CHAPITRE XX

21 1 5
                                    

Juillet 1700, Palais Royal, Magistère...

- Debout avorton ! Allez, relève toi ! J'aurais déjà eu le temps de t'abattre trois fois en attendant que tu ne te remettes sur tes pattes ! Je n'ose imaginer le jour où il t'en manquera une !

Péniblement, Hector se redressa sans répondre aux provocations du vieux maître d'armes.

- Flipendo ! Traçant dans l'air un v majuscule avec sa baguette, Gladius de Monblason renvoya son élève par terre. Tu n'apprends donc rien !? Voilà des semaines que je m'échine à t'enseigner à te battre et tu n'es même capable de te relever ?!

- Vous ne m'avez même pas accordé de pause depuis midi... articula difficilement Hector.

- Mais crois-tu, jeune imbécile, que tes ennemis t'en laisserons du temps ?! Jamais ils ne te laisseront en paix ! Ils te mettront à terre jusqu'à ce que tu ne t'en relève plus ! Et pour te mettre à terre, ils ne te lanceront pas de petits maléfices, oh ça non ! C'est des sortilèges de mort qui viendront te faucher  !

Tout en continuant de le provoquer, le maître d'arme faisait pleuvoir ses sortilèges sur son élève, sans se soucier des blessures sanguinolentes qu'il lui infligeait.

- Allez en garde ! Ma grand-mère se remettait plus vite que ça !

Alors qu'Hector jurait intérieurement, il se releva et contre-attaqua. L'un de ses sortilège, rendu plus puissant par la colère, fût paré avec nonchalance et désinvolture par Gladius de Monblason et l'éclair termina sa course en ricochant sur une colonne puis s'écrasa au mur, y creusant un profond sillon.

Depuis qu'il était arrivée au sein de la brigade des Aurors, Hector n'avait pour ainsi dire pas eu droit de faire grand chose d'autre que se prendre corrections sur corrections de la part du Maître d'armes. En effet, le Commandant Vectan n'ayant pas du tout digéré son entrée fracassante et l'avait instantanément pris en grippe. Ses deux lieutenants, Geoffroy Lestrange et Louis-Gautier Lenoir avaient réclamé une punition pour avoir été attaqués. Mais visiblement, l'intervention des frères Bradefer lui avait évité des représailles trop dur. Au lieu du cachot auquel les deux lieutenants avant promis à Hector une place, il s'était retrouvé consigné en salle d'armes avec Gladius de Monblason quand il ne devait pas faire le ménage, consigner des rapports, porter des dossiers aux Archives, et pleins d'autres tâches pénibles et peu intéressantes. La seule chose qui permettait à Hector de tenir sans renoncer était un espoir : celui d'accéder sans réserves aux Archives familiale pour retrouver la trace de son père. Se relevant pour mériter son accès en ces lieux, il se remit en garde face au vieux et infaillible bretteur.

C'est à cet instant que deux hommes entrèrent dans la pièce. S'installant face à la piste, ils portèrent leur attention à la correction que recevait Hector. Un maléfice cuisant avait atteint la main droite du jeune homme et sa baguette lui brûlait la paume gauche tellement elle chauffait. Alors qu'il se fendait, Jean Torbert se racla poliment la gorge.

- Qu'est-ce que c'est ? aboya le vieux maître d'armes sans quitter Hector des yeux.

- Bonjour Maître Monblason. Nous devons emmener l'aspirant, répondit Jean Torbert en tortillant sa longue barbe dans ses doigts.

- Voyez-vous ça ! Le prévôt d'arme, agacé, baissa sa baguette et se tourna vers les Aurors. Et en quel honneur je vous prie ?

- Il doit venir avec nous pour résoudre une affaire, répondit simplement Torbert.

- Balivernes ! Il n'est pas prêt à affronter le dehors. Je lui pincerais le nez que du lait lui en sortirait encore ! Grogna le bretteur en jetant à Hector un maléfice qu'il ne s'attendait pas à recevoir.

Hector Salazar : Mémoires D'un Auror Noir (Tome premier 1678-1715)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant