CHAPITRE 37 - Saïd

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SAÏD

Samedi 2 septembre 2017
Bruxelles, Belgique


   Les heures passent et personne ne vient nous donner la moindre nouvelle. Drew s'est levé à plusieurs reprises pour essayer de parler à un médecin, mais personne ne veut lui dire quoi que ce soit.

   Alban fait les cent pas dans cette salle d'attente stérile et il commence à me donner mal à la tête. Les murs sont blancs, le plafond est blanc, le carrelage est blanc. Même la lumière est blanche.

   Je reste assis dans mon fauteuil sans rien dire, le regard fixé sur mes mains qui ne savent pas quoi faire. Si seulement j'avais ne serait-ce qu'un médiator pour les occuper. Je ne sais pas comment je fais pour rester là sans bouger, je pense que je suis juste abattu.

   Comment ai-je pu laisser la situation dégénérer à ce point ? Je savais depuis le début que quelque chose n'était pas normal dans ses comportements et pourtant je n'ai jamais insisté pour la forcer à chercher de l'aide. Je me suis laissé avoir à chaque fois qu'elle tentait de me rassurer en me disant que tout allait s'arranger quand la tournée serait finie, puis quand elle reprendrait. Comment n'ai-je pas pu me rendre compte d'à quel point elle était en train de se faire du mal ?

   J'étais le seul à lui faire des remarques, à essayer de l'aider et à ce moment-là, j'étais persuadé que je faisais mieux que tout le monde, mais j'en étais bien loin. J'aurais dû alerter quelqu'un. Cela aurait-il changé quelque chose ? Après tout, Drew et Mina étaient présents tous les jours sur la tournée. Eux aussi ont vu qu'elle ne prenait aucun repas avec nous et pourtant on l'a laissée dépérir. Personne n'a rien fait.

   Je ne suis certainement pas le seul responsable, mais j'aurais dû faire plus.

   Loup est affalé sur le sol, les genoux repliés contre sa poitrine et le visage plongé dedans. J'ai pourtant insisté pour qu'il reste se reposer dans le bus, le temps de dessouler, mais il a insisté pour venir à l'hôpital avec nous et je n'ai pas eu la force de me battre avec lui.

   Le voir dans cet état me rend malade. Ce n'est pas le Loup que je connais. Lui aussi semble chercher à se détruire par tous les moyens. Je n'ai rien fait pour Sofia, mais ai-je encore un espoir avec lui ? Et en même temps, c'est si difficile de lui venir en aide alors qu'on ne s'adresse presque plus la parole. Il ne me dit plus rien depuis son retour de vacances et moi je préfère me confier à Sofia. C'est à peine s'il m'embrasse pour me dire bonjour et je ne me souviens même plus de la dernière fois qu'on a fait l'amour.

   Tout ça me manque tellement, son corps contre le mien, ses lèvres sur ma peau, ne serait-ce que son rire le soir, quand je viens me coller contre lui. J'aurai tant de choses à lui dire, toutes ces choses que Sofia m'a dites avant de...

   Je pourrai le lui dire, peut-être que ça arrangerait les choses entre nous. Mais comment faire quand le pont qui semble s'être dressé entre nous devient infranchissable ?

   Il faut que je quitte cette pièce. Alban me rend dingue à bouger sans arrêt et la vision de Loup assis sur le sol froid me dresse les poils.

   — Je vais me chercher quelque chose à boire, je lance en me levant péniblement. Vous voulez quelque chose ?

   Alban secoue la tête et Loup ne réagit pas. Très bien, je proposais juste par politesse de toute façon. Je m'éloigne dans le couloir à la recherche d'un distributeur d'eau et j'entends des pas se rapprocher dans mon dos.

   — On peut parler ? me demande Loup derrière moi.

   Je me retourne pour lui faire face.

   — Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moment pour parler.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant