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Gabriel



































La porte fermée, je respire une grosse bouffée d'air frais. Je reste un moment adossé à la porte, troublé par ce qui vient de se passer.
Comment le simple fait de mentionner son nom a-t-il pu susciter autant de rage dans ses yeux? Le déteste-t-elle au point de se tuer? Est-ce donc pour cette raison qu'elle est tant en colère contre le monde? Est-ce pourquoi elle tue des gens?
A-t-elle vraiment une raison de tuer ou le fait elle pour le plaisir de voir s'éteindre dans les yeux de sa proie la vie?
Peut-être le fait elle pour ces deux raisons...

Chaque fois qu'elle montre un signe d'humanité, je me dérange l'esprit à penser à elle, à son enfance. Mon esprit est torturé par des pensées intrusives telles que: Aime-t-elle tuer ou est-elle enchaînée par de lourdes obligations qui lui font perdre la raison? A-t-elle déjà fait autre chose que torturer? Est-elle heureuse? Ces questions, j'aimerais les lui poser, pour un fondement qui échappe à ma logique, elle m'intrigue. Non, elle me dérange! Ses changements d'humeurs sont énervants, ses menaces pour tout et rien me fatiguent et son regard aussi froid que la glace m'opresse au plus haut point. C'est à croire que toutes ses actions sont calculées afin de déclencher une réaction négative de ma part.

Dans ce grand couloir où les murs se ressemblent, je ne sais ni où aller ni où regarder pour trouver mon chemin et regagner ma chambre de malade. Je devrais probablement demander à quelqu'un mais qui? Il n'y a personne dans ce couloir et aucun bruit de pas ne résonne entre ces murs. Je suis perdu, angoissé, dans une maison de mafieux.
Je dois avoir la poisse vu tout ce qui me tombe dessus depuis que je me suis décidé à prendre un autre tournant dans ma vie. J'aurai dû m'enfuir dès que je les ai aperçus dans ce tunnel ce jour maudit.

_T'es perdu? Dit une voix grave dans mon dos.

La réaction de mon corps est plus rapide que mon cerveau, car lorsque celui-ci sursaute, j'ai un petit moment dans les nuages avant de reconnaître Kaï accompagné de la femme qui m'a sortit de ma prison d'acier pour me faire rencontrer la"patronne".

_En effet, je réponds avec un sourire embarrassé.

_Viens vite avant que la boss t'attrape, t'es pile devant son bureau et elle déteste que quelqu'un s'en approche sans autorisation.

Je suis les pas de Kaï et de sa compagnie tout en restant en retrait. Cette femme... pourquoi me regarde-t-elle toujours de manière aussi étrange? Le jour où elles m'ont kidnappé, elle m'a fixé comme si je venais d'une autre planète et le jour où j'ai rencontré la patronne, c'était pareille. M'a-t-elle déjà vu?
C'est impossible, je dois juste me faire des idées.

Plus nous marchons, plus je me sens perdu. Je ne reconnais aucun mur, aucune tapisserie, aucune décoration. C'est à croire que je marche dans un autre manoir. Ici, il y a plus d'éclairage que dans les endroits que j'ai pu visiter, il y a plus d'air et il manque cet aura morbide qui plane au dessus de nos têtes.

Kaï s'arrête devant une porte et frappe. La personne qui nous ouvre n'est autre que Jakob, ce merveilleux Jakob.

_Oh le bon à rien est dans la place, il dit avec son sourire de merdeux.

_Tu parle de toi à la troisième personne maintenant? Je lui demande.

_Ferme la enfoiré.

_On se calme les garçons, nous dit Kaï en se mettant au milieu de nous.

_Je vais devoir m'entraîner avec Jakob alors Océane va t'accompagner, c'est bon pour toi? Me demande Kaï.

_Pas de problème.

_Pour toi aussi? Il demande à la dénommée Océane.

Celle-ci fait un oui de la tête et Kaï nous abandonne pour rester avec Jakob.

Sans dire un mot, elle passe devant moi et marche sans m'attendre. Comprenant que je dois la suivre, je m'avance et demeure derrière elle, comme un chien suivrait son maître.
Notre trajet est aussi silencieux que l'esprit d'un mort, il n'y aucun bruit à part celui de nos pas qui résonnent sur le sol dans une mélodie ordonnée et tendue. C'est surprenant comment tout ceux que je croise sont froids, distants, brutales et dérangés. Ils sont soit brutes dans leurs paroles, soit ils tuent avec un regard. La personne qui m'accompagne doit faire partie de la deuxième catégorie puisque depuis que j'ai été kidnappé, elle ne m'a jamais adressé un mot. Ses mots ne sont que pour ceux qui lui sont proches et pour les autres tels que moi, il n'y a que ce regard étrange, plein de mystères.

Au bout du chemin, je reconnais enfin le couloir où se trouve ma chambre et je suis plutôt heureux de la retrouver. Pas qu'elle me manquait, loin de là, mais j'aimerais bien quitter mon guide mystérieux pour me concentrer sur la recherche de mon géniteur. Le temps qui m'avait été donné semblait trop large pour être véridique, alors le mieux serait de commencer dès que possible afin d'éviter de finir six pieds sous terre.

Avant même que Je ne la remercie pour m'avoir accompagné, elle ouvre la porte de ma chambre et y entre sans mon autorisation. Je reste patelin dans le couloir ne sachant que faire. Pourquoi diable ai-je la forte envie de la suivre au lieu de prendre mes jambes à mon cou? La curiosité est véritablement un vilain défaut.
Malgré la voix dans ma tête qui me dit de m'en aller et de ne plus revenir, j'entre dans ma chambre et je découvre cette mystérieuse femme assise sur mon lit de malade, une cigarette allumée à la main.

_je savais que t'étais curieux mais pas jusqu'au point de te jeter dans la gueule du loup, elle me dit en prenant une bouffée de cette arme qui la détruit à petit feu.

Depuis quand elle me parle de cette manière? A-t-elle retrouvé sa langue? Je ne devrais peut-être pas lui poser ces questions, sinon le loup pourrait sortir les crocs et me manger.
Mais l'odeur de sa cigarette me dérange, j'ai l'impression de revoir ma mère se détruire avec ce petit bout de papier contenant la poudre blanche qui détruisait son corps ainsi que son âme.

_Ça vous dérangerait de me parler sans votre cigarette? J'ose lui demander.

Elle darde sur moi son regard étrange avant d'etirer ses lèvres en sourire, un sourire provoquant.
Contre toute attente, elle va vers la fenêtre et balance sa cigarette au travers.

_Bon! Tu veux pas prendre l'air? Elle me demande.

Prendre l'air? Sortir alors que je suis un prisonnier? Gambader comme un cerf libre dans la ville alors que j'ai un couteau sous la gorge? Pourquoi sont-ils tous aussi cinglés ici?
S'il y avait un moyen de m'enfuir et ne plus jamais remettre les pieds ici, je serai déjà loin. Alors pourquoi me demande-t-elle une chose pareille? Elle est peut-être envoyée pour me tuer... après ce qui s'est passé, ça ne m'étonnerait pas que ce petit ange me tue et m'abandonne au milieu de nul part.
Si elle est ici, si elle me parle, elle doit forcément avoir quelque chose de lourd à me révéler. Peut-être que ce sont des informations sur l'endroit où se trouve mon géniteur.

Je prend une grande inspiration-on dirait que je ne fais que ça d'ailleurs-et lui demande avec toute la politesse du monde ce qu'elle me veut.

_Tu es plus intelligent que ce que je pensais, elle me dit.

_Pour faire court, je suis un agent de la DEA et j'ai besoin de toi.




𝑊𝑜𝑚𝑎𝑛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant