Il est dix-neuf heures passées lorsque j'arrive chez moi. Je me suis arrêté en chemin pour réfléchir à toute cette situation et n'ai redémarré qu'une heure plus tard. Il fait plus froid ici que chez Syd. L'air est frais et humide.
Je claque ma portière alors que Noël trottine rapidement vers moi. Son ventre rebondi roule sous ses poils brillants. Il vient se frotter contre mes chevilles, je me penche et l'attrape délicatement. Je le serre contre moi avec précaution en embrassant sa tête ronronnante.
- Pardonne-moi, Noël.
Je ne parle pas fort, pourtant ma voix résonne faiblement entre les bâtiments du coin. Je ne sais pas pourquoi je m'excuse auprès de Noël mais j'en ressens la nécessité. Peut-être ai-je seulement besoin de m'excuser et de savoir que quelqu'un entend ma repentance.
Je regrette d'avoir appuyé ma cigarette contre Baji et je regrette de l'avoir insulté. Je regrette d'avoir bousculé Nahoya et je regrette de lui avoir crié dessus. Je regrette affreusement ce que j'ai fait mais ne peux rien changer à mes actes. Je pose mon menton sur la tête de Noël, qui s'y frotte.
- J'ai été vraiment horrible...
Quelques larmes sans suite me montent aux yeux. Je repose Noël à terre et m'essuie rapidement les yeux. J'inspire et expire profondément, puis prends le chemin jusqu'à ma maison. Ça y est, je sens la fatigue me tomber dessus. La fatigue qui suit les émotions trop intenses. Je suis las. Je veux oublier tous mes tourments, me laisser tomber sur mon lit et y dormir jusqu'à la fin des temps. J'en ai marre. Je pose un main sans tonus sur la poignée de ma porte et entre chez moi, Noël sur les talons. Je bâille.
C'est en terminant de refermer la porte que je réalise que quelque chose cloche. Elle est déverrouillée. Je l'ai pourtant bien fermée en partant. J'en suis convaincu. Alors... ? Je me tourne vers l'intérieur des lieux, le cœur battant. Baji ne peut pas être là, tout de même ?! Ma vie part en vrille et rien ne semble se passer correctement autour de moi, mais ça, ce n'est pas possible. Pas après la haine que j'ai vue dans ses yeux il y a quelques heures. Peut-être bien que si nous ne nous étions pas trouvés sur son balcon, à l'heure actuelle, j'aurais plus de blessures qu'une simple épaule brutalisée.
Je tends l'oreille, sous tension. Je n'entends rien du tout. Si ça se trouve, Baji est passé lorsque j'étais absent et est reparti sans fermer. Cet enfoiré oublie toujours de refermer derrière lui. Enfin, à supposer que ce soit bien un oubli et non pas de la négligence volontaire. Je traverse la cuisine et m'avance lentement dans mon salon. Il fait sombre, j'allume ma grande lampe. Je suis bien le seul être humain présent. Du moins... présent au rez-de-chaussée.
J'entends Noël manger des croquettes, sous la table basse. Pour une fois, je suis content d'avoir des escaliers absolument silencieux. Je me déchausse et monte les marches d'un pas léger. Je sens un léger stress s'élever en moi. J'appréhende sincèrement. Baji ne peut pas être là, n'est-ce pas ? Il ne peut pas être venu jusqu'ici...
Je tourne la tête dans le couloir de l'étage. La lampe bleue de ma chambre est allumée. La douce lumière colorée fuse depuis la porte entrouverte. Je n'ai rien à voir là-dedans. Au secours. Pourquoi... ? Je m'avance silencieusement. Tout va bien, je n'ai pas fait de bruit. S'il est bel et bien présent, Baji n'a pas pu m'entendre arriver. Merde. Ma voiture. Il a dû remarquer son absence. Dans ce cas, peut-être qu'il a remarqué que je suis revenu. Les voitures qui se garent ici ne sont pas très nombreuses, à cette heure-ci.
Je suis près de ma porte. Je respire doucement. Je me penche lentement dans l'embrasure. Merde. Merde, il est là. Baji est là. Allongé sur mon lit, jambes croisées et mains derrière le crâne. Il regarde le plafond, ses yeux sont mi-clos. Il esquisse un infime mouvement de tête, je me redresse aussitôt. Par précaution. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Il est venu m'assassiner ?! Lui aussi a fini par rompre ses limites ?
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Une vie animée | Baji x Chifuyu
FanfictionʻʻJe l'entends souffler dans un sourire. Ses lèvres se collent à mon oreille et un murmure presque menaçant vient s'y perdre. - Tu risques de tomber amoureux de moi, chaton. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et que je tombe dans...