― Amelia, on n'a qu'une vie pas vrai ?
― Ce n'est pas une raison pour...
― Je prendrai soin de toi.Alors dans un dernier élan de courage, resserrant un peu plus ses mains dans les siennes, nouant leurs doigts et cherchant son regard, il lui demanda dans un dernier espoir vain :
― Tadashi...
― Non, écoute-moi. Je peux être ton ami, si tu veux bien me laisser entrer dans ta vie. Je peux être celui qui te fera sourire tous les jours. Je peux être celui qui te fera rire, même si malheureusement, je pourrais être celui qui un jour, par sa maladresse, te fera peut-être pleurer, ou te blessera involontairement. Je ne suis pas parfait, personne ne l'est et je ne peux pas te promettre des choses que je ne sais pas. Mais je pourrais faire en sorte de m'améliorer, de t'écouter, de prendre soin de toi. De te rendre heureuse. Je ne peux pas te promettre non plus que ça ira, que tout ira bien, parce qu'il y aura forcément des moments avec des bas. Mais il y aura aussi des moments avec des hauts et si on se complète bien, si on s'y prend bien, alors il y aura plus de hauts que de bas. On ne peut pas le savoir à l'avance, la seule façon de le découvrir, c'est d'essayer. C'est d'essayer, car ce n'est pas parce que tes relations d'avant non pas marchées, que la nôtre ne marchera pas non plus.Tadashi fit une pause dans son monologue. Il ne pensait pas pouvoir dire autant en aussi peu de temps. Mais surtout, il ne pensait pas retrouver la brune les yeux embués de larmes, le regard ému. Elle l'écoutait, attentivement, et le japonais voyait bien qu'elle attendait plus. Qu'elle eût besoin de plus, pour ne serait-ce, qu'imagine un futur à deux.
Il continua donc, le cœur battant à tout rompre, ne sachant réellement ce qu'il dirait par la suite porterait ses fruits, ou lui porterait préjudice. Tout ce qu'il souhaitait, c'était de lui avouer tout ce qu'il ressentait, et être le plus honnête avec elle, à cœur ouvert.
― Peu importe que tu sois triste, mélancolique ou que ton cœur soit cassé. Je te prends telle que tu es, comme tu es et c'est sans condition. Tu me plais ainsi. Notre nuit m'a plu. J'aime ta façon de chanter avec quelques bières dans le sang. J'aime la façon dont tu t'es laissé aller avec moi en dansant sur l'Odori Koen. J'aime ton côté mesuré, mature, et ta façon de me jeter la pierre quand j'insiste trop. Je persiste à dire que si nous nous sommes rencontrés dans un bar de Sapporo, un mercredi soir, c'est parce que nous étions deux âmes censées se trouver. Deux âmes qui tentent d'aller mieux et que le chemin a réuni pour une bonne raison.
Le brun avait chaud et il savait que le rouge lui était monté aux joues depuis le début de son discours, mais il ne recula pas et poursuivit, déterminé à faire entendre raison Amelia :
― Amelia, je suis prêt à faire ce pas vers toi et à t'accueillir dans ma vie. Si c'est la distance qui te fait peur, alors je te suivrai jusqu'en France. Si c'est la solitude qui t'effraie, sache que je suis un vrai pot de colle. En amitié et en amour. Et sache aussi que je m'accroche jusqu'au bout dans une relation. Si tu as peur de me blesser, tu dois savoir que je suis passé par plein d'épreuves dans la vie qui m'ont rendu robuste. Alors accorde-nous une chance d'essayer et viens avec moi à Fujinomiya.
― Ce n'est pas raisonnable.Amelia avait dit cela d'une voix étranglée, hésitante. Tadashi savait qu'elle faisait allusion à son invitation à le suivre à l'autre bout du pays, de poursuivre leur relation, malgré le départ de la brune, malgré sa vie en France.
Il décida donc de rebondir sur leur début de relation, pour une dernière tentative vaine :
― Parce que notre nuit l'était ?
[réécrit/posté le 23/06/24]
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𝐀𝐔 𝐃𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐃'𝐔𝐍 𝐂𝐀𝐅𝐄
Short StoryAmelia et Tadashi, deux amants qui se sont rencontrés un mercredi soir dans un bar de Sapporo, se retrouvent autour d'un café, au Café la Bastille, non loin de leur hôtel, au lendemain de leur nuit qui était censée être sans lendemain.