Chapitre 3 ~ Chaque vie est une étoile, j'aime le fait que nous formions une constellation
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Je me réveille dans les bras de Ray et me redresse pour m'asseoir en frottant mes yeux, une couverture glissant lentement de mes épaules. Je tourne la tête et aperçois tous nos frères et sœurs, du moins ceux de mon dortoir, qui dorment profondément. Je tends un bras pour attraper le réveil sur ma table de chevet et tente tant bien que mal de lire l'heure grâce à la faible lueur qui filtre à travers la fenêtre, baignant la pièce d'une lumière fantomatique, presque irréelle.
Il est minuit et une minute. Nous sommes déjà demain. Ou aujourd'hui ? Je ne sais pas, c'est une question existentielle trop compliquée pour moi, et à mon avis, elle le restera.
Ray remue doucement dans son sommeil, je décide de m'écarter un peu pour lui laisser plus de place sur le matelas une personne en reposant le réveil sur la table de chevet. Je me lève lentement et le plancher de bois craque légèrement sous mes bottines. J'hésite à les enlever puis décide de les garder car il fait frais la nuit, dans l'orphelinat de Grace Field.
— Violet..?
— Je suis là, mais il fait sombre vu qu'il est minuit.
— Je vois.
Je vois son ombre se redresser pour s'asseoir. Il se dirige vers la fenêtre et sa silhouette se découpe sur la pâleur de la lune. Mon ami parait bien plus petit et bien plus fragile durant la nuit, c'est étonnant. Ses épaules tremblent, Ray semble pleurer. Je ne bouge pas de là où je suis, il m'en parlera quand il sera prêt, non ?
Il essuie ses yeux avec sa manche avant de se tourner vers moi, son sourire se découpant dans la pénombre. Un si petit sourire pour cacher une si grande peine. Que se passe-t-il donc dans sa tête pour que sa carapace blasée se brise lorsque vient la nuit ?
Là, je décide de m'approcher, de lui prendre la main et de le regarder avant de proposer :
— Allons nous promener dans le silence.
Ray ne dit rien, se contentant de serrer ma petite main dans la sienne. Doucement, je le tire dans mon sillage, faisant craquer très légèrement le parquet, arrivant dans le couloir. Un peu plus loin dans le couloir, j'aperçois une lueur qui filtre sous la porte de la chambre de Maman. Patiemment, nous attendons que la lumière s'éteigne avant de reprendre notre route. Je m'arrête devant le mur avec tous nos dessins, en face de la porte qui mène à la salle de jeux.
— Ils sont effrayants la nuit, c'est... surprenant...
C'était à peine un souffle, un murmure, mais le noiraud à mes côtés hoche la tête en signe d'accord.
Lentement, je détourne mon regard des dessins réalisés par les plus petits et Ray m'entraine vers la porte qui mène au dehors. Je frissonne et frotte vigoureusement mes bras pour me réchauffer, ayant froid à cause du léger vent qui souffle en faisant onduler l'herbe.
On part s'asseoir au pied de l'arbre, Ray ferme les yeux tandis que je lève la tête pour observer les morceaux de ciel nocturne qui filtrent entre les branches et le feuillage de l'arbre. Je souris, me sentant bien, comme si mon vide ou ma façon d'être entrait en résonance avec le monde extérieure. Comme si ma propre étoile brillait aussi fort que les autres, là-haut.
— Ray ?
— Hm ?
— Est-ce que tu aimes les étoiles ? Ou le ciel en général ?
— Bof... Ce sujet m'importe peu, à vrai dire. Pourquoi ?
— Pour rien. Même si... Je pense que chaque vie est une étoile, j'aime le fait que nous formions une constellation tous ensemble. Toute notre vie, nous allons rencontrer d'autres vies - d'autres étoiles - et former ainsi de nouvelles constellations. Comme si notre existence était un ciel étoilé en changement permanent...
Ray reste silencieux et me prend doucement la main, me faisant baisser la tête pour le regarder. Le seul œil visible me lance un regard déroutant, déconcertant, profond et étrange. Je souris et aperçois le reflet de mon sourire dans son regard tandis que les coins de ses lèvres se retroussent légèrement pour un début de sourire.
Je me sens comme dans une bulle, à l'abri dans les racines de l'arbre qui nous a vus grandir et cachée par son feuillage, les étoiles au-dessus de nous semblent scintiller et la lune avance lentement dans le ciel, changeant lentement nos ombres de place, centimètre par centimètre.
Mon ami avance légèrement la tête et colle nos fronts, son timide sourire illuminant son visage et adoucissant ses traits d'habitude blasés et sérieux à la fois. J'écarte doucement sa mèche de cheveux noirs et sens mes joues chauffer légèrement, remerciant silencieusement le fait qu'il fasse noir pour cacher mes rougeurs.
— Je suis heureuse que tu fasses partie de ma constellation...
— Violet, je...
Je le regarde en silence, attendant qu'il termine sa phrase mais, à mon plus grand regret, il recule sa tête en la secouant, comme pour dire "non", et s'excuse rapidement de raconter n'importe quoi. Mes sourcils se froncent et je tente de le tirer vers moi en l'attrapant par la manche, il se dégage doucement et me fait un rapide bisou sur la joue avant de se lever pour s'éloigner et retourner à l'intérieur des murs de l'orphelinat.
Cet orphelinat qui me donne l'impression d'étouffer à l'intérieur de ses murs, qui me serre le cœur à en pleurer, à en crever.
Je serre les poings et ramène mes jambes vers moi, regardant simplement la silhouette de Ray disparaitre dans l'ombre, derrière la porte de l'orphelinat. La porte se referme sans un bruit, à peine un souffle. Je ferme les yeux, essayant d'imaginer mon noiraud adoré se déplacer dans l'orphelinat pour aller se glisser dans son lit probablement glacial afin de finir sa nuit au milieu des respirations apaisés de nos camarades.
Le monde est injuste. Et parfois juste. Mais ici, à Grace Field, il n'y a que de l'injustice. Après tout, les tests que nous faisons chaque jour ne sont pas adaptés à tout le monde...
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Et à la fin, une fleur... || Tpn
FanfictionViolet vit à l'orphelinat de Grace Field, comme ses amis Emma, Norman et Ray. Elle porte le matricule 87194, mais elle est bien plus que son matricule. Elle est une amie, une soeur, une fille amoureuse. Elle est l'infinité des possibles et les regre...