Chapitre 11

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Chapitre 11 ~ Quand tu dis des monstres, tu plaisantes, n'est-ce pas ?

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- Conny, viens là, je vais t'aider à fermer ta veste.

- J'arrive, Violet !

Assise sur mon lit, dans le dortoir que je partage avec la plupart des filles de l'orphelinat, je souris à la petite Conny qui se prépare à rejoindre sa nouvelle famille ce soir. Elle vient se mettre face à moi et je ferme un à un les boutons de sa veste avant de remettre le col correctement en place.

Une fois cela fait, Conny part mettre le chapeau que tient Phil qui se retient de pleurer pour le départ de sa meilleure amie, même si je soupçonne un amour d'enfant derrière cette amitié. Oh, Phil, je suis tellement désolée pour toi... Les deux petits se regardent en faisant des petits sourires tristes, je décide de quitter la pièce, incapable de supporter cette mise en scène qui cache une livraison.

Je pars dans la bibliothèque que j'ai appris à aimer et m'assieds sur le rebord de l'une des fenêtres pour observer l'extérieur, attendant le moment où Maman va appeler Conny pour qu'elle fasse ses adieux à tout l'orphelinat. Une main se pose sur mon épaule, me faisant tourner la tête, il s'agit de Norman.

- Tout va bien ?

Non.

- Oui, ne t'en fais pas, je suis simplement triste à l'idée de voir partir Conny même si je suis heureuse pour elle.

- C'est normal, je crois que tout le monde est dans cet état ce soir...

Je hoche la tête et me lève, car j'entends les enfants descendre pour dire au revoir à notre sœur.

- Tu crois qu'on se fera adopter un jour, nous aussi ?

- Il serait temps, nous commençons à être vieux !

Je ris doucement suite à la réplique de mon ami qui m'aide à descendre pour éviter que je ne me fasse mal, ce serait idiot alors que ma jambe est bientôt guérie. Sur le chemin, je croise Ray qui fronce les sourcils en voyant Norman aussi près de moi, m'obligeant à ignorer ce pincement au cœur.

- Norman, je crois que tu devrais aller consoler Emma, elle retient ses larmes en bas, lâche Ray avec une pointe de jalousie dans la voix.

- Ça va aller, Violet ?

- Oui, ne t'en fais pas, Norman, va voir Emma, elle aura besoin de toi. Et puis, Ray est là au besoin.

Norman hoche la tête et me confie à Ray qui s'empresse de m'aider à rester en équilibre tandis que le blanc descend rejoindre la petite rousse qui nous sert d'amie. Dès qu'il a disparu, je me tourne vers mon noiraud, rougissant légèrement en voyant que nos visages sont très près l'un de l'autre.

- La peluche est en place ?

- Je préfère attendre un peu avant de la poser sur la table. Il faut que Maman et Conny soient au portail pour que je la mette, et le reste des enfants dans leur dortoir. Vi, je voulais te dire...

Il est interrompu par Jemima et Phil qui viennent nous chercher pour qu'on puisse dire adieu à Conny. Je lui fais signe qu'il pourra toujours me dire ce qu'il voulait me dire plus tard quand il n'y aura personne pour l'interrompre. Ray hoche la tête, les joues légèrement rouges.

On arrive près des autres et Conny vient me faire un câlin avant que Maman ne lui fasse signe qu'il est l'heure d'y aller.

- Au revoir, Conny, prends soin de toi...

Ray pose sa main sur mon épaule en signe de soutien tandis que Don et Gilda emmènent les petits se coucher pendant qu'avec Emma et Norman, on observe la lueur de la lanterne qui se balance et s'éloigne en direction du portail.

Je commence à monter pour aller me coucher après quelques minutes lorsqu'Emma pousse une exclamation de surprise et déboule dans le couloir en panique, la peluche de Conny dans les mains. Ray apparait ainsi que Norman qui regardent notre amie, l'un avec son indifférence habituel et l'autre avec inquiétude.

- Conny a oublié sa peluche ! Oh, la petite idiote, je lui avais dit de faire attention ! fait Emma.

- Il y a encore de la lumière au portail, dit Ray. Avec un peu de chance, tu sauras lui donner avant qu'elle ne s'en aille.

Norman, qui est déjà à la porte, fait signe à Emma pour qu'ils y aillent ensemble. Avec Ray, je les regarde disparaitre dans la nuit noire.

- Eh bien voilà, maintenant, plus qu'à attendre qu'ils rentrent. Tu es d'accord pour que je leur dise que je suis au courant pour les démons ?

- Si ça peut apaiser ton cœur, oui, je suis d'accord. Mais ne compte pas sur moi pour faire la même chose !

Je ris doucement et serre sa main pendant quelques minutes avant qu'il ne monte pour aller dormir, me faisant un bisou sur le front au passage.

Pendant plusieurs longues minutes, je fixe la porte de l'orphelinat en étant assise sur les marches de l'escalier, attendant que Norman et Emma reviennent. Ce qu'ils font après encore quelques minutes.

Ils sont essoufflés et se regardent comme pour s'assurer qu'ils ont bien vu la même chose, une lueur d'effroi dans le regard.

A cette vision, je décide de m'approcher d'eux. Le parquet craque sous mes pas, les faisant sursauter avant qu'ils ne soupirent de soulagement en voyant que ce n'est que moi. Mais ma mine sérieuse leur fait froncer les sourcils.

- Vous êtes au courant, n'est-ce pas ? Pour les démons.

- Comment tu.., commence Emma avant que je ne l'interrompe.

- J'ai été au portail, comme vous, c'était il y a plusieurs mois. Et j'ai vu la vérité, l'horrible vérité, de l'orphelinat.

Emma s'avance vers moi et Norman nous observe tandis que je prends mon amie dans mes bras.

- On trouvera un moyen de s'en sortir, Emma, on trouvera un moyen de sauver tout le monde.

- Tout le monde ?

- Tout le monde !

Pourquoi je mens comme ça ?

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant