𝘋𝘪𝘹-𝘴𝘦𝘱𝘵.

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Amelia vit le visage de Tadashi pâlir à la suite de ce constat. Elle le vit même déglutir quand il prit la peine de se pencher légèrement en avant, pour observer sa tasse de café. Il la croyait, elle en était certaine, mais il avait besoin de le voir de ses propres yeux pour réaliser que c'était bel et bien fini. La jeune femme cachait sa déception elle aussi, c'est pourquoi elle se rappela le pari. Rien ne l'empêchait de s'en aller tout de suite, puisqu'elle était seulement censée tombée pour Tadashi avant que sa tasse ne soit vite.

Alors... la conversation est terminée ?
Non.
Mais...
Tu as parié sur le fait que je voudrais te revoir, pas que notre conversation se terminerait une fois mon café fini.

Sans voix, il fallut quelques secondes à Tadashi pour prendre conscience des paroles de la brune et de retrouver un petit sourire, rassuré. Un soupir de soulagement s'extirpa de ses lèvres, témoignant ainsi de son intérêt pour la brune.

Et puis, tu ne m'as pas encore donné la raison de ta présence ici.
C'est cliché et ridicule après avoir écouté tes raisons.
Je suis sûre que non.
J'ai vécu une rupture amoureuse, il y a trois mois. Et depuis, je tourne en rond en essayant de chasser de ma tête les paroles qui ont été dites.
Quelles paroles ?

Cette dernière information toucha Amelia, au point de la faire redouter de ce que l'on put dire au japonais, pourtant si gentil et bon avec elle.

Des choses que personne n'aimerait entendre.
Tadashi...
Quand tu m'as avoué tout à l'heure que tu me trouvais beau, ça m'a mis du baume au cœur. C'est idiot, mais c'est la vérité.

Le cœur de la brune s'alourdit et se réchauffa en même temps. S'alourdit en craignant ce que Tadashi avait pu entendre à son encontre, et se réchauffa à l'idée d'avoir pu l'apaiser un peu.

Elle me disait justement l'inverse. Que je n'étais pas ou plus à son goût, je ne sais plus.
Elle ?
Mon ex-copine.
Mais pourquoi dire des choses pareilles ?

Tadashi se lança alors dans un récit qui brisa plus encore le cœur d'Amelia, ne s'attendant pas à ce que l'on se comporte ainsi avec une personne, et notamment avec son partenaire d'une nuit qui avait pourtant l'air d'avoir beaucoup d'amour à revendre. Elle ne pouvait pas croire que l'on ait pu faire mener en bateau le cœur du japonais face à elle. Elle ne pouvait pas croire que l'on ait pu faire semblait de l'aimer durant des mois, simplement pour s'attirer les bienfaits d'une relation, les faveurs d'une société, la jalousie d'un autre homme que l'on convoitait.

Le fait que l'on se soit servi de Tadashi à des fins personnelles, aussi égoïstement... Non, Amelia ne pouvait pas l'accepter, après avoir été témoin de l'être bon et attachant qu'était Tadashi.

Cette histoire la toucha, au point de vouloir à nouveau reprendre sa main dans la sienne. Mais compte-tenu des dernières minutes échangées durant leur conversation, elle ne fit rien, préférant exercer une pression sur la tasse vide de son café.

Tu ne méritais pas ça.
Merci...
Tu ne supportais plus ta vie à Fujinomiya à cause d'elle ?
Et à cause du travail. Je tiens une boutique de fleurs, dans le centre de la ville. Elle était ma collègue. Elle a démissionné après m'avoir quitté, mais elle restait toujours dans les parages, avec son fiancé. Alors j'ai voulu faire une pause.
Je comprends.
Depuis, les mots qu'elle a tenus, quand elle m'a tout avoué, reviennent sans arrêt dans ma tête et ça me replonge à l'époque du collège. Ce n'était pas une bonne période pour moi avec les critiques qu'on me faisait. C'était compliqué.

Les deux derniers mots résonnèrent étrangement pour Amelia. Elle ne savait pas si c'était par compassion ou parce qu'ils avaient été dits avec la gorge nouée.

Tadashi, tes raisons et ce que tu ressens, ce n'est absolument pas idiot, ni illégitime.

...

Nous sommes deux âmes perdues dans la solitude et les tourments.
C'est une façon de voir les choses, oui.
Tu les vois comment, toi ?
Comme deux êtres qui ont tout quitté pour aller mieux.
C'est plus positif dit comme ça.

Définitivement, Tadashi était plus positif qu'Amelia. Et c'est pour cela qu'elle ne pouvait le revoir. Comment pourrait-elle tout gâcher avec sa tristesse et sa mélancolie ? Comment oserait-elle s'immiscer un peu plus dans sa vie alors que lui était plus joyeux ? Que ses yeux étaient pétillants ? Que ses lèvres dessinaient de si beaux sourires ? Que son regard criait à l'espoir, à de jours meilleurs ? Non, la brune n'avait pas le droit de tout gâcher dans sa vie, elle ne pouvait pas ternir cette petite étincelle qui l'habitait. Cela serait égoïste de sa part, même si Tadashi le lui demandait. Il ne la connaissait pas suffisamment pour anticiper tout le mal être qu'elle ressentait.

Je me suis senti aimé, hier soir.

Le cœur de la jeune femme se mit à battre plus fort dans sa poitrine. Les frissons de la veille lui revinrent en mémoire, au point de les éprouver à nouveau en cet instant.

Et je crois que ça m'a fait aimer un peu plus notre nuit.

Cette fois, l'organe vitale de la brune rata un battement.

Et visiblement, je me suis un peu trop attaché à toi.

Et le cœur d'Amelia explosa en un millier de confettis.

[réécrit/posté le 23/06/24]

𝐀𝐔 𝐃𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐃'𝐔𝐍 𝐂𝐀𝐅𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant