𝘚𝘪𝘹.

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La brune eut la sensation que son cœur tomba de sa poitrine, ne s'attendant pas à ce que Tadashi lui pose cette question. Dans ses souvenirs, il ne lui avait pas une seule fois demandé les raisons de sa présence au bar, lors de leur discussion la veille. Alors l'idée qu'il s'intéresse suffisamment à elle, qu'il s'interroge à ce sujet, éveilla sa curiosité. Jusqu'à ce qu'elle se sente subitement idiote. Bien évidemment qu'il allait finir par lui poser la question. Après tout, que faisait une Française seule dans un bar à Hokkaidō, début janvier, en beau milieu de la semaine ?

Ne se sentant pas prête à se livrer à lui – et ne trouvant pas les mots – la jeune femme décida de lui retourner la question :

Et toi ? Que faisait un homme comme toi dans ce bar ?
Tu réponds pas à ma question.
C'est important ?
Non mais...
Alors tu n'as pas besoin de savoir ce que je faisais dans un bar à Sapporo, un mercredi soir.
Pourquoi ça ?

Amelia devait trouver une raison. La panique la gagna quelques secondes, quand elle se souvint d'une vérité qui pouvait lui servir d'excuse.

Parce que de toute évidence, nous ne nous reverrons pas, alors à quoi bon te le dire ?
Oh, on ne se reverra pas ?

Le japonais semblait subitement déçu, ce qui décontenança la jeune femme qui ne s'attendait pas du tout à cette réaction de sa part. Elle s'était dit en quittant sa chambre qu'elle ne le reverrait plus, qu'il ne chercherait pas à la joindre, encore moins à garder contacte... C'était bien sa vaine, et pas des moindres !

Touchée, Amelia se ressaisit au plus vite, afin de ne pas succomber à cette preuve d'un quelconque attachement de la part de Tadashi.

Tu n'étais pas censé vouloir me revoir, pensa-t-elle avant de formuler sa question :

Tu comptais me revoir ?
Je t'ai avoué que tu me plaisais.
Et ça suffit pour que moi, j'accepte de te revoir ?
Tu me trouves bien gentil, alors...
Ce n'était qu'une nuit de débauche et j'étais éméchée.
Ça n'empêche pas de se revoir.
Non.

Amelia savait que dans la culture japonaise, il n'était pas courant de laisser échapper un « non » aussi franc et catégorique. Mais Tadashi étant à l'aise aussi bien en anglais qu'en japonais, et semblant différent à bien des égards de ses compères, la brune comprit qu'elle pouvait se permettre de réagir ainsi, de façon si directe. Et elle avait raison, puisqu'il ne lui en tint pas rigueur.

A la place, il lui adressa un sourire fermé, néanmoins amusé. Il avait une idée derrière la tête et Amelia comprit rapidement ce que c'était.

Tu changeras d'avis une fois ton café fini.
Tu me parais bien sûr de toi.
Je suis mort de trouille, en fait.

Cette honnêteté, qui se mêlait à sa sensibilité, toucha plus encore la brune qui avait de plus en plus de mal à garder ses distances avec lui. Sa volonté de mettre fin à leur relation s'envolait peu à peu et la jeune femme ne trouvait aucune solution – ou plutôt aucune courage – d'y remédier.

Et tu es beaucoup trop honnête.

Amelia décida de faire une pause dans la conversation pour boire une autre gorgée de son café. Elle en était à peine à la moitié et selon son partenaire d'une nuit, elle le finirait tout en voulant garder contact avec lui. Était-ce possible ? Evidemment, puisqu'il lui plaisait, mais jamais elle ne lui avouerait ce fait. Était-ce raisonnable de se revoir ? Certainement pas. Que pouvait-elle espérer d'un inconnu rencontré la veille et dont la seule chose qu'elle connaissait de lui, est qu'il était divin sous les draps ? Parce que oui, la brune ne pouvait pas le nier, cette nuit avait été l'une des meilleures et surtout, l'une des plus belles passées aux côtés d'un homme.

Tadashi est divin, se dit-elle, en repensant à leurs effusions dont les détails lui revenaient de plus en plus, au fur et à mesure de leur conversation.

Si je t'avoue la raison de ma présence au bar, hier, tu me diras la tienne ?

Piqué par la curiosité, Amelia ne put s'empêcher de plonger un regard intrigué dans celui de son amant, les sourcils froncés. Elle se contenta alors de lui dire :

Peut-être.

[réécrit/posté le 23/06/24]

𝐀𝐔 𝐃𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐃'𝐔𝐍 𝐂𝐀𝐅𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant