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Les journées défilent à une allure impressionnante et bientôt, une semaine se sera écoulée. Je passe le plus clair de mon temps à la villa avec Eunwoo.

Nous sortons peu, à moins qu'il s'agisse d'errer dans le grand jardin de la maison. Nous passons nos journées à chahuter, nous câliner, nous embrasser sur le canapé en abandonnant le visionnage d'une dizaine de films lancés au hasard.
La villa est devenue la seule témoin de nos rires, de nos regards, de nos gestes tendres échangés en se croisant d'une pièce a l'autre et de nos discussions.

Il y a quelques jours, Eunwoo s'est mis à composer une mélodie au piano dans la salle de musique insonorisée.
Il a l'air plus épanoui que lorsqu'il est arrivé mais j'ai bien remarqué ses moments de doute lorsque je passe la tête par l'entrebâillement de la porte et que je le trouve assis, les yeux errants sur les touches du piano.
Je crois qu'il aime vraiment ce qu'il fait mais que ça ne l'anime plus comme au début, il me l'a avoué à demi-mot un soir où nous étions allongés dans le lit. C'est souvent lors de ses instants-là qu'il se confie un peu, dans l'obscurité de la nuit, lorsque je n'arrive pas à distinguer quelles émotions passent dans ses yeux. C'est aussi, étrangement, les moments que je préfère, ils sont empreints d'une nostalgie qui nous caractérise.

J'essaie de ne pas y penser et je sais qu'il s'y efforce aussi, mais nous savons tous les deux que les jours passent et nous rapproche de son départ. Il y a les jours où je me réjouis de sentir les bras d'Eunwoo m'enlacer sans prévenir, me prouvant que tout ça en vaut le détour, et les jours où ce que je ressens me surpasse tellement que ça m'effraie.
D'ailleurs, je n'explique toujours pas ce qu'il se passe entre nous, comment quelque chose comme ça a pu nous arriver : sauter dans les bras d'un inconnu comme s'il avait été sous mes yeux depuis toujours, comme si je n'avais attendu que lui depuis toujours.

Alors que le soleil décline, je jette un coup d'œil à Eunwoo. Il est concentré sur l'écriture d'un texte, penché sur la table basse du salon. Je m'installe sur le canapé, derrière lui, et laisse mes mains glisser jusqu'à ses épaules que je masse doucement. Il lâche son stylo qui roule sur le verre de la table.

- Qu'est-ce que tu écris ?, je lui demande.
- Je ne sais pas trop, des émotions, des sentiments. Peut-être que ça deviendra une chanson un jour.

Eunwoo fond contre le canapé entre mes jambes, me prouvant que mon petit massage lui fait du bien. Je me penche et dépose un baiser sur sa tempe alors qu'il laisse sa tête partir en arrière pour pouvoir me regarder. Son sourire me fait perdre la tête et je l'embrasse à l'envers.

Nos lèvres dansent d'abord dans un rythme doux et je suis incapable de m'en éloigner, peu importe si les muscles de ma nuque commencent à tirailler d'être dans cette position un peu inconfortable.
Je me laisse finalement glisser sur le sol et je ne sais pas comment nous faisons mais nos bouches ne se quittent qu'un très court instant, se frôlant simplement pendant quelques secondes.

Alors que je me retrouve sur le tapis à côté d'Eunwoo, nos mains commencent à se faire baladeuses. Nous nous sommes beaucoup touchés et embrassés durant cette semaine, sans jamais passer le cap d'un rapport charnel. Eunwoo trouve toujours un moyen de me faire patienter pour une raison que j'ignore mais je crois que j'arrive à ma limite : j'ai besoin de plus. Tout mon corps réclame le sien et il m'est difficile de l'ignorer.

- On devrait aller manger, je souffle contre ses lèvres avant de ne trop m'enflammer.

Les yeux d'Eunwoo me toisent un instant et, sans prévenir, ses lèvres s'écrasent sur les miennes alors qu'il murmure un "plus tard" à peine perceptible. Ses mains enlèvent mon tee-shirt et enflamment ma peau alors qu'elles glissent sur mon ventre. Il s'éloigne un instant et ses yeux parcourent ma poitrine retenue dans un soutien-gorge. J'y décèle une lueur nouvelle, un brasier qu'il attise derrière ses iris.

Sa bouche se perd sur mes clavicules et il décroche mon soutien-gorge d'une main habile. Lorsque sa langue glisse sur l'un de mes tétons, je comprends que, ce soir, il n'y aura pas d'excuses, qu'il vient de décider de mettre fin à l'attente. Alors qu'il m'allonge sur le tapis tout en embrassant mon ventre, il repousse la table dans un bruit assourdissant, à tel point qu'il redresse la tête pour vérifier qu'il ne l'a pas casser, provoquant nos légers rires.

Il se reconcentre sur sa tâche. Mon jean délivre mes jambes et ses vêtements, que je m'attelle à lui enlever, disparaissent dans un coin du salon. Ses mains délivrent mon âme et sa bouche enflamme chaque cellule de mon corps. Nous venons à peine de commencer et c'est déjà une sensation incroyable. Ma culotte disparaît, son regard enveloppe mon corps et ce regard vaut tous les compliments du monde. Le tapis n'est pas très confortable mais c'est le dernier de mes soucis.

Ses doigts caressent l'intérieur de mes cuisses et sont vite rejoint par sa bouche. Il mordille puis lèche doucement ma peau et chaque seconde devient plus magique que la précédente. Mes mains désordonnent ses cheveux, et lorsque l'un de ses doigts atteint mon intimité et s'y immisce, tous les poils de mon corps se hérissent. Ses yeux sur moi sont une bénédiction et alors qu'il ajoute un nouveau doigt, il se penche pour me donner un baiser intense, sa langue jouant avec la mienne.

Ma respiration n'a plus de rythme défini et mes lèvres laissent échapper des gémissements étouffés contre les siennes.
Ma main glisse dans son sous-vêtement et, alors que je saisis son sexe, il s'en débarrasse rapidement. Son regard s'embrase lorsque je le touche et que ma main bouge de haut en bas contre lui.

Les minutes s'étiolent et pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs. La chaleur du corps d'Eunwoo juste au-dessus du mien me rend complètement dingue.
L'une de mes mains abandonne son corps alors que je tire sur la lanière de mon sac à main qui avait fini abandonné sur le canapé. J'en sors un préservatif et remercie secrètement Rose d'en avoir mis là un soir de beuverie. Je prends l'initiative d'enfiler le latex sur le sexe de mon amant. Ses baisers s'intensifient alors qu'il s'installe entre mes jambes.

- Est-ce que ça va ?, il me demande dans un murmure, ses yeux ne quittant pas les miens.
- Tout va très bien.

Eunwoo me rend un sourire radieux et penche son visage vers le mien, s'immisçant en moi alors qu'il m'embrasse.
Nos lèvres s'ouvrent, laissant se mélanger des souffles de plaisir. La sensation est indescriptible, mon corps en tremble déjà. Mes mains griffent son dos alors qu'il installe son rythme. Il embrasse mes seins et mon cou, intensifiant mes gémissements que je n'essaie pas de retenir.

Nos positions s'inversent après plusieurs minutes et je mène la danse au-dessus de lui. Sa bouche entrouverte sous le plaisir me fait perdre la tête. Il se redresse et l'une de ses mains passe sur la chute de mes reins pour me maintenir contre lui alors que nos bassins glissent l'un contre l'autre. Nos peaux se reconnaissent et se répondent comme si elles l'avaient déjà fait des milliers de fois et la sensation est puissante. La tension, l'alchimie entre nous se passe de description, se passe de mots.

Nos bouches et nos langues s'abandonnent parfois mais se retrouvent sans cesse et lorsque que sa main passe entre nous et que son pouce roule sur mon clitoris, je défaillis.
Son autre main m'aide à garder un rythme rapide au-dessus de lui. Mon corps tremble tandis que mes cordes vocales vibrent plus follement encore et je jouis alors que ses lèvres mordillent la peau fine à la naissance de mon cou.

Quelques mouvements supplémentaires suffisent à le laisser atteindre l'apogée à son tour et nous sommes tout simplement incapables de bouger pendant quelques secondes. Il me tient fermement contre son torse qu'une fine couche de sueur est venue recouvrir alors qu'une de mes mains se perd dans ses cheveux ébène.

J'ai du mal à reprendre mes esprits. Je ne comprends pas vraiment les sensations qui viennent de m'assaillir. Eunwoo se rallonge après avoir déposé un baiser mouillé dans mon cou et je me retire doucement, m'allongeant à ses côtés, toujours sur le tapis et je ne comprends même plus ce qu'on fait encore là.
Le chanteur finit par se lever, étirant son dos en grimaçant et disparaît dans les toilettes quelques secondes avant de revenir et de me tendre sa main :

- On prend une douche ?

Je souris en attrapant sa main pour me lever à mon tour. Il saisit mes cuisses soudainement, me soulevant pour que je m'agripe à lui. Surprise, je lâche un cri qui le fait rire et il me porte jusqu'à la salle de bain, ses lèvres ne quittant plus les miennes. J'aimerais qu'elles se scellent pour l'éternité.

What's left of us - Cha EunwooOù les histoires vivent. Découvrez maintenant