Chat-pitre 13

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- Je récapitule et si je me trompe, tu me le dis, ok ? Bon. Alors je l'appelle, je m'excuse, je lui demande si je peux lui parler, il me dit oui car sinon je vais paniquer, je le retrouve, je m'explique, je m'excuse encore puis tout finit bien. Tu n'es pas d'accord ?

Clochette ne me répond pas, il se contente de lécher consciencieusement sa patte avant, yeux clos. Je me laisse tomber sur mon tabouret, déprimé par son ignorance, mais calcule mal mon coup et tombe en fracas contre les pieds du siège, qui s'écroule derrière moi. Je termine assis par terre contre mon gré, le fessier douloureux, sous le regard moqueur de Clochette. Je jure qu'il rigole de moi, ses yeux brillent d'un éclat sournois. Il me regarde souvent de haut, cet amour de poils blancs.

- Arrête de me regarder comme ça, t'es pas Baji !

Je me relève en soupirant et remets mon tabouret sur pieds. Je suis simplement tombé grossièrement devant Clochette, qui est habitué à ce genre de scène, mais je sens l'embarras me gagner. À peine onze heures et je suis déjà en train de m'humilier publiquement. Je me racle la gorge, puis vais m'asseoir dans le canapé. Clochette est installé sur la table basse.

À ma gauche, une toute petite table ronde de bois sombre soutient mon téléphone fixe ainsi que mon carnet d'adresses, un bloc-notes et deux stylos, un noir et un rouge. En rouge, je note les rendez-vous importants et les choses à ne pas oublier. Je laisse ces affaires près du téléphone, c'est pratique. Je pensais que c'était une bonne idée jusqu'au jour où j'ai vu Libelle et Cadeau s'amuser à déchirer les feuilles pour passer le temps. Je les ai grondés, mais je crois qu'il leur arrive de continuer lorsque je ne suis pas là. Mes chats ont beau être mignons, ils sont d'une fourberie sans égale.

J'ouvre mon carnet, cherche le numéro de Nahoya et lance l'appel, quelque peu anxieux. J'ai tellement honte de mon comportement, je ne sais pas si je vais réussir à lui parler et surtout à le regarder dans les yeux... enfin, à supposer qu'il accepte de me voir. Je patiente, me passe nerveusement la langue sur les lèvres.

- Oui, j'écoute ?

Aïe, c'est lui, je ne peux plus hésiter. Je dois parler.

- Bonjour, Nahoya. C'est Chifuyu...

Qu'est-ce que j'ai honte !

- Oh, hum...

Il est surpris mais ne m'a pas encore insulté. Peut-être qu'il est vraiment doté d'une gentillesse incommensurable ? Je m'empresse de prendre la parole.

- Je suis désolé. Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé. Je... je ne suis pas excusable, je le sais, mais je te jure que je suis vraiment désolé.

- Eh bien...

- Je ne te demande pas de m'excuser, je sais que j'ai été abject, je voulais juste m'excuser, sincèrement.

Il souffle doucement.

- Je ne t'en veux pas, Chifu.

Comment ?

- Que...

- Je sais bien que tu n'étais pas dans ton état normal, c'était visible. Je ne t'en veux pas, tu sais. Au contraire, je suis plutôt inquiet pour toi.

C'est confirmé, Nahoya est un ange tombé du ciel. Il est trop gentil pour un idiot comme moi. Il devrait me cracher à la figure, c'est bien ce que je mérite.

- Nahoya...

- Chifuyu, tu te portais bien, la dernière fois que nous nous sommes vus. Il s'est passé quelque chose avec ton ami, n'est-ce pas ?

Une vie animée | Baji x ChifuyuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant