Chapitre 7

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Assumer la réalité est le meilleur conseil que je puisse vous donner. Je parle par expérience, croyez-moi.

17h12.

Où étais-je ? Je n'en avais pas la moindre idée. Tout ce que je savais, c'était que j'étais allongé sur des draps blancs qui sentaient bon la lavande et que j'étais seul dans une grande pièce lumineuse. Rien d'autre. C'était bien mieux comme ça. La dernière chose dont j'avais envie, c'était de voir ma mère et Yvan. Depuis combien de temps étais-je là ? Aucune idée. Sûrement deux ou trois heures. Peut-être plus. Je me retournais du côté droit et tentais de découvrir ce qu'il venait de m'arriver. Les idées n'étaient pas très claires dans ma tête mais j'avais une certitude : j'avais essayé de mettre fin à mes jours. J'avais eu un malaise.

Quelques minutes se déroulèrent avant que quelqu'un frappe à la porte. Je ne répondis pas. Mais la personne entra quand même.

C'était un vieil homme que je ne connaissais pas, pourvu de cheveux gris et de lunettes soulignant son air sévère. Il avait un trieur dans ses mains ainsi que de nombreux documents volants. Il s'approcha de mon lit et retira ses lunettes, qu'il déposa sur une table à proximité. Je fis mine de dormir. Cet homme ne m'inspirait aucune confiance. Il sortit un stéthoscope d'une valise posée juste à côté de la porte d'entrée puis examina les battements de mon cœur.

— Louis, tu peux arrêter ton cinéma, je sais bien que tu es réveillé, murmura-t-il.

Je rouvris mes yeux et observai le docteur. Comment avait-il deviné ? Il est vrai, je n'étais pas très doué en tant qu'acteur, contrairement à l'année dernière. J'aurais dû imiter les bruits des ronflements...

— Je suis le Docteur Grahim, dit-il en me présentant sa main gauche.

Il dut se rendre compte que j'étais gêné car il détacha vite son regard du mien et n'insista pas.

— Louis, sais-tu ce qu'il t'est arrivé ?

Silence.

— Nous sommes ici pour t'aider, pas pour te faire la morale, ajouta-t-il.

— Vous vous y prenez extrêmement mal, alors, pestai-je. La seule personne que je veux voir ici, c'est mon père.

Bien évidemment, mon père ne pourrai sans doute pas venir jusqu'à cet hôpital. Hôpital... J'étais dans un hôpital ? Je regardai ma main et mon bras droits et remarquai que le sang que j'avais fait couler hier avait disparu. J'étais ici parce que je m'étais mutilé... Mais ce n'étaient pas un homme comme lui qui allait m'empêcher de continuer. Certainement pas.

— Ton père... répéta-t-il. Oui, je crois qu'il est dans la chambre d'à côté.

QUOI ?!!! Dans la chambre d'à côté ?? Les miracles existaient donc ? C'était le plus beau jour de ma vie ! Ton père est mort, idiot, il n'est pas dans la chambre d'à côté ! disait la voix. Mais je ne l'écoutai plus. Mon père y était, c'était obligé, le docteur venait de le dire ! Je me levai précipitamment de mon lit et me ruai vers la porte, en espérant que le docteur ne me retiendrai pas.

— Halte, jeune homme ! Rassied-toi et repose-toi, ordonna-t-il.

De quel droit me disait-il ça ? Non mais quel toupet ! Il ne se gênait pas ! Je ne l'écoutai pas et fonçai vers la porte. Mais je trébuchai dans le vide et tombai sur le parquet dur et froid. Mon menton et mes poings venaient de se prendre un beau bleu pour chaque. Le docteur se précipita à ma rescousse et m'offrit deux béquilles.

— Je t'ai dis d'arrêter de courir comme un zinzin ! me réprimanda-t-il.

« Zinzin... » il devait venir tout droit des années 40. Au cas où il ne l'aurait pas remarqué, on était en 2022 quand même !

Celui qui n'y croyait pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant