Chat-pitre 24

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Dimanche. Oui, dimanche, nous sommes déjà dimanche ! Ces derniers jours ont passé bien vite. Installé à table, je mâchonne ma salade verte en laissant traîner un œil sur l'écran du téléphone. J'ai envoyé un message à Baji, je veux savoir s'il est toujours d'accord pour que je vienne chez lui.

J'attends qu'il daigne me répondre en avalant le fond de salade flétrie qu'il me reste de la veille. Ce n'est pas du cinq étoiles, mais je n'ai pas de quoi acheter de vivres dignes de ce nom. En attendant que mon salaire tombe, je suis bien obligé de me serrer la ceinture.

Pourtant, contrairement à ces dernières semaines, je ne suis pas trop stressé en y pensant. Je ne sais pas si c'est car Baji m'a offert une porte de secours avec le Valhalla ou bien si je suis simplement de bonne humeur. Quoi qu'il en soit, ne pas m'en arracher les cheveux en hyper-ventilant n'a rien de désagréable.

Je suis heureux de me sentir léger, pour une fois. Au moins, de ne pas me sentir écrasé par un poids constant. Je n'ai toujours pas de futur travail stable, mais... Baji m'aidera tant que j'en aurais besoin. Ok, il va se régaler de me voir à son service, mais je préfère ne pas trop y penser.

Une vibration attire mon attention, je reporte mon attention sur mon portable. Baji m'a répondu. Pas de problème, je peux venir chez lui. Je vois qu'il y a une faute dans son message... non, deux fautes. Dans une brève phrase.

En le prévenant que je me prépare à prendre la route sitôt mon repas achevé, je le corrige sur son écriture. J'adore passer mon temps à pointer du doigt ses erreurs d'orthographe, juste pour le faire chier. En vérité, ses difficultés ce ne sont pas dues à une pure maladresse ou une flemme de s'instruire convenablement. Je n'ai jamais été très informé sur le sujet, mais je sais qu'il a appris pour sa dyslexie vers le début du collège.

À l'époque, ça lui apportait vraiment un sacré handicap, surtout pour tous les devoirs écrits de l'école. Je me rappelle d'un professeur qui n'aimait pas trop Baji à cause de son tempérament assez... agité et sauvage. Il ne manquait jamais une occasion de décrier ses erreurs devant tous les élèves de sa classe.

Enfin, en classe de troisième, Baji a foutu le feu à sa voiture le dernier jour avant les vacances d'été. À partir de ce jour, il n'y a plus jamais eu de rabaissement semblable. Comme quoi, parfois, la fin justifie les moyens.

Malgré tout, sa dyslexie n'a pas disparu comme par magie avec le temps, mais il semble qu'elle s'est atténuée avec ses efforts dans le temps. Baji a toujours quelques difficultés : il met plus de temps à lire que la moyenne, il bute parfois sur les mots ou se trompe en traçant certaines lettres ou chiffres... mais dans l'ensemble, il se débrouille pas mal.

De toute façon, la lecture n'est pas son activité favorite, et il n'a pas franchement à écrire dans sa vie quotidienne. C'est un peu con à dire, mais je suis fier de lui. Il a fait beaucoup d'efforts pour tenter de s'améliorer et contourner ses freins. C'est un battant, mon Baji.

Je souris en voyant le doigt d'honneur dont il m'affuble en réponse à ma taquinerie. Je me dépêche de terminer ma maigre salade, puis débarrasse la table et entreprend de me préparer avant de partir. Mieux vaut passer sous la douche avant de me présenter devant Ryoko, sa mère. Mine de rien, cela fait un bout de temps que nous ne nous sommes pas vus. Peut-être... deux, trois ans ? Non, je l'ai vue après le décès de ma mère. Peut-être alors un an.

Nous nous entendons plutôt bien, c'est une personne sympathique. Elle m'intimidait lorsque j'étais jeune adolescent et me rendais chez Baji. Bien que fatiguée, une force particulière semblait malgré tout constamment ressortir de sa personne. Elle était parfois sévère, mais surtout autoritaire.

Une vie animée | Baji x ChifuyuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant