pas à cause de la peur. Oui j'ai peur, je suis terrifié. Mais pas par ma mère, je suis terrifié par moi, par ce que je suis capable de faire. Je suis un monstre, comme mon père. Ma mère a raison, j'aurais dû ne jamais exister.

Je m'écroule au sol, en regardant mes mains.

Je suis un monstre.

_Tu ne seras jamais heureux! Je l'entend dire en se levant.

_Tu pourrira dans le malheur! Elle ajoute avec un rire jaune.

_Arrête!

_Je te déteste Gabriel. Ce sont ses derniers mots avant qu'elle ne se jette sur moi et commence à me ruer de coups.

𝑊𝑜𝑚𝑎𝑛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant