CHAPITRE 14 - Alban

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ALBAN

Vendredi 2 juin 2017
Orlando, États-Unis


Le tour-bus, les parkings, les salles de concert. Voilà à quoi se résume notre vie depuis un mois. Les routes défilent, se ressemblent et c'est à peu près tout ce qu'il nous est donné de voir des États-Unis. Si on nous l'avait pas dit, on aurait pu se croire dans n'importe quel autre pays. Heureusement que les gros pick-up et les mecs à moustache sont là pour nous rappeler qu'on est bien aux states. On a pas pu voir beaucoup du pays, mais les aires d'autoroute et les stations-service, on les connaît par cœur.

Il y a les fans aussi. C'est un peu comme s'ils nous accompagnaient tous les soirs dans notre voyage à travers le pays. Bien qu'ils soient différents d'un concert à l'autre, leur présence, leur engagement et leurs mots gentils après les concerts nous font aimer ce pays un peu plus chaque jour. Il n'y a pas que les paysages à visiter finalement, il y a aussi tout un tas de gens super cool à rencontrer. On ne serait rien sans eux et c'est peu de le dire. Malgré mon anglais désastreux, je parviens à peu près à comprendre ce qu'ils veulent me dire, quand on en rencontre quelques-uns une fois la salle vide. Parfois, je ne comprends pas tout, mais leur sourire et leur enthousiasme suffisent à me convaincre.

Quand John « is getting gas » pour le bus, on en profite pour sortir prendre l'air, se promener entre deux pompes à essence et remplir nos placards de chips et gâteaux en tout genre. La plupart du temps, on roule de nuit, donc on s'y arrête de nuit. En pyjama entre les allées, personne ne nous regarde de travers. À quatre heures du matin, personne ne s'attend à croiser des gars en costard.

On aimerait tous pouvoir visiter un peu plus le pays, mais on l'a compris maintenant : une tournée de cette envergure ne laisse pas trop de place au plaisir. Parfois, quand la fatigue ne nous cloue pas au lit, on sort en cachette, par la trappe du toit. On s'est jamais fait griller pour l'instant. À part par John, mais il nous a jamais balancé. Seulement, depuis notre escapade à la fête foraine qui a failli virer à la catastrophe, on fait soigneusement attention d'être de retour pour trois heures. En général, ça nous laisse deux ou trois heures pour visiter la ville dans laquelle on s'est arrêtés. C'est largement suffisant, vu qu'en général on n'y trouve pas grand-chose à faire. Ensuite, on dort tard le lendemain et Mina nous réveille jamais avant l'heure des répétitions.

Ce matin, quand on s'est réveillés à quatorze heures, le bus était déjà garé derrière la salle. On est en Floride et j'étais persuadé qu'on pourrait voir la mer, mais Loup m'a soutenu qu'à Orlando, il n'y a pas la mer. Pour le faire chier, j'ai continué d'insister jusqu'à le rendre fou, avant que Saïd lui explique que j'étais juste en train de me foutre de lui. Il ne m'a pas adressé la parole depuis et moi j'en ris encore.

   Il fait super chaud en Floride et tandis que Saïd insistait auprès de Drew pour qu'on aille à Universal, moi, tout ce que je voulais c'était profiter du soleil, aller à la plage et observer les filles en maillot de bain derrière mes lunettes de soleil. Bon, maintenant je sais que pour la plage c'est cuit, mais pour les filles, on peut toujours en trouver dans les rues. Universal, c'est cuit aussi. Pas le temps. Du coup, tout le monde fait un peu la gueule. Saïd parce qu'il verra pas le château de Harry Potter, moi parce qu'il n'y a pas la mer et Loup parce qu'il savait qu'il n'y a pas la mer. Sofia fait pas vraiment la gueule. Je crois qu'elle est juste très fatiguée.

   Je me lave rapidement le visage. Ça fait presque une heure qu'on est debout, mais personne n'a vraiment bougé. Il fait tellement chaud. Loup est déjà descendu deux fois pour demander qu'on allume la clim, mais John dort et apparemment, il est le seul à savoir comment ça fonctionne.

   Je motive les troupes, parce que Drew doit sûrement être en train de nous attendre pour les répétitions, et nous on est là à mariner dans notre jus comme des homards desséchés. Mina vient nous presser. Il est vraiment temps qu'on se bouge.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant