𝘋𝘪𝘹.

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Une seconde de silence. Puis une deuxième. D'un geste brusque mais contrôlé, le japonais attrapa sa tasse de café et la vida d'une traite, par nervosité. Il la reposa ensuite, n'osant presque plus regarder Amelia droit dans les yeux. Craignant d'avoir été trop honnête, la jeune femme alla rectifier la situation devenue gênante entre eux, mais son amant s'excusa auprès d'elle pour aller commander un second café au comptoir.

Seule, la brune se retrouve gênée, et peinée d'avoir autant perturber le Japonais. Le regard rivé sur ce dernier qui passait commande, elle ne fit pas tout de suite attention aux deux jeunes clients qui discutaient au beau milieu du café. L'homme, avec ses lunettes d'apothicaire dorée et sa coiffure impeccablement structurée et coiffée en arrière, semblait remonté contre la femme à la magnifique chevelure ébène et au manteau en feutrine vert. Celle-ci prenait plaisir à taquiner son partenaire qui, de ce qu'Amelia avait compris, était en manque de sirop de noisette. Cela fit sourire la jeune française qui ne s'attendait pas à retrouver à Sapporo une petite scène de ménage en public, malgré tout discrète et attachante. Elle avait cette étrange impression d'être la seule témoin de ces personnages qu'elle aurait très bien pu imaginer pour un roman.

Une fois son second café prêt, Tadashi revint à la table et se rassit face à la brune, silencieuse, dont l'esprit vagabondait déjà dans une future histoire à écrire, grâce au jeune couple du café. Amelia se ressaisit et reporta son attention sur son amant. Elle ne s'attendait pas à le voir paniquer pour si peu, ni même de le voir si gêné et rouge à la suite de leur conversation, lui qui semblait assumer et vouloir scander à qui voulait bien entendre, combien elle lui plaisait. Mais le japonais finit par relever la tête, confortant l'idée d'Amelia que celui-ci était des plus attachants.

Désolé, je n'ai pas l'habitude que l'on m'adresse ces mots pour me décrire.

Comment c'est possible ? se demanda Amelia. Elle était consciente que la beauté était subjective, dans tout, pour tout. Mais c'était indéniable, pour elle, à ses yeux, Tadashi était un bel homme.

Tu les mérites.
T'es gentille.
Ça c'est ma réplique.
Mais c'est vrai.

Soudain, le brun perdit ce sourire qui avait subsisté tout au long de leur discussion depuis sa venue. Comme si c'était à son tour de laisser parler ce qui n'allait pas dans sa vie, il mit de côté son humeur joyeuse pour garder son sérieux. Amelia comprit que sa solitude était bien plus profonde qu'elle ne le pensait.

Je te remercie pour ta franchise.
Tu parles du fait que je te trouve beau ?
Et que tu n'aurais pas fait une nuit sans lendemain avec n'importe qui.
C'est moi ou cette information est importante pour toi ?
Disons qu'elle me fait beaucoup de bien.
De bien ?

Pour seule réponse et après la perte de son sourire, le jeune homme perdit cette petite étincelle qui brillait dans ses croissants de lune, un peu plus tôt. Il baissa les yeux, se pinça les lèvres et prit une grande inspiration comme s'il cherchait à éviter de craquer devant Amelia.

Cette dernière, sensible à ce changement de comportement chez lui, tendit sa main droite pour prendre celle de son amant. Elle se sentit alors coupable de l'avoir entraîné dans des aveux qu'il n'avait a priori pas anticipés. Tadashi ne releva pas son regard, préférant observer leurs mains s'entrelacer l'une dans l'autre. Il se contenta de nouer leurs doigts ensemble et de jouer avec, pour les défaire et les renouer à nouveau, et ainsi de suite, retrouvant un imperceptible sourire en coin.

Et soudain, une multitude de frissons parcourra le corps de la brune à la suite de ce contact doux, chaud. Sincère.

[réécrit/posté le 23/06/24]

𝐀𝐔 𝐃𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐃'𝐔𝐍 𝐂𝐀𝐅𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant