CHAPITRE VIII

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Octobre 1691, Académie de Magie Beauxbâtons...

Un marmonnement s'élevait de derrière une statue. Caché par un chevalier de pierre, Hector s'appliquait un charme de mystification à son œil droit. Dissimuler sa véritable apparence était un rituel qu'il répétait en secret tous les matins sur ordre de Nicolas Flamel. L'alchimiste lui avait expliqué que ce procédé était fait pour éviter les moqueries et les remarques de la part de ses condisciples. Mais Hector soupçonnait une autre raison, tout à fait différente, bien qu'il fut incapable de se l'expliquer.

Lorsqu'il eut fini, il sortit de sa cachette et se dirigea vers le réfectoire pour y prendre son petit déjeuner. Avalant rapidement du pain et une tasse de chocolat chaud, il repartit chercher ses affaires dans sa chambre. Quand il passa la porte de la salle commune des deuxièmes années, le sorcier sentit un regard se poser sur lui. Assise dans un fauteuil près de la cheminée, une jeune fille le regardait. Habillée avec l'uniforme bleuté de l'Académie, une baguette accrochée à la ceinture, ses longs cheveux noir de jais encadraient son visage et tombaient sur ses épaules. Ses yeux, de la même couleur, ressemblaient à des puits sans fond. Soudain, une voix résonna dans le couloir :

- Jade ? Jade, tu viens ? Il faut qu'on aille manger !

La jeune fille se leva de son siège et sortit avec un sourire aux lèvres. Hector la suivit des yeux puis il se précipita dans sa chambre, s'empara de ses affaires et se rendit d'un pas rapide devant le laboratoire d'alchimie. La salle où se tenait ce cours était circulaire, ses murs de pierre étaient taillés de symboles relatifs à la science des potions et quelques portraits recouvraient ça et là des trous causés par les expériences ratées. Les paillasses étaient disposées comme les rayons d'une roue. L'axe central de cette roue était un gigantesque chaudron en argent posé sur un foyer enterré. Les paillasses se découpaient en trois portions de travail : La plus éloigné du centre était destinée au stockage des ustensiles. Balances, pilons et mortiers, pinces, couteaux et autres fioles y avaient chacun leur place. Le milieu était constitué d'un pupitre pour y poser son manuel ainsi que d'un plan de travail pour découper, broyer, écraser, moudre mélanger et peser les différents ingrédients. À l'autre extrémité, près du centre, se trouvaient les chaudrons et les bases de foyers.

Traversant le dédale de paillasses et de chaudrons, Hector se trouva une place dans un recoin de la pièce, dissimulé en partie dans l'ombre. Il sortit de son sac son grimoire et l'ouvrit sur le pupitre. La leçon, qu'ils avaient entamée l'avant-veille, traitait d'une potion de soin appelée Wiggenweld. Hector tourna donc les pages à la recherche de la recette. Tout à ses préparatifs, le jeune homme n'entendit pas l'enseignant s'approcher de lui. Le professeur, un sorcier d'une cinquantaine d'années, le visage marqué par une tâche de vin en forme de moustache juste sous son nez, semblait à la fois sévère et amical. S'abaissant à la hauteur du jeune homme, il le regarda :

- Vous êtes drôlement en avance mon jeune ami. Vous n'avez pas attendu vos camarades au sortir du petit déjeuner ?

Hector planta ses yeux dans ceux de l'enseignant et haussa les épaules. Le professeur Caldaron haussa un sourcil et regarda Hector plus intensément. Il connaissait ce visage, il l'avait déjà vu auparavant. Mais chez qui ? Incapable de trouver la réponse, il retourna vers le chaudron central et sortit des fioles de sa besace de cuir qu'il disposa sur un plateau flottant dans l'air juste à côté. Se dirigeant ensuite vers la réserve, il disposa sur chaque paillasse des bocaux remplis des ingrédients nécessaires. Lorsqu'il eut terminé, il se posta à la porte de la salle et accueillit les élèves qui arrivaient au compte-goutte. L'horloge murale, face à l'entrée, sonna le début des cours et la porte fut alors refermée, d'un coup de baguette. Sous l'effet d'une formule lancé par Caldaron, les craies inscrivirent au tableau les éléments essentiels.

Hector Salazar : Mémoires D'un Auror Noir (Tome premier 1678-1715)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant