En arrivant sur la place, je commence à me sentir nerveux. Si ça se trouve, je vais encore m'embarrasser en disant quelque chose de débile. Ou bien je vais faire une gaffe et renverser une substance dégoûtante sur ses vêtements, comme avec ma première petite amie. Oh, non, par pitié, faites que tout se passe correctement. J'ai vraiment envie de vivre quelque chose de bien avec Eléanor.
Je passe près de la grande fontaine qui fait office de rond-point et de centre de la place et m'avance vers la devanture de la boutique de fleurs. C'est une grande vitrine encadrée de rideaux d'un doux violet, au centre de laquelle s'étale un arc-en-ciel de fleurs épanouies, joliment disposées dans divers vases et paniers savamment choisis. Je n'avais jamais remarqué que c'était si beau. Ces plantes sont magnifiques.
Eléanor n'est pas encore arrivée, je contemple le comptoir fleuri. Des clients entrent et sortent, j'entends un tintement cristallin à chaque passage. Un carillon doit être accroché. Finalement, après quelques minutes qui furent tout de même longues, je détourne mon attention des plantes et tombe nez-à-nez avec Eléanor, tout sourire.
- Surprise ! lance-t-elle, l'air rieur. Tu avais l'air captivé, tu ne m'as même pas vue passer ! Alors, qu'est-ce que tu en dis ?
Je remarque alors qu'elle tient, dans un long panier tressé vertical, un bouquet immaculé de lys blancs, d'arums et d'autres magnifiques fleurs que je reconnais pas. Quelques herbes décoratives, dont un brin de muguet, sont ajoutées ça et là. C'est harmonieux.
Je me rends compte qu'elle me les offre, je suis pris de court mais flatté. Je ris, un peu gêné de ne pas avoir remarqué Eléanor tout de suite.
- Pardon ! Tu as raison, j'étais focalisé sur les fleurs... celles-ci sont splendides.
Eléanor me les tend joyeusement, je les accepte volontiers.
- Bon, habituellement ce sont les hommes qui offrent les fleurs, mais je suis une rebelle !
Je lui rends son sourire, je ne ressens plus aucune nervosité. Je m'en suis fait pour rien, encore une fois. Il n'y a aucune gêne à avoir avec elle. Tout est si naturel et spontané, je n'ai pas à réfléchir à quoi dire ni à craindre qu'elle ne prenne mal mes paroles.
Je la regarde, elle est belle. J'ai l'impression que ses cheveux, aux ondulations naturelles, sont plus soignés que d'ordinaire. Elle porte un long chemisier fleuri sur un jean court à dentelle. C'est une tenue classique qui lui va bien. Je me rassure d'avoir mis des vêtements tout aussi simples.
En enfilant ma veste à carreaux gris et blanc, je me suis inquiété d'avoir pris des habits trop basiques. En même temps, c'était ma seule chemise propre. Je n'allais pas porter mon blouson en cuir pour ce soir, et mon autre pull n'est pas destiné aux sorties ; c'est un large pull en coton beige que je traîne depuis mes treize ans.
À l'époque où je l'ai eu, je flottais littéralement dedans. Après, j'ai gagné quelques bons centimètres et ma carrure s'est également développée suite aux bagarres dans lesquelles Baji m'entraînait. Désormais, c'est seulement un pull un peu long et grand, que je réserve à mes soirées tranquilles avec mes chats ou aux nuits d'hiver. Baji se fait un plaisir de critiquer cet habit dès qu'il me voit dedans, mais en réalité, je sais qu'il l'adore aussi. Stop, ne pense pas à cet abruti. Pense à l'instant présent.
- Alors, où est-ce que l'on va ? me demande Eléanor.
Je la regarde, j'ai un blanc. Je balaye les environs du regard, consterné. Quand est-ce que je cesserai d'être un profond débile ?
- Euh, bonne question. J'ai oublié d'y réfléchir.
Ma réponse perplexe déclenche l'hilarité d'Eléanor. Je suis heureux qu'elle prenne si bien mon côté tête-en-l'air et demeuré.
![](https://img.wattpad.com/cover/330525931-288-k802937.jpg)
VOUS LISEZ
Une vie animée | Baji x Chifuyu
FanfictionʻʻJe l'entends souffler dans un sourire. Ses lèvres se collent à mon oreille et un murmure presque menaçant vient s'y perdre. - Tu risques de tomber amoureux de moi, chaton. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et que je tombe dans...