ARK II: Evasion

Chapitre 17: Réveil

Le vide et le froid.

Ce fut la première chose que Sinecka discerna. Un néant total plongeait dans le silence. Une neutralité sans faille planait sur ce lieu dépourvu de tout. Même la fraicheur n'était pas palpable. Ce n'était qu'une simple information. Une des seule à saisir.

Puis le froid se retira, laissant la conscience se remettre peu à peu en place. L'habitude prit aussitôt les rênes en s'attardant sur l'ouïe et le sens du toucher pour pouvoir se situer. Mais tout était engourdi, au ralenti, comme plongé dans de la mélasse. Elle était toujours dans les ténèbres et le silence. Mais c'était une obscurité familière, celle qui venait toujours lorsque le sommeil se faisait sentir. Le froid avait laisser place à de la chaleur, alors que son corps était dans un cocon de confort. Un lit. C'était un délice, un véritable luxe, après toute ces semaines à dormir à même le sol.

Les souvenirs s'abattirent dans son esprit, contrastant indéniablement avec son état végétatif. L'obscurité et le calme se firent trancher en deux, alors que l'adolescente se redressait d'un coup, en panique, avant de se figer en échappant un gémissement. Une vive douleur, comme si ses os résonnaient entre-eux, se rependait de son épaule pour s'étirer dans son bras gauche. Elle y posa son attention pour remarquer qu'il était fermement saucissonné dans une attelle. Hébétée par ce brusque réveil, elle tenta doucement de le bouger, mais seule cette douleur sourde répondit à cette tentative. Elle ne chercha pas à recommencer. C'était probablement une blessure sérieuse, si Karia n'avait pas réussi à la soigner. L'attaque du Chef des Basilics avaient été si meurtrière?

L'adolescente sentit un chagrin déchirante l'envahir, mais aucune larme ne vint pas son réveil d'hibernation. Un peu comme si son corps ne réagissait plus à ses sentiments. Mais même avec cet apathie et ce repos forcé, ses nerfs se relâchaient à peine. Elle en avait vécu des choses depuis le début de sa survie. Elle avait éraflé la mort trop de fois pour être confortable. Mais être impuissante aux mains d'un homme, c'était quelque chose de nouveau et dont elle ne s'attendait pas à vivre. Même face à Clark, alors qu'elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, elle avait pu se battre. Se défendre. Si le Chef des Basilics n'avait pas fait taire son Instinct pour qu'elle soit un exemple pour tous, elle aurait été battue jusqu'à la mort.

"Sinecka?"

L'adolescente réagit à peine à l'appel. Elle ne pouvait pas voir Karia par l'immobilité de son bras. Est-ce... Est-ce qu'elle allait perdre un membre?

"Sinecka. Calmez-vous. C'est derrière, maintenant."

-Comment tu vas? Demanda-t-elle en échange.

"Bien. Vous allez devoir vous ménagez pendant quelques bons mois, le temps que l'os se ressoude. Je vous aiderai pour la rééducation."

Sinecka se contenta d'observer sa situation. Elle n'était pas habillée de sa tenue en écaille et de sa longue veste en cuire, mais d'un ensemble en peau de couleur beige un peu trop grand pour elle. L'environnement était plongé dans la pénombre. La lumière verte de Sygne et un puits de lumière nocturne passant à travers un plafond de verre à quelques mètres de là éclairaient un peu les alentours. Il n'y avait aucune trace de ses armes. Elle était effectivement dans un lit avec une fine couverture claire. C'était suffisant, car la température ambiante était bonne. Le lit se situait contre le mur sur ce qui semblait être une mezzanine en bois, à l'ombre de la lumière qu'offrait le toit vitré. Il y avait une table de nuit où se trouvait Sygne, une penderie non loin, un coffre juste à côté et un tapis touffu prenait la plupart du sol. Une barrière empêchait un saut accidentel. L'adolescente cligna des yeux, perturbée, en voyant deux lampes accrochaient au plafond, encadrant la partie vitré. De véritable ampoule actuellement éteintes, entourer d'une forme ovale conçue par un entremêlement de roseaux. Le premier signe d'électricité depuis sa survie.