― Pourquoi t'es cassée ?
Pourquoi il est si curieux ? Amelia ne pensait pas tomber sur quelqu'un d'aussi bavard et intéressé par tout, durant son séjour.
― Et toi ? Pourquoi tu l'es ?
― T'as pas répondu à ma question.
― Toi non plus.
― Tu recommences.
― De quoi ?
― A être distante.Amelia ne pouvait le nier, elle mettait tout en œuvre pour ne pas répondre à sa question. Elle tenait à ne pas s'attacher, à ne pas se rapprocher de lui et pourtant, leur main était toujours renfermée l'une dans l'autre. Ce contact doux et chaud était si agréable, qu'elle n'avait pas réalisé qu'elle gardait la main de son partenaire dans la sienne de façon si naturelle. Et amoureuse. C'était sans conteste une sensation réconfortante qu'elle n'avait pas sentie depuis très longtemps, même durant les derniers mois de sa relation avec son ex-petit-ami.
Pour rebondir sur la remarque de Tadashi, la jeune femme décida de lui rappeler leur étreinte :
― J'ai encore ma main dans la tienne, je te ferais remarquer.
― Bah lâche-là alors.Il avait dit cela avec un ton de défi, un regard malicieux dans ses iris.
― J'y arrive pas.
― Ça y est, j'ai compris.
― Tu as compris quoi ?
― Ta raison te dit de ne pas me revoir, mais ton cœur, lui, ne veut que moi.Bon sang, il est doué quand il veut, se dit Amelia qui faisait en sorte de ne pas paraître décontenancée.
― Tu deviens bien présomptueux.
― J'ai raison, oui ou non ?
― Oui.
― Alors recommençons et faisons l'amour.Mais qu'il est borné !
― J'ai dit « non ».
― T'es bornée.Amelia alla répliquer quand elle se rendit compte que le japonais venait d'utiliser le même mot qu'elle pour le décrire. Cela la fit sourire intérieurement, mais fit en sorte de ne rien laisser paraître, par fierté. D'autant plus qu'elle ne souhaitait pas lui donner raison si facilement, même si, elle devait l'avouer, il avait totalement raison. Elle était du genre têtu. Cependant, elle n'était visiblement pas la seule et décida de le lui faire savoir :
― Et toi tu es trop téméraire.
― Une autre qualité à ajouter à ma liste, j'en ai de la chance.Mais, il ne s'arrête jamais ?
― Un autre défaut, oui.
― N'empêche que c'est toi qui me les donnes depuis tout à l'heure.
― Tu me fais penser que je devrais arrêter.Pour seule réponse, Tadashi lui adressa un large sourire, pas peu fier de lui. Dans un soupir, Amelia reprit une gorgée de son café, quand une question lui revint en mémoire. Comment son amant connaissait-il son prénom ? Elle ne lui avait toujours pas demandé, et ne pas savoir commençait à l'agacer.
Si effectivement, ils n'étaient plus amenés à se revoir, elle tenait au moins à connaître les détails de leur soirée. Et elle savait que si elle partait sans lui demander, au risque de ne jamais s'en souvenir, jamais elle n'arriverait pas à passer à autre chose et se maudirait de ne pas s'en rappeler. Ce détail la perturbait beaucoup trop pour passer à côté de cette opportunité.
― Au fait, comment tu connais mon prénom ?
― Tu ne t'en rappelles pas ?
― Non, sinon je ne te le demanderais pas.
― Dans ma chambre d'hôtel, avant que j'enlève ta brassière, je t'ai dit « eh, je sais même pas comment tu t'appelles ». Et tu m'as répondu « Amelia ».
― Oh...
― Je t'ai dit que je trouvais ton prénom joli.
― C'est vrai, ça me revient maintenant....
― Tadashi ? Je sais que c'est moi qui ai commencé, mais tu veux bien libérer ma main ?
Et il libéra sa main.
[réécrit/posté le 23/06/24]
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𝐀𝐔 𝐃𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐃'𝐔𝐍 𝐂𝐀𝐅𝐄
ContoAmelia et Tadashi, deux amants qui se sont rencontrés un mercredi soir dans un bar de Sapporo, se retrouvent autour d'un café, au Café la Bastille, non loin de leur hôtel, au lendemain de leur nuit qui était censée être sans lendemain.