CHAPITRE 8

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VERS ELLE


Ne pas y penser, ne pas y penser, ne pas y penser.

Je fronçais les sourcils : mon estomac se tordait et je grimaçais. J'y pensais. J'avais tellement peur. Je posais mes mains sur la peau de mon ventre et commençais à calmement respirer pour ignorer le stress naissant dans ma poitrine. Je fermais les yeux, proie à un début de panique.

- Ya ! Hurla quelqu'un derrière moi. C'est pas le moment pour rêvasser !

Je me tournais. En tenue de sport, un short blanc sur ses longues jambes fines, Flora me fixait avec soucis. Nous étions sur le terrain d'entraînement extérieur et le soleil tapait déjà avec force nos peaux qui commençaient à légèrement bronzer. Il était à peine dix heures et des goutes de sueur me longeaient le dos derrière mon tee-shirt alors que j'avais arrêté l'exercice il y a bien quinze minutes. Je levais la tête et prenais une grande respiration. Je recommençais mes pompes sans rien dire. Du coin de l'œil, j'aperçue Flora se pincer les lèvres, inquiète.

L'exercice reprenait et je faisais travailler chacun de mes muscles. Derrière nous, j'entendais Katsuki et Pinpin grogner sous l'effort. Après une quarantaine de pompes, le souffle court, je tombais à terre. Je m'imaginais chevauchant à l'extérieure, une main gigantesque m'attrapant. J'attrapais ma tête entre mes mains, j'avais presque envie de vomir.

J'entendis quelqu'un ramper vers moi. Je levais ma tête qui était couverte de terre, mélangée et collée à ma sueur. Pinpin s'approchait comme un serpent vers moi et son visage était lui aussi couvert de saleté.

- Eh, me chuchotât-il. Arrête de te faire du mouron. Tout va bien se passer et...

Il grimaça soudainement, les yeux plissés et la bouche distendue.

- Pinpin et Ali ! Grogna Flora qui avait attrapé la cheville du rouquin.

Debout derrière lui, elle serrait son pauvre membre dans sa main.

- Je vous ai déjà dit de ne pas vous parler pendant les entrainements. Vous êtes incapables de vous concentrer quand vous êtes tous les deux !

Ses yeux envoyaient des flammes et je déglutissais avec difficulté. Je m'asseyais en tailleur tandis que Flora disputait encore Pinpin. Je ne les voyais même pas : je n'arrêtais pas de penser aux titans. La tête dans mes mains, je ravalais un sanglot. Demain nous partions à Shiganshina déjà. Cela faisait neuf jours que nous nous entrainions non stop, de cinq heure du matin jusqu'à dix heure le soir. Entre tridimensionnalité, mise en place d'une stratégie, remise en forme intensive, je n'avais pas eu une minute à moi, mais j'avais quand même réussi à penser au fait que je risquerais, dans quelques jours, de perdre la vie.

Une grande main se posa avec une force peu contrôlée sur mon épaule. Je me tournais et reniflais d'un air perdu. Katsuki, assis par terre à mes côté, regardais Flora et Pinpin se battre et ne me dit pas un mot.  

Une fois Pinpin à terre et bien amoché, Flora nous fit reprendre les exercices. On se mit à courir pendant longtemps le long du quartier général. On emprunta un chemin de terre. S'enfonçant dans la forêt, je n'écoutais que mon souffle et mon cœur battre dans ma poitrine. J'allais m'en sortir, il le fallait.

Le soir, je me trainais avec difficulté jusqu'à notre dortoir. Asuma veillait à ce qu'on ne manque de rien et que l'on puisse s'entrainer le plus possible, alors il nous emmenait directement les repas dans notre salon de notre bâtiment d'escouade. Cela nous épargnait la longue queue devant le buffet du réfectoire. Je m'asseyais sur une des chaises en bois et commençais à manger sans même savourer le met devant nous. Je regardais avec tristesse le repas.

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