Lorsque je quitte le monde de l'inconscience pour la seconde fois, toute lourdeur m'a quitté. Je me sens en forme et m'en réjouis intérieurement. Je déteste me réveiller dans un état de fatigue avancée. Je frotte mes yeux du bout des doigts et avale ma salive. En l'instant présent, mon lit me semble incroyablement confortable.
Je vois que Baji est dos à moi. La couette est descendue à la hauteur de nos ventres. Un léger ronflement m'indique que je suis le seul à être éveillé, ça ne me dérange pas. Je m'étire de tout mon long, puis relâche mes muscles avec un soupir. Je bâille en me redressant, la lumière du jour éclaire ma chambre. Il est sans doute huit heures passées.
Je porte une main aux cheveux noirs de Baji et les fais rouler entre mes doigts. J'ai toujours été jaloux de leur aspect, ils sont bien plus fins et plus facilement "coiffables" que les miens tout en ayant un volume que je trouve parfait. Ça me saoule.
Je fronce les sourcils, baisse le regard et découvre, interdit, la marque violacée qui orne mon épaule gauche. Putain, voilà ce qui me lance depuis tout à l'heure. Je contemple la silhouette paisible de Baji d'un air accusateur. Ce mec est un grand malade.
Je réfléchis et me dis qu'ainsi, inconscient et démuni des défenses dont il s'entoure habituellement, Baji m'est particulièrement vulnérable. Oh, je ne songe pas cela avec une arrière-pensée de psycho-taré ni aucune idée fourbe, c'est une simple constatation. Dès qu'il s'éveillera, il reprendra ses airs moqueurs et endossera sa carapace intouchable alors qu'en cet instant, il n'est aucun masque ni aucun faux-semblant. Il n'est rien de plus que lui-même. Cette pensée me fait sourire et je recoiffe ses mèches éparpillées en prenant gare à ne pas le déranger. Je n'ai pas envie d'entendre tout de suite une raillerie ou un commentaire débile sur mon geste.
Je sursaute lorsque survient un grattement insistant sur le panneau de la porte. Noël pousse un miaulement désespéré en griffant le bois. Je souffle, je pense à la porte qui va finir usée et pleine de griffures. Noël tente encore quelques secondes de forcer l'entrée, puis abandonne sa bruyante tentative et s'éloigne dans le couloir en miaulant. Pardonne-moi, mon chéri. Tout est de la faute de Baji, tu te plaindras auprès de lui.
D'ailleurs, ce dernier inspire profondément en portant une main à son visage, éveillé par le son. Je lâche ses cheveux - au passage un peu secs - sans me presser. Il n'a même pas remarqué que je les touchais. Pendant qu'il émerge de sa torpeur, je m'empare de la couette et la rabat au bas du matelas. Il faut que je range et aère la pièce avant de laisser mes chats y entrer. Pas question de les laisser assister à une telle scène de débauche.
Je ramasse les vêtements que portait Baji hier soir et les lui jette en boule alors qu'il s'étire. Flemme de bien faire les choses.
- Il manque juste le "dégage", commente-t-il en référence à une scène imaginaire de sexe sans lendemain.
Sa voix sonne plus grave que d'ordinaire, alourdie par son sommeil. Son innocente remarque me fait penser à la manière dont nous nous sommes quittés la dernière fois et je songe, déprimé, que nous allons devoir nous expliquer clairement à ce sujet. Pas question d'ignorer l'évidence et de laisser un conflit non-résolu se perdre dans le temps.
Je retire mes deux vêtements du plancher et vais m'en chercher de nouveaux dans ma commode, où je range en même temps le lubrifiant. La journée s'annonce douce en température, je me prends un t-shirt simple ainsi qu'un treillis noir.
Pendant que j'enfile mon pantalon par-dessus un boxer propre, Baji, déjà vêtu, souffle d'un air amusé. Je le regarde, soupçonneux. Son éternel sourire en coin n'est pas pour me rassurer.
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Une vie animée | Baji x Chifuyu
FanfictionʻʻJe l'entends souffler dans un sourire. Ses lèvres se collent à mon oreille et un murmure presque menaçant vient s'y perdre. - Tu risques de tomber amoureux de moi, chaton. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et que je tombe dans...