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_Pour faire court, je suis de la DEA et j'ai besoin de toi, ajoute-t-elle.

Besoin de moi? En quoi un agent de la DEA aurait besoin de moi, le pauvre petit garçon traumatisé par plus qu'il ne pouvait supporter?
Je ne suis pas un soldat d'élite, je ne suis pas l'élu d'une quelconque prophétie mais tous ces gens me portent un intérêt incompréhensible. Il y a eu Jakob et Kaï pour commencer et à présent, il s'agit de la DEA. Je n'ai rien à donner, rien à prouver à qui que ce soit, tout ce que je veux c'est vivre de manière simple et calme. Je n'ai pas envie de me sacrifier pour une cause probablement perdue d'avance ou me mettre à dos les mauvaises personnes mais d'une part, je me dis que cette agence de renseignement pourrai m'aider à obtenir ce que je veux. Ils pourraient me trouver une identité, un boulot et je serai en mesure de commencer une nouvelle vie... Qui ne tente rien n'a rien n'est-ce pas?

_Pourquoi un agent de la DEA aurait besoin de moi? Je lui demande.

_Écoute, tu ferais mieux d'accepter si tu ne veux pas finir en prison.

Finir en prison?

_Comment ça?

Un sourire naît sur ses lèvres fines puis elle me regarde comme si j'étais le pire être que la terre ait jamais porté. Son regard est froid, dur, brutal et plein de reproches. Des reproches dont je ne connais pas les causes.

_Onze janvier deux mil treize, Nancy Esteinberg, âgée de quinze ans, fille de Martial Esteinberg , disparue après son cours de piano, elle dit en s'avançant.

Cette fille...non, c'est impossible, elle ne peut pas savoir.

_Douze décembre de la même année, Anastasia Akem, âgée de dix-neuf ans, disparue après une soirée étudiante.

Elle veut me coincer et pour ne pas me faire attraper, je n'ai qu'à feindre l'ignorance, ça marchera peut-être...

_De quoi vous parlez?

_Cinq mai deux mil quinze, Émilie Valentino, dix-sept ans, retrouvée mo-

_Assez! Je crie.

Les images macabres de cette nuit horrifiante défilent sous mes yeux. Son corps froid gisant au sol, ses yeux ouverts dépourvus de vie et tout ce sang, une mare de sang. Il y avait beaucoup trop de sang. Ils riaient tous à gorge déployée alors qu'elle ne riait pas et à cause de moi elle ne rira plus jamais.

_Taisez-vous, par pitié arrêtez de parler.

Mon visage reste fixé sur le sol blanc qui me nargue avec son aspect pur. J'ai fait des erreurs et j'en suis conscient, j'ai voulu changer mais tout le mal que j'ai fait me revient en pleine face.
Ils m'ont coincés, tous et je ne sais pas comment me libérer. Je devrais accepter de travailler avec la DEA mais mentir, faire semblant ou trahir ne fait pas partie de moi, je suis incapable de faire cela. Je ne peux pas...

_Je suis désolé, je ne peux pas vous aider.

_Tu préfères la prison dans ce cas? Elle me demande.

Ma réponse ne vient pas. À quoi bon répondre? Je préfère aller en prison, afin de payer pour mes crimes, pour tous les meurtres que lui a commis sans que je ne m'y oppose au lieu de fuir encore et encore sans jamais trouver le repos. Je préfère souffrir plutôt que de voir les autres pousser des cris stridents alors que moi je ne subis rien. Ce n'est pas juste.

_Gabriel, si ce n'était pas pour une question de sécurité nationale je t'aurais déjà coffrer mais si je te le demande c'est pour sauver des vies, elle commence, les Perez tuent plus que la peste depuis plus de cinquante ans et on ne trouve jamais de preuves tangibles pour les arrêter mais pour une fois, on a la chance de les attraper.

_Ne le fais pas pour toi mais fais le pour toutes ces vies qui méritent que justice soit rendue, elle rajoute à la fin de son discours.

Ce genre de discours est souvent retrouvé à la fin d'un merveilleux film où le héro qui avait perdu espoir, retrouve toute espérance après qu'un inconnu sorti d'on ne sait où, lui déblatère des mots d'encouragement. C'est ce genre de phrase émouvante que l'on dit à une personne voulant abandonner ses responsabilités, ce sont  de tels mots que l'on aligne de façon enjolivée pour réveiller quelqu'un qui vit dans un cauchemar. Si la situation était différente, son discours aurait été l'élément déclencheur de ma prise de courage mais nous ne sommes pas dans une histoire écrite, le futur nous est inconnu et le passé est un souvenir.
Elle parle de justice mais où était la justice lorsque je souffrait? Où étaient-ils tous quand je ne vivait plus? Ils étaient où? Pourquoi ils ne sont jamais venus me chercher? Pourquoi cet être que l'on dit tout puissant ne m'a pas écouté lorsque je hurlais à la mort? Pourquoi la mort m'a fuit comme la peste lorsque je l'implorais de me prendre? Tout ce que je voulais était le bonheur et lorsque je pensais le trouver, il m'a filé entre les doigts.
Il n'y a pas eu de justice pour moi, il n'y a jamais eu de paix pour le petit garçon que j'étais, il n'y a jamais eu d'amour pour l'infortuné que je suis alors pourquoi devrais-je rendre justice à des gens qui ne m'auraient même pas adressé un regard?

_Vous parlez de justice? Quelle justice? Je demande à Océane mais elle ne me répond pas.

_Vous êtes une sorte d'agent secret n'est-ce pas?

_Gabriel.

_vous devez forcément savoir combien j'ai souffert, combien je me suis battu pour faire ce que je jugeais juste, je m'avance vers elle, vous devez savoir que j'ai été forcé de kidnappé ces jeunes filles, Vous savez aussi que je suis obligé de travailler pour cette bonne femme, je vais vers la fenêtre et prend une grande inspiration, qu'une personne de plus meurt ou qu'elle soit morte il y a des années, je m'en fiche.

_Je veux juste qu'on me foute la paix! Je crie en appuyant sur chaque mot.

_Arrêtez moi si vous le souhaitez, je lui présente mes poignets, au moins comme ça il y en aura quelques uns pour qui justice sera faite.

Elle darde sur moi un regard désespéré avant de souffler.

_Si tu change d'avis viens me trouver, elle dit puis s'en va.

𝑊𝑜𝑚𝑎𝑛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant