What's left of us - Cha Eunwoo

23

Une semaine et toujours rien. Le vide a rempli mon appartement.

Je me sens constamment comme flottant entre deux eaux : j'ai des phases de colère où je me repasse la dernière discussion avec Eunwoo en boucle, m'imaginant toutes les fins qu'elle aurait pu avoir, puis des phases de réelle tristesse où il me manque terriblement. C'est toujours ce qui finit par me rattraper : le manque.

Assise au comptoir de la cuisine, la télé en fond sonore, je fixe l'horloge du four.
Je n'ai pas le courage d'aller à la villa pour essayer de rattraper les choses, après tout, il m'a demandé de partir et j'ai pris la décision de le préserver, je me dois de respecter nos choix. Je n'ai pas non plus pus me résoudre à appeler mon parrain parce que ça mettrait un point définitif à cette histoire et dans le fond, je m'attends désespérément au retour d'Eunwoo.

Deux coups contre ma porte d'entrée me ramènent à la réalité. Amorphe, je me lève pour ouvrir.
Le visage de Nathan apparaît devant moi.
Il justifie sa présence devant ma porte en me disant que la porte du hall en bas était ouverte, je hausse les épaules et le laisse entrer.

- Je te préviens, si tu es venu pour me faire la morale tu peux t'en aller de suite, je ne suis pas d'humeur.
- Je vois ça, dit-il en parcourant mon appartement du regard.

C'est vrai qu'avec du recul, c'est clairement le foutoir. J'ai tout laissé traîner et ça fait des jours que je n'ai pas remonté le volet de la pièce principale. Je mordille ma lèvre inférieure en me rendant compte d'à quel point c'est pitoyable.

- Je suis venu pour m'excuser en fait, dit-il en plongeant son regard dans le mien.
- Qui êtes-vous et qu'avez vous fait de Nathan ?
- Si tu comptes ironiser la situation, je me casse.

Son ton est grave et je croise les bras sur ma poitrine en soufflant. Je lâche son regard pour lui proposer un café, ce qu'il accepte.

- Putain mais c'est quoi ce bordel Lili ? Il est quatorze heures et t'es dans le noir.

Je ne réponds pas et avance dans la cuisine. Je suis obligée de laver des tasses parce que ça fait des jours que je n'ai pas fait tourner le lave-vaisselle, je me mets à renifler machinalement et suis éblouie par la lumière qui éclaire petit à petit la pièce dans mon dos. Je laisse échapper la tasse que je tenais au fond de l'évier en voulant la rincer, et pose mes mains sur les rebords du plan de travail avec l'impression de n'arriver de n'arriver à rien.

Nathan déboule derrière moi et me pousse un peu pour finir de rincer la tasse qui, par chance, ne s'est pas cassée. Il fait couler un café en silence. Je me sens toute petite quand son regard se reporte sur moi.

- Tout va bien d'accord ?, dit-il en se voulant rassurant, Léo va se remettre et on n'est pas en froid toi et moi.
- Arrête de croire que le monde tourne autour de toi, je crache.
- Ah ? Parce que tu trouves que c'est ce que j'ai dit ?

Je passe une main sur mon visage en soupirant et vais m'asseoir au comptoir, à l'endroit où j'étais installée avant que Nathan n'arrive. Il vient s'asseoir à son tour et pose les deux tasses pleine sur le comptoir.

- T'es trop bizarre comme meuf. Un jour tu te démènes pour que tout le monde autour de toi se sente bien et le jour d'après t'es capable de tout envoyer bouler. C'est quoi ton délire ?
- J'ai pas de conseil à recevoir de quelqu'un qui passe son temps à faire semblant.
- Tu ne veux pas que je fasse semblant ?, dit-il en pivotant sur sa chaise haute pour me faire face.

Il pose ses mains sur mes épaules et me fait pivoter à mon tour. Nos genoux se touchent et il me force à relever la tête vers lui, ses doigts tenant fermement mon menton.