2

33 5 1
                                    

Le noir.
La couleur de la mort. Du désespoir. Le noir, la couleur de mes prunelles. Le noir de jais, la couleur de mes de cheveux crépus.

Trois jours ou peut-être plus, je ne sais plus, que je suis coincé entre quatre murs inconnus, dans l'obscurité, entouré d'une aura de mort. Cet endroit si lugubre, si froid, fait naître en moi un sentiment qui aurait dû mourir depuis des lustres mais qui réapparaît à chaque instant depuis que je suis ici. Ce sentiment qui fait apparaître des silhouettes mystique lorsque l'obscurité devient plus forte. Ce sentiment fait battre mon cœur si vite que je feins la crise cardiaque de nombreuses fois. Ce sentiment oppressant, qui ne veut pas me quitter me terrasse encore aujourd'hui. Il affaibli tout mon être, mon cœur et ma tête. Je dois sortir d'ici au risque de devenir fou! Ou peut-être le suis-je déjà?

Suis-je condamné à vivre dans le malheur? N'ai-je pas droit au bonheur? Qu'ai-je fait pour mériter un tel châtiment? Mes questions restent sans réponses. À quoi bon chercher des réponses à mes questions, si je dois continuer de vivre dans le désespoir? Encore une question sans réponse. Peut-être que je n'arrive pas à trouver des réponses à mes questions à cause du vide dans mon estomac? Ce vide qui m'étourdie plus qu'un uppercut, avec une lenteur et un silence fourbes. Il m'attaque à un moment inattendu et tel un prédateur, il ne fait qu'une bouchée de moi. Mon corps vacille, mes yeux s'ouvrent à peine, ma gorge est telle le désert du Sahara et ma tête n'est plus en mesure d'effectuer une quelconque réflexion; mais pour une raison que j'ignore, je m'efforce de tenir. Pour qui? Je ne sais pas. Pourquoi? Parce que je veux connaître le bonheur avant de quitter cette terre. Si je dois partir un jour, autant sourire au moins une fois avant de m'en aller.

Un clic et la lumière me fait de nouveau face. D'abord aveuglante, je ferme mes yeux puis je les réouvre pour faire face à l'une de ces criminelles sans émotions. Que c'est beau de retrouver la lumière du jour. Que c'est beau de voir à nouveau les rayons du soleil. La boule au ventre qui s'était installée en moi disparaît petit à petit. Ce sentiment d’oppression que j'ai ressenti ces derniers jours s'estompe comme des gouttes d'eau épongées. Les silhouettes mystiques disparaissent elles aussi et je retrouve l'air frais. Elle me jauge comme si j'étais une bombe à retardement puis dit:

_La boss veut te voir.

Pourquoi la maîtresse de toute cette mascarade voudrait-elle me voir? D'abord elle ne me tue pas et maintenant, elle veut me voir. C'est illogique. Lorsqu'on vit dans un monde pareil, tout être n'est qu'une cible qu'il faut abattre au moindre petit mouvement suspicieux. Alors pourquoi veut-elle de moi alors que tout le monde m'a rejeté? N'a-t-elle donc aucune logique cette bonne femme?

Le chemin entre l'enfer où je me trouvais et la résidence de la "boss" me paraît interminable. L'herbe verte, les fleurs du jardin et le beau manoir qui se dressent devant moi, me font penser à un conte de fée alors que nous vivons dans un cauchemar.
Je dois trouver un moyen d'écourter mon séjour ici mais comment y parvenir sans me faire tuer?
Toutes les entrées sont sécurisées et la fille près de moi ne se gênera pas pour me tuer d'une balle dans le crâne. Ce serait trop imprudent de m'enfuir sur le coup, je dois trouver une autre solution.

Les portes du manoir s'ouvrent dans un grand bruit sourd et un magnifique hall se dessine sous mes yeux. Plusieurs femmes habillées en tenue de servantes font des va-et-vient ici et là comme dans une petite fourmilière. Certaines nettoient, d'autres portent plusieurs objets comme des assiettes, des vêtements et j'en passe.

Nous prenons les énormes marches qui nous font face jusqu'à arriver dans un bureau, peint dans des tons de gris avec des meubles vintage et des tableaux de vieux personnages.
La chaise de bureau est occupée par une femme, je suppose, dos à nous. En un revers de main, elle fait partir son pion et nous restons donc tous les deux. Sa chaise se retourne vers moi et je découvre un visage angélique, avec de grands yeux bleus derrière la noirceur de ses cheveux.

Ses yeux passent de mon visage à mon corps et refont l'allée retour jusqu'à s'arrêter sur mes globes oculaires.
Des frissons me parcourent l'échine lorsqu'elle se lève et que je vois sur son index une sorte de bague allant jusqu'au bout de sont doigt avec une terminaison pointue. Elle avance jusqu'à moi dans une démarche aussi sensuelle que terrifiante. Son regard, plein de méchanceté ne quitte pas le mien, rempli de peur.

Son index tranchant passe de ma joue, jusqu'à mon thorax où elle s'arrête juste là où tambourine mon cœur.

_Allons dehors. Elle dit avant de me devancer vers le jardin.

Allons dehors? Pourquoi ai-je l'impression que cette phrase inaugure le début d'une autre souffrance? Elle n'était pas censé me tuer tout simplement? Pourquoi complique-t-elle la situation plus qu'elle ne l'est déjà?

_Tu as deux possibilités. Me dit-elle.

_Soit je te tue ici et maintenant, soit je te laisse partir.

Je doute fort qu'elle puisse me laisser partir.
Mais une partie de moi espère secrètement qu'elle soit sincère. Les criminels n'ont qu'une parole n'est-ce pas ? Mon sang bout littéralement à l'intérieur de moi. Que faire dans ce genre de situation? Si je pars maintenant, elle me tue. Et si je ne pars pas, elle me tue aussi. Je sois trouvée comment partir sans y laisser ma vie. Il faut que j'utilise ma tête. Réfléchis, réfléchis...

_Bon très bien.

Je n'ai pas le temps de comprendre la situation qu'une douleur me submerge dans tous le corps mais martyrisant plus ma jambe gauche. La sueur perle sur mon front. J'ai chaud et froid en même temps. Elle vient de me tirer dessus mais pas de me tuer. Pourquoi ne m'a-t-elle pas abattu sur le champ? Elle aurait pu pourtant.

_Pourquoi? Je demande avec le peu de force qu'il me reste.

_Tu es un joli jouet. Elle me dit avant que je ne cligne plusieurs fois mes paupières et que le noir ne m'envahisse.

𝑊𝑜𝑚𝑎𝑛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant