𝘏𝘶𝘪𝘵.

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C'était mon anniversaire, hier.
Oh, c'est vrai ? Bon anniversaire en retard.
C'est pour ça que tu m'as trouvée au bar. Je me sentais seule moi aussi. J'avais peur de broyer du noir si je restais dans ma chambre.
Je suis désolé...
Ne le sois pas. Grâce à toi j'ai passé la meilleure nuit de toute ma vie.
T'exagère.
Non.

La brune avait laissé ce « non » s'échapper un peu trop rapidement de sa bouche, au point de se maudire d'être aussi naturelle et honnête avec son amant d'une nuit. Cependant, en remarquant l'air amusé dans le regard de Tadashi, Amelia comprit qu'il appréciait leur discussion. Et même avec un sourire malicieux, il se plu à lui demander :

C'est ta façon de me dire que je suis un bon coup au lit ?

Et puis merde, autant être honnête jusqu'au bout, se dit Amelia.

Oui, et pas qu'un peu.

Le japonais éclata de rire avec bon cœur à la suite de la franchise – à moitié assumée – de la jeune femme. Il en profita pour boire dans sa tasse, une longue traite, avant de la reposer et de replonger ses yeux bruns dans ceux d'Amelia.

Les yeux une nouvelle fois rivés sur la tasse que tenait Tadashi entre ses mains, la brune réalisa soudainement pourquoi elle avait tant fait une fixette sur cette dernière et la sienne, un peu plus tôt. Fujinomiya. C'est là-bas, dans une petite boutique de céramique et poterie, un peu en retrait du centre-ville qu'elle avait vu cette même série de tasse. Couleur crème en fond, avec deux lignes vers le haut, tantôt rouge et bleu délavé, tantôt rouge et vert foncé.

Amelia se retrouva complètement coi face à ce hasard qu'elle ne savait expliquer. De tous les hommes, de tout le Japon, il a fallu qu'elle tombe sur quelqu'un qui venait de Fujinomiya, la ville-même où elle s'était surprise à admirer les mêmes tasses que le Café La Bastille à Sapporo.

J'ai trouvé ça bon, moi aussi.

Dans un sursaut, Amelia revint brusquement au café, son esprit quittant la boutique de céramique de Fujinomiya.

Ah oui ?
Et pas qu'un peu.

Sa façon de reprendre ses expressions, d'une voix soudainement grave et légèrement éraillée, donna une seconde vague de frissons à la jeune femme.

Merci Tadashi.
Pour ?
Pour cette nuit. J'ai adoré. Et... Je me suis sentie moins seule.
Moi aussi, j'ai aimé ta présence cette nuit.

Le cœur d'Amelia rata un battement. C'était le genre de chose qui la faisait fondre. Elle se refusa d'y porter une quelconque attention, préférant se rappeler qu'ils ne se reverraient pas, que la vie du japonais était sur ses terres nippones et que la sienne était en France, qu'elle repartirait, tôt ou tard. Dans deux mois, en l'occurrence, ayant décidé de partir vivre trois mois au Japon pour y écrire son roman, et lâcher prise.

Elle ressentait malgré tout la soudaine envie de prendre les mains de son amant dans les siennes, pour lui témoigner son soutien et sa reconnaissance. Cependant, elle se ravisa, estimant que ce geste était mal venu, même après une nuit à avoir fait l'amour avec lui. Après tout, ils restaient l'un pour l'autre deux parfaits inconnus.

Tu restes longtemps à Sapporo ?
Encore deux mois. J'y fais une retraite d'écriture.
Oh, ça veut dire que nous aurons la chance de nous revoir ?
J'ai dit « non ».
T'as pas encore fini ton café, attends avant de me dire « non ».


[réécrit/posté le 23/06/24]

𝐀𝐔 𝐃𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐃'𝐔𝐍 𝐂𝐀𝐅𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant