Chapitre 8

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Chapitre 8 ~ Bien plus qu'un os brisé

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Le silence m'enveloppe tandis que Ray est toujours dans le bureau de Maman. Le silence m'oblige à réfléchir à la situation dans laquelle nous sommes, à mes origines, à mon matricule, à qui je suis.

D'abord, notre situation. Le fait de devoir utiliser la livraison de Conny pour expliquer la situation à Emma et Norman ne me plait pas vraiment, même si je sais que nous sommes un peu pressés par le temps vu que Maman va sûrement bientôt découvrir que je suis au courant pour les démons et le fait que l'orphelinat soit une ferme pour nous élever dans les meilleures conditions possibles. Ma petite Conny... Si tu savais comme je m'en veux déjà pour ce que tu vas subir pour nous aider à nous libérer...

Mes origines. J'aimerais bien savoir qui sont mes parents, et je suis de plus en plus sûre que la femme de la photo dans mon médaillon est ma mère, mais bon... Il faudrait d'abord que j'ai accès à mon dossier qui doit se trouver dans le bureau de Maman. Peut-être que je pourrais demander à Ray s'il peut demander à lire mon dossier en récompense pour le travail qu'il fournit ? Il faut que je vois ça avec lui, quand il reviendra pour dormir avec moi.

Mon matricule, je n'ai pas envie d'y penser, il est là, tout simplement. Mais je suppose que c'est comme avec les bêtes. C'est pour nous marquer afin qu'on puisse être identifié, car je suis sûre que Grace Field ne doit pas être la seule ferme pour fournir les démons en nourriture. Il doit y avoir d'autres fermes avec d'autres façons de marquer les enfants dans d'autres régions de ce monde.

- Et... qui suis-je ? Qui se cache derrière Violet ?

Bah oui, après tout, je ne peux pas être que mon matricule, que mon prénom, que l'une des enfants de Grace Field. Je suis sûre que je suis plus que ça ! Ray me l'a dit. Mais... l'a-t-il dit simplement pour que je crois en lui et que je coopère ? Et s'il me manipulait comme il manipulait la vérité pour que nos frères et sœurs restent dans l'illusion confortable de Maman et de l'orphelinat ?

- A quoi tu penses, Violet ?

- Ray ! Préviens la prochaine fois, tu m'as fait peur. Imbécile...

Il sourit, légèrement amusé par ma réaction, mais son sourire a l'air fatigué, comme si lui-même ne croyait pas à la joie et l'amusement qu'il est censé représenter.

Je fais signe à mon ami de venir pour qu'on puisse discuter sans que je ne me fasse mal en voulant me redresser. Ray passe un bras sous mes cuisses et l'autre autour de ma taille pour m'aider à m'adosser à l'oreiller afin que je puisse être assise et droite. D'un doux geste de la main, il me remet une mèche de cheveux bouclés derrière l'oreille avant de me faire un bisou sur la joue.

Le contact de ses lèvres contre ma joue me donne l'impression d'être électrocutée. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et de minuscules rougeurs apparaissent sur mes joues, je sens également mes oreilles chauffer. Ray rougit aussi en voyant les réactions qui ont suivi son geste d'affection.

- Alors, à quoi tu pensais avant que j'arrive ?

- Tu as discuté de quoi avec Maman ?

- Bon, je vois bien que tu me diras rien, alors je veux bien te dire de ce qu'on a parlé avec Maman, et puis au fait, moi, j'ai vraiment le droit de l'appeler "Maman" vu qu'elle est ma mère biologique.

- J'avais raison du coup !

- T'as toujours eu raison, Vi. Même durant les tests d'aptitudes. C'est juste que tu réfléchis pas comme les autres, aucun modèle de réflexion comme le tien n'a été constaté avant, c'est pour ça que tu ne finis pas les tests aussi bien que moi, Emma ou Norman.

Je reste figée un instant tandis que les informations s'enregistrent dans ce qui me sert de cerveau. Un regard vers Ray me confirme que j'ai bien entendu et compris ce qu'il venait de dire.

- Oh...

Il hoche simplement la tête avant de venir s'asseoir à côté de moi. Je pose ma tête sur son épaule et il pose sa tête sur la mienne tout en me prenant la main pour la serrer doucement dans la sienne.

- Pour ma conversation avec Maman, eh bien...

Je me rends compte que je retiens ma respiration en attendant qu'il termine sa phrase. Je m'oblige à lâcher un soupir et à me remettre à respirer normalement tandis que mon noiraud semble chercher ses mots.

- Eh bien, tout d'abord, elle m'a appris la livraison de Conny et ça m'a foutu un sacré coup au moral même si j'étais déjà au courant grâce à toi. Ensuite, je lui ai dit que tu étais au courant pour les démons. Quand j'ai dit ça, j'ai vu son regard s'illuminer, comme si elle venait de comprendre quelque chose. Tu as sauté de l'arbre pour cacher tes larmes de tristesse derrière des larmes de douleur à cause de ta jambe cassée, n'est-ce pas ?

- Oui. Il faut croire que j'avais bien joué la comédie pour que tu comprennes après qu'elle ait compris... En sautant, je m'offrais une bonne raison de pleurer alors que je faisais ce que j'aimais, et puis, si ça permettait de brouiller les pistes même quelques heures, ça ne me posait pas vraiment de problème. Je sais pas trop si tu comprends où je veux en venir...

- Ne t'en fais pas, je crois que j'ai compris. Et puis, je crois que j'aurais fait pareil...

- Autre chose ?

Il me regarde quelques secondes avant de comprendre que je parle de sa conversation avec Maman et hoche la tête.

- A la fin de la conversation, elle m'a demandé ce que je voulais comme récompense. Je lui ai dit que j'allais y réfléchir car cette fois, je voulais une récompense qui aurait du sens à mes yeux... Violet, quelle est la chose que tu souhaiterais avoir, là, tout de suite, maintenant ?

- Mon dossier. Mon histoire. Mes origines.

C'est sorti tout seul, les mots avaient franchi mes lèvres avant que je ne m'en rende compte. Ray se contente d'un petit hochement de tête. Il ne donne pas son avis, il sait que je n'ai pas lâché ces mots sans une bonne raison.

- Très bien. Alors je ferais en sorte que tu puisses savoir et trouver qui tu es grâce à ton dossier.

C'est en entendant sa réponse que je me rends compte qu'il savait à quoi je pensais avant qu'il ne revienne. Décidément, avoir des secrets l'un pour l'autre est l'une des choses qui nous est impossible depuis que nous nous connaissons.

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant