CHAPITRE 6 - Sofia

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SOFIA

Jeudi 18 février 2016
Paris, France


La fin de journée approche et je suis éreintée. Je ne rêve que d'une chose : m'écrouler dans mon lit. Malheureusement pour moi, la journée nous réserve une dernière surprise. Devant moi, Saïd, Loup et Alban avancent prudemment vers une porte vitrée que nous tient Drew, notre manager. La nuit est déjà tombée et aucun de nous ne sait ce qui nous attend derrière cette porte. Comme si les interviews en radio et les rendez-vous avec la presse n'avaient pas suffi...

— Je t'en supplie Drew, dis-nous ce qui nous attend à l'intérieur, implore Loup, les mains jointes en supplication.

Il me fait de la peine, car je sais que ce genre de situation le rend vraiment très anxieux.

— C'est le principe d'une surprise Loup, j'ai promis de ne rien dire, lui répond notre manager de son léger accent anglais.

— Mais je déteste les surprises ! bougonne Loup.

— Allez, vous êtes attendus, nous presse Drew tandis que nous sommes tous les quatre arrêtés devant l'entrée, hésitant.

— Attendus par qui ? s'inquiète Alban.

En cette journée de promotion, nous avons déjà rencontré beaucoup de monde. Je ne suis pas sûre d'être capable d'endurer encore toute une série de questions concernant notre groupe et la sortie de notre tout premier album.

— Bon, c'est parti, se lance Saïd.

Il passe l'encadrement en premier, suivi de près par Loup, leurs deux corps se touchant presque. Saïd se retourne pour vérifier que nous le suivons bien avant d'avancer vers une seconde porte. Drew lui fait signe d'entrer et sans la moindre hésitation, il pousse la poignée de la porte en bois.

— Mais non ! s'exclame-t-il.

— Quoi ? demande Loup d'un air inquiet.

Devant moi, Alban les presse gentiment pour voir la surprise à son tour. Je les suis, à la fois inquiète et curieuse. Derrière la porte se trouve une petite salle de réception dans laquelle nous attendaient toutes nos familles. Ils nous applaudissent chaleureusement pour nous féliciter de la sortie de notre premier album et je repère aussitôt ma mère, légèrement en retrait de la foule. À côté d'elle se tient... mon père. Que font-ils ici ?

Je me tourne vers mes amis à la recherche d'un peu de réconfort et je croise les yeux verts de Loup. Lui non plus ne semble pas plus ravi que ça par cette « surprise ». Alban sourit poliment. Le reste de son visage n'exprime que de l'indifférence. Seul Saïd semble réellement heureux de la présence de sa famille. Son visage s'illumine d'autant plus lorsqu'il aperçoit sa petite sœur Leïla s'avancer vers lui. Elle se jette à son cou — visiblement très fière de son grand frère — ce qui me provoque un léger pincement au cœur.

— J'arrive pas à croire que t'es une star maintenant, lui lance-t-elle, ce qui le fait rire.

Il secoue la tête, mais son sourire reste immense.

— Alors, rassurés ? nous demande Drew.

Loup acquiesce simplement. Rassuré n'est pas le mot que j'aurai employé, mais bon. Ils sont là maintenant, alors il va falloir faire avec et essayer de venir à bout de cette journée qui ne semble pas connaître de fin.

Leïla s'écarte de son frère et c'est Georges Tarsin — le père de Loup — qui vient nous accueillir. Sa silhouette ronde colle parfaitement avec sa face surmontant un double menton imposant. Malgré sa calvitie naissante, ses cheveux grisonnants sont parfaitement coiffés en arrière. Son visage est froid et fermé. Lors des rares fois où j'ai pu le voir, je crois que je n'ai jamais vu son expression changer. Comme si elle s'était figé un jour de sa vie et qu'il n'en avait plus changé depuis.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant