CHAPITRE X

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Octobre 1692, Académie de Magie Beauxbâtons...

- Diex vos sait Messire de Fortevoix !

- Diex beneïe toi, répondit le heaume du sire de Fortevoix à Hector alors que celui-ci tournait à l'angle malheureux où ils s'étaient rencontrés l'année scolaire précédente. L'armure le regarda passer comme de coutume alors qu'il poussait l'une des portes verrouillées.

Posant son sac à l'entrée de la pièce, Hector s'étira en baillant. Il reprit ses affaires et alla les poser dans son coin favori. Cette ancienne bibliothèque, comme il en existait jadis à chaque étage du château était aussi abandonnée que le reste du cinquième étage, et depuis qu'il l'avait découvert, Hector y avait établi ses quartiers de temps libre. Il lui arrivait d'y passer plusieurs jours de suite quand il n'avait pas cours. Dans ces moments, il ne reparaissait que lors des repas auquel il ne restait jamais bien longtemps. A cause de cela, des rumeurs avaient commencé à courir dans les couloirs : Hector Balthazar avait réussi à se rendre invisible, et personne ne savait comment il s'y prenait. Mais Hector n'avait cure des racontars à son sujet. Au contraire, il s'arrangeait pour les rendre réels, afin que personne ne s'approche trop près de lui. Une seule personne cependant le suivait tout le temps : Jade Lestrange. Depuis l'année précédente, elle ne le lâchait plus d'une semelle, sans qu'Hector ne comprenne pourquoi et cela l'angoissait autant que ça ne l'agaçait.

Traversant le dédale d'étagères pour la plupart vides, Hector salua chaleureusement le portrait du maître Gutemberg.

- Bien le bonjour maître Balthazar. Heureux de vous revoir. Vous n'êtes point venu hier.

- Malheureusement non. Je n'ai pu me débarrasser de cette Lestrange qui me suit comme un vulgaire croup...

- Étrange conduite. En savez vous la cause ?

- Je la subodore, mais je n'ai guère de certitudes. Maintenant, si vous me permettez, je dois me mettre à l'ouvrage. Dit Hector en posant ses affaires sur un pupitre.

- Je vous en prie. Et le portrait se tut, disparaissant dans le bord du cadre de son tableau. Hector sortit des grimoires de sa besace et commença à marmonner des formules apprises plus tôt dans la semaine, agitant ses mains vides. Lorsqu'il se les fut toutes repassées, il fit jaillir sa baguette de sa manche gauche et commença à s'exercer.

Il métamorphosa une chaise en noueux, le noueux en pot de fleur, le pot de fleur en bougeoir, y ajouta une bougie qu'il alluma avant de laisser la chaise reprendre ses droits. Ensuite, il fit apparaître et disparaître une grande variété d'objets qu'il balada dans la pièce tels des animaux. Il s'entraina également à lancer des chaines d'argent sur des cibles en mouvement et à parer des sortilèges qui rebondissaient sur un Sire de Fortevoix particulièrement heureux de se battre à nouveaux. Il enchaîna aussi quelques passes d'armes avec ce dernier en empruntant une épée à une autre armure dans le couloir qui devint rapidement une véritable piste d'escrime. Lorsqu'il en eut assez, Hector posa son épée pointe au sol et la rendit à l'armure qui lui l'avait prêtée.

Retournant dans la bibliothèque, Hector s'installa pour lire un ouvrage sur les magies étrangères que le maître Gutemberg lui avait conseillé. Hector l'avait trouvé particulièrement intéressant et était très intrigué par les magies antiques. Celle pour laquelle il se passionnait le plus était la magie scandinave qui, poussée à un haut niveau, lui permettait d'exécuter des sortilèges informulés, imparables et sans baguette. Il suffisait simplement de bouger subrepticement le poignet ou les doigts d'une main selon quelques schémas et allier les gestes à la paroles.

- Komatilek... marmonna-t-il en pointant de son index gauche la chaise la plus proche. Celle-ci bascula, tomba, racla le sol sur quelques millimètres avant de bondir dans sa main. Hector la renvoya en place et recommença encore, et encore, et encore, jusqu'à l'heure du dîner. Quand midi sonna, il laissa ses affaires en place et descendit rejoindre les autres...

Hector Salazar : Mémoires D'un Auror Noir (Tome premier 1678-1715)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant