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Eunwoo s'est assoupi sur le canapé du salon. Après notre journée à la plage, il a voulu dormir chez moi plutôt qu'à la villa mais le temps de rentrer, à peine nous avions pris une douche et lancé un film qu'il m'avait déjà abandonné devant la télévision. J'imagine que crapahuter dans les dunes et à travers la ville côtière l'a fatigué.

J'observe son visage légèrement gonflé par le sommeil et son bras posé sur ma cuisse.
Le film touche bientôt à sa fin et j'entreprends de gratter doucement la peau nue de son bras pour le réveiller tranquillement.

Je vois ses paupières se mouvoir jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent. Il grogne un peu et enfouit son visage dans le tissu du canapé, je pouffe et enfouis ma main dans ses cheveux.

- Je sais que c'est dur mais tu seras mieux dans le lit, je chuchote.

Le chanteur grogne une nouvelle fois et je le pousse un peu en riant. Il se redresse finalement, les yeux embués et un air innocent sur le visage.

- Tu viens avec moi ?, me demande-t-il.
- Oui, j'arrive.

Il termine notre courte conversation par un soupir fatigué et se lève pour monter dans la chambre. Je range un peu l'appartement avant de le rejoindre.

Son souffle profond vient chatouiller mes oreilles quand j'entre dans la chambre. Je ferme la porte derrière moi et tâtonne jusqu'au lit, dans l'obscurité.

Les draps sont chauds quand je m'y glisse et une main ne tarde pas à se poser sur mon ventre et à m'entraver. Je me rapproche du corps allongé dans mon lit tandis que mes yeux s'habituent doucement à la nuit.
Je distingue finalement les traits subtils du visage d'Eunwoo, je crois que ses yeux sont clos.
Mes doigts repoussent quelques mèches de ses cheveux noirs et ma main caresse sa joue. Mon cœur s'enflamme et s'emballe dans une course effrénée tandis que mon cerveau oscille entre émerveillement et appréhension.
Comment pourrais-je me défiler face à la chance d'être dans ce lit, à côté de lui ?

La paume de la main du chanteur se pose sur la mienne, me forçant à arrêter mes caresses. Je n'arrive pas bien à distinguer ses yeux dans la pénombre mais j'ai la sensation qu'ils sont ouverts et plongés dans les miens. Mes lèvres s'étirent, j'ai envie d'embrasser chaque parcelle de sa peau.

Je sens son corps se mouvoir sur le matelas, tout près de moi. Ses lèvres se posent à la commissure des miennes puis il m'embrasse, enfin, pleinement. Ce baiser se faufile sur les murs de la chambre, ondule contre le parquet, il emplit toute la pièce et gonfle mon cœur d'un sentiment léger.
Je ne savais pas que j'avais désespérément besoin de ses lèvres contre les miennes avant qu'il ne m'embrasse pour la toute première fois. Et je sais que je ne reviendrai jamais indemne de l'endroit où chaque baiser échangé m'emporte.

Son bras m'étreint et me rapproche un peu plus de son corps.
Exquise prison.
Je me sens bien, je me sens désirée.
Eunwoo met fin au baiser, nous ne sommes pas à bout de souffle, tout est doux, comme enveloppé dans du coton. Son nez vient chatouiller le mien, nos jambes sont entremêlées, je crois que je ne fais même plus la distinction entre son corps et le mien. Je crois même que les battements de nos cœurs résonnent à l'unisson.
Un soupir vient chatouiller mes cils.

- Ça va ?, je demande tout bas.
- Je ne sais pas...

Je dépose un baiser chaste sur ses lèvres comme pour le rassurer.

- Dis-moi.
- J'ai envie de toi, murmure-t-il.

Je sens mon corps devenir brûlant, mon cœur bat à tout rompre.

- C'est si mal que ça ?
- Je ne sais pas, c'est étrange.

Je ris et passe ma main sur sa nuque.

- Jusqu'ici je dirais que c'est plus normal qu'étrange. Après tout, on est dans un lit, à moitié nus et on s'embrasse, j'énumère amusée.
- Ce n'est pas ça, c'est juste que... Je n'arrête pas de penser à mon départ.

Je me raidis contre le matelas et perds mon sourire. Pourquoi est-ce qu'il faut qu'il parle de ça maintenant et pourquoi mon corps réagit en me provoquant une montée de stresse incontrôlable ? J'avais réussie à faire taire mes émotions de cet après-midi, celles qui m'empêchaient de vivre le moment présent, et voilà qu'il parle de son départ, détruisant tous mes efforts.

- Ce moment ne va pas arriver tout de suite alors oublie ça.

J'essaie de reprendre contenance et de le rassurer comme je peux mais est-ce que ce n'est pas moi que j'essaie de rassurer par la même occasion ?
Il soupire une nouvelle fois, ma main se pose sur son épaule mais son corps s'éloigne soudainement du mien.

En une minute, j'ai l'impression d'avoir tout fait de travers et de ne pas avoir choisi mes mots assez soigneusement.
Je me redresse sur un bras et l'observe tant bien que mal dans l'obscurité, allongé sur le dos.

- Eunwoo, je souffle, si on commence à se torturer avec ça maintenant on ne va pas s'en sortir.
- Ce n'est pas ce que tu semblais penser à la plage tout à l'heure.
- Et toi tu disais qu'on ne s'était rien promis, qu'il fallait que j'arrête de stresser et qu'on devait profiter.
- Il faut croire que j'ai menti.

Cette déclaration m'étourdit, je cherche son regard.
Soudainement, je me sens prête à tout pour qu'il ne pense plus à ça. J'ai envie de tout lui déballer, de lui révéler ce que j'ai ressenti dans la voiture en le regardant tout à l'heure.

Je me mords la lèvre parce que je reste tout de même convaincue que je ne dois pas trop lui en dire sur les sentiments grandissant que j'éprouve pour lui, mais chaque minute passées à ses côtés m'emplit de plus en plus de ces sensations.
Je sais que bientôt, ça prendra toute la place, je ne verrais plus que ça, ne sentirais plus que ça, mais qu'est-ce qui se passera ensuite ?

Je retombe mollement sur le matelas avant que sa voix ne me sorte de mes pensées.

- Je veux dire que je me suis aussi menti à moi-même. Je voulais te rassurer à la plage mais j'ai peur en vérité, murmure-t-il, tu vois, c'est comme quand tu attrapes un gros rhume. Au bout de quelque temps, tu ne te souviens plus de comment tu te sentais avant de tomber malade, c'est pareil pour moi. Aujourd'hui, le mal-être que je ressentais en Corée commence à s'évaporer, je commence à oublier cette sensation, mais quand j'y retournerais, l'inverse se produira, ce mal-être reviendra, et un jour, j'oublierai ce sentiment de légèreté quand je suis avec toi.

Mon cœur rate un battement, j'ai l'impression de ne plus rien contrôler.

- Tu es venu ici pour aller mieux non ?
- Je ne suis pas venu ici, à vrai dire, on m'a fait venir, sans me laisser le choix. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je serais certainement resté en Corée et j'aurai continué à vivre comme ça, honteusement. Mais enfin..., il soupire, allait mieux c'était l'idée, oui.

Je me tourne vers lui et cherche sa main sous les draps, la serrant fort dans la mienne tout en m'approchant de lui.

- Alors on va faire en sorte que tu ailles mieux Eunwoo et que tu n'oublies pas ce que ça fait de se sentir bien. Je t'aiderai.

Je me penche légèrement au-dessus de lui. Ma poitrine se retrouve rapidement collée à son torse tandis que je l'embrasse.
J'emplis ce baiser d'une douceur incomparable et nos souffles s'unissent pour n'en devenir qu'un seul. Sa main vient caresser ma joue et nos corps commencent à bouger l'un contre l'autre, s'attirant indéniablement.

Un bruit lointain me fait froncer les sourcils tandis qu'Eunwoo passe au-dessus de moi en parsemant mon cou de baisers.
Le bruit s'estompe puis revient m'agacer. Je finis par comprendre que mon téléphone vibre sur la table de chevet.

- Tu ne réponds pas ?, demande Eunwoo entre deux baisers.
- Ça doit être une erreur à cette heure-là.

Je prends son visage en coupe entre mes mains et embrasse ses lèvres avec envie mais mon téléphone vibre de plus belle.

- Putain, je jure en français.

Je m'extirpe du cocon dans lequel Eunwoo m'avait enfermée et prend mon téléphone.

Il est presque deux heures du matin et le prénom de Léo s'affiche sur mon écran. Ce n'est pas normal.

What's left of us - Cha EunwooOù les histoires vivent. Découvrez maintenant