LE POIDS DE NOS ACTIONS
J'étais depuis longtemps déjà dans une calèche, à attendre que quelque chose se passe, à attendre avec espoir que Livaï revienne. Je tremblais, de peur et de froid, fixant dans le vide un point inconnu devant moi. Livaï m'avait preté sa veste du bataillon pour me rechauffer, en vain.
Quand il m'avait trouvé, il m'avait tout de suite amené au reste des soldats du Bataillon qui étaient venus à Mitras. Les yeux hagards, j'avais à peine vu la dizaine de soldats sous une auberge qui me fixaient curieusement. Livaï me tenait fermement le bras et je me concentrais sur la chaleur de sa main uniquement.
Après, il m'avait balancé dans une calèche, et laissé la. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais là à attendre, mais je commençais presque à ne plus rien en avoir à foutre. Je me mettais dans une position plus agréable, m'adossant au fauteuil de la voiture. La sous robe que je portais ne me couvrait absolument pas. Chaque courant d'air s'insinuait jusque sous mes jambes, m'arrachant des frissons désagréables.
J'avais la tête lourde et l'envie de dormir. Je resserrai la veste de Livaï, qui, à cause du cuir, ne gardait pas une grande trace de son odeur. Du bout des doigts, je poussais le rideau noir de la fenêtre qui m'empêchait de voir au dehors.
On me frappa la main. Je jurais en la serrant contre mon coeur. Quelqu'un ouvrit brutalement la porte de la calèche. Le visage de Livaï, en contre bas, me fixait avec énervement.
- Je t'ai dit il y a une heure de ne pas regarder dehors, de fermer ta gueule et d'essayer de dormir.
Il avait un ton dur et catégorique. Depuis qu'il m'avait retrouvé, il ne m'avait pas adressé la moindre parole gentille. Je fis la moue, ma main douloureuse toujours resserrée contre moi. Je soupirais.
- J'ai envie de savoir ce qu'il se passe, je disais d'une voix rocailleuse de quelqu'un qui n'a pas parlé depuis longtemps.
Je me raclais la gorge. Livaï fronça les sourcils. Puis, il se massa l'arrête du nez en regardant quelque chose que je ne voyais pas, un peu plus loin sur le coté.
- Descends. On va discuter un peu.
Je haussais les épaules. Comme il voulait après tout : dans mon état, je le suivrai sans doute partout.
- Et t'en profiteras pour te changer, continua-t-il.
Je descendais la marche de la calèche. Il m'aida, me soutenant d'une main. Je tremblais légèrement : je me sentais affreusement faible. J'avançais, me dirigeant vers la porte d'entrée de l'auberge en face de la calèche.
Livaï passa légèrement devant moi, ouvrant la porte d'entrée pour nous laisser passer. Une cloche retentit, laissant apercevoir une entrée toute en bois, avec près des vestiaires un aubergiste fatigué qui s'appuyait sur son coude en roupillant.
L'auberge était sombre, éclairée par quelques bougies ici et là. Au loin, on observait une horloge, qui indiquait de sa petite aiguille quatre heure du matin. J'écarquillais les yeux.
- Eh ! Dit Livaï en tapant sur la table.
L'aubergiste sursauta.
- Ah.. Ah Caporal... Vous avez fini ? Vous allez tous dormir j'espère ?
- Non, loin de là, répondit Livaï d'un air neutre. J'aimerai juste aller dans ma chambre un instant.
L'aubergiste me jeta un coup d'œil. Je rougissais à nouveau. Livaï ne se rendait surement pas compte ce qu'il venait d'insinuer, sans le penser, dans l'esprit de l'homme.

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Notre Monde
Fanfiction" Il y a plus d'un an, une jeune fille est apparue dans son monde. Perdue, peureuse, seule, il a néanmoins réussi à l'entendre parmi des milliers d'hurlements. Ali Tainon à présent n'est plus perdue, n'a plus peur et est entourée de fidèles amis. El...