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Je suis particulièrement stressée quand je sonne à la porte d'entrée de la villa.
Eunwoo ouvre, il est très beau, comme toujours et me fait signe d'entrer.
Je n'ai pas droit au sourire habituel et ça ne fait qu'augmenter mon stress.
Et s'il avait décidé de ne plus travailler avec moi ? Peut-être qu'il m'a fait venir pour me dire qu'il s'est entendu avec mon parrain et a trouvé un remplaçant ?

Je le suis au salon. Comme d'habitude, il a mis une musique douce en fond et la pièce sent bon. Il me demande si je veux boire quelque chose et me sert un simple verre d'eau à ma demande. Nous nous installons sur le canapé et je me mets volontairement loin de lui, me préparant à me faire congédier.

- Comment tu vas ?, me demande-t-il.
- Ça peut aller et toi ?
- Pas très bien.

Je reste silencieuse un petit moment, le temps de boire une gorgée d'eau dans l'espoir que mon stress me quitte.

- Ça fait six jours qu'on ne s'est pas vus et ça m'a semblé une éternité.

Mon cœur manque un battement, sa voix est basse. Il se lève et vient s'asseoir près de moi. J'essaie d'ignorer que mes mains tremblent contre mes genoux.

- Je ne sais pas comment c'est possible et je ne sais pas pourquoi ça m'est tombé dessus comme ça, mais je n'arrive pas à te sortir de ma tête.

Je veux dire quelque chose mais j'ai la sensation qu'aucun son ne sortira de ma bouche si je tente de parler.

- J'ai réfléchi pendant ces six jours. Je ne veux pas passer le temps qu'il me reste ici comme ça, à t'éviter. Je sais que c'est fou, qu'on se connait peu, mais je sais que c'est ce que tu ressens aussi.

Eunwoo prend ma main dans la sienne. Ce contact me rappelle à une réalité que je ne peux ignorer : je frissonne à chaque fois qu'il me touche, je me perds dans ses yeux à chaque fois qu'il me regarde, je suis irrépressiblement attiré par lui.
Cette attraction me fascine autant qu'elle me terrifie mais je ne crois pas pouvoir aller contre indéfiniment.

- Si tu es prête à mettre tes angoisses de côté, alors je ferai de même. Peu importe mon contrat, mon travail et le reste.
- Tu vas finir par t'en aller, je soupire.
- Oui. Je ne peux pas te promettre quelque chose de stable mais j'ai besoin de ta compagnie ici et je crois que tu as besoin de la mienne.

J'acquiesce et je resserre ma main autour de la sienne. Je me rends compte à présent que ces six jours ont été très longs.
En peu de temps, Eunwoo m'a marqué au fer rouge. Les mots de Rose me reviennent à l'esprit : c'est trop fort pour pouvoir passer à côté de ça.
Elle a raison, je dois lâcher prise, ne pas penser à ce qui pourrait se produire demain, mais profiter de l'instant.

- D'accord.

J'accepte, même si c'est pour avoir mal, je ne peux pas passer à côté de lui, la symbiose entre nous est trop précieuse pour la laisser mourir sans lui avoir donné une chance.

Il me sourit et je crois que c'est le plus beau sourire qu'il m'ait été donné de contempler en vingt-cinq ans d'existence.
Il écarte quelques mèches de mes cheveux qui tombaient sur mon visage et se rapproche un peu plus de moi. Pour une raison que j'ignore, alors qu'Eunwoo s'approche dangereusement de moi, mes yeux sont attirés sur l'horloge fixée sur le mur derrière le chanteur.

- Oh putain !, je m'exclame en français par réflexe, ma mère !
- Quoi ?
- Je dois manger avec ma mère dans quinze minutes, je vais être à la bourre !

Je me précipite dans le hall d'entrée et mets ma veste. Eunwoo me rejoint dans l'entrée, l'air déçu que je parte déjà, et si ça ne tenait qu'à moi, je serais probablement restée.

What's left of us - Cha EunwooOù les histoires vivent. Découvrez maintenant