CHAPITRE 13 - Loup

15 4 0
                                    

LOUP

Mardi 9 mai 2017
Chicago, États-Unis


— Vous pensez qu'on risque quoi si Drew se rend compte qu'on est parti ? je m'inquiète.

— Déstresse un peu mec, me lance Alban. On fait rien de mal, on va simplement se balader un peu dans la ville.

— Mais on sait pas à quelle heure part le bus.

Il réfléchit. J'ai soulevé un point intéressant qui ne faisait pas partie de son plan.

— Il faut que quelqu'un aille chercher l'info auprès de John, conclut Alban.

Tout le monde se regarde et puis on vote pour que ce soit Sofia qui s'y colle. Il faut quelqu'un que personne ne soupçonnera. Alban et Saïd, c'est trop grillé et moi il est hors de question que je fasse un truc pareil. Elle remonte quelques minutes après, un large sourire aux lèvres.

— Trois heures trente, annonce-t-elle fièrement.

— Ça nous laisse largement le temps de faire un petit tour et de revenir, en déduit Saïd. Il est à peine une heure.

Son regard se tourne vers moi et je capitule. Je n'ai plus d'arguments contre cette excursion et puis c'est vrai que j'ai bien envie de découvrir un peu les États-Unis. Ça va bientôt faire un jour qu'on est là et on a pas encore croisé un seul vrai américain, à part John.

Si Drew nous tombe dessus, on prendra tous les quatre, ça pourra pas être pire que tout ce que j'ai pris avec mon père quand j'étais petit.

— Sofia ? demande Saïd.

— Vous croyez que je vais rester là toute seule ?

Alban lève un poing en l'air en signe de victoire tandis que Saïd entreprend déjà d'ouvrir la trappe du toit.

À peine sortis, on se heurte à un problème de taille. Dire que j'étais persuadé que le plus dur serait de descendre du bus sans faire de bruit, c'était sans compter sur le portail en fer qui ferme le parking derrière la salle de concert. Alban ne se démonte pas. C'est son idée, c'est lui qui doit trouver une solution. Il la trouve rapidement.

Après avoir escaladé le portail, il réceptionne Sofia à qui Saïd a fait la courte échelle. Je passe le dernier, non sans effort, encore persuadé qu'on se met dans une belle mouise.

Alban guette l'avant de la salle, mais visiblement, tous les fans sont partis. Il nous fait signe d'avancer et on rejoint la rue principale, éclairée par de hauts lampadaires.

— Bon, on fait quoi maintenant ? demande Sofia.

Je sais qu'Alban fait mine de savoir où il va, mais il en a aucune idée. On a pas encore vingt-et-un ans, alors on peut dire au revoir aux bars et à tout ce qui s'en rapproche. Après avoir passé quelques rues, la visite de la ville perd un peu son sens. À part des immeubles et des vitrines de magasins éclairées dans lesquels on ne peut pas rentrer, notre promenade est de moins en moins excitante.

Au détour d'une énième rue aussi déserte que les autres, on repère enfin du monde. Ils marchent tous dans la même direction et sans se concerter, on se met à les suivre à l'idée de trouver un peu d'animation. On avance et des cris nous parviennent au loin. Sofia me lance un regard intrigué et je lui dis que je suis moins chaud tout d'un coup, mais la rue qui s'ouvre à notre droite nous laisse enfin apercevoir ce « truc excitant » qu'on recherchait.

Les lumières multicolores d'une fête foraine brillent dans le ciel et les cris qu'on entendait un peu plus tôt s'intensifient tandis qu'une grande roue domine le reste des attractions. On passe sous une arche qui affiche « Funfair » en grosses lettres majuscules. Le lieu est quasi désert et les attractions qui, de loin, semblaient attrayantes, sont en fait de simples manèges pour enfants. Seul le grand bras qui monte et tourne a l'air excitant. C'est de là que viennent tous les cris. En France, on a été habitués à mieux, mais Alban nous assure qu'on va trouver un moyen de s'amuser.

LE JOUR OÙ LES ÉTOILES ONT CESSÉ DE BRILLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant