- ... et c'est drôle car cet homme, celui qui venait adopter Cerise, c'est justement celui que j'ai croisé... enfin, bousculé récemment près de l'immeuble.
Je regarde mon interlocuteur, en attente d'une réponse, mais il se contente de fixer la fenêtre sans m'accorder d'attention. Je me racle la gorge pour garder contenance.
- Enfin, voilà, la ville est quand même vaste quand on pense à son nombre d'habitants et pourtant, parmi tous ces gens, c'est ce même homme que je vois par hasard dans la rue et revois par hasard à l'animalerie.
Toujours pas un regard, je commence à me vexer. Je déteste quand il m'ignore comme ça.
- Hé, tu peux au moins faire semblant de m'écouter, non ?
Non, et il va même plus loin dans son arrogance en bâillant longuement, puis léchant sa patte pour se nettoyer l'oreille. Je soupire et plonge mon visage dans mes bras. Clochette s'en moque royalement, je l'entends sauter de la fenêtre et partir poursuivre sa vie loin de moi, à l'étage. À quoi est-ce que je m'attendais ? Bon sang, je dois vraiment me faire des amis humains. Si j'en arrive au point où j'espère pouvoir faire la conversation avec mes boules de poils, c'est que ça devient crucial.
En parlant de boules de poils, Noël est en train de manger dans la gamelle sous la table basse. Ses poils noir brillant bougent un peu tandis qu'il mâchonne. C'est un chat rondouillet, pas spécialement grand mais massif. C'est mon gros chat d'amour, six kilos de câlins et de ronrons à son actif. Je l'adore, mon beau chat. Cadeau et lui sont les premiers que j'ai eus. J'ai adopté Cadeau lors de mes dix-sept ans et Noël juste après, le jour dont il porte le nom. Ce n'était pas prévu, je l'ai trouvé seul dans une cagette sous une haie avec une paillasse détrempée et une gamelle de croquettes remplie d'eau de pluie. J'ai été bouleversé de le voir ainsi abandonné alors je l'ai recueilli. Cadeau et lui ont grandi ensemble comme des frères, ils ont à peu près le même âge. Bientôt six ans ? Ça alors, ils grandissent vite, mes choupinous chéris.
Assis sur une chaise devant la table à manger, je tourne le regard vers la fenêtre. Les lampadaires sont déjà allumés. Il faut dire qu'il est près de vingt-deux heures, la nuit tombe. Je ne devrais pas tarder à aller me coucher, je sens la fatigue poindre en moi. Je n'ai pas à travailler demain étant donné que nous sommes en fin de semaine, je me sens plus tranquille d'avoir la journée libre. J'étouffe un bâillement en gagnant l'étage. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit passée, je me suis pris la tête en cogitant. Comme d'habitude, ai-je presque envie de dire.
Je pensais à plusieurs choses. En priorité à l'emploi que je dois trouver rapidement. Un emploi de préférence diurne, qui soit un minimum stable, non loin d'ici, pour lequel je suis qualifié, qui ne m'épuise pas moralement... oh, bon sang, c'est vraiment compliqué. Il n'y a pas tant de recrutements dans les environs, encore moins au mois d'octobre. La période d'embauche se déroule plutôt en été. Je me renseigne au mieux depuis quelques temps, mais rien, absolument rien d'envisageable ne se présente. Le peu d'offres que j'ai pu voir passer versaient un salaire en-dessous de mes besoins, demandaient une disponibilité de toute heure ou ne correspondaient pas du tout à mes capacités.
Si je tente de ne pas me laisser démoraliser, je ne peux empêcher un stress insidieux de s'installer au fond de moi. Je ne sais pas quoi faire, je suis de plus en plus convaincu d'avoir la poisse avec les métiers. Quelque chose finit toujours par aller de travers et je me retrouve vite dans une situation précaire. Je suis un nul. J'ai l'impression d'être le seul à tout faire de travers tandis que les gens autour de moi parviennent à maintenir un quotidien équilibré et sans vagues. Moi, à côté, je provoque des ouragans à répétition. Je ne suis pas certain, cette fois, d'arriver à un miracle. À moins qu'un travail ne tombe du ciel rien que pour moi... ah, fait chier, je recommence mes tourments. Je ressasse sans même chercher de dénouement constructif, c'est complètement inutile. Je ne fais que me déprimer.
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Une vie animée | Baji x Chifuyu
FanfictionʻʻJe l'entends souffler dans un sourire. Ses lèvres se collent à mon oreille et un murmure presque menaçant vient s'y perdre. - Tu risques de tomber amoureux de moi, chaton. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et que je tombe dans...