Chapitre 12

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Chapitre 12 ~ Alea jacta est

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Cela fait déjà quelques jours que Conny a été livrée et que mon cœur se resserre un peu plus sur lui-même à chaque seconde.

Aujourd'hui, je dois aller dans les bois pour écouter le plan d'Emma et Norman pour mettre Ray au courant pour les démons et le fait que l'orphelinat soit une ferme. S'ils savaient... Mais pour le moment, je lis un peu avec mon noiraud qui a un petit sourire aux lèvres depuis que je suis venue m'asseoir à côté de lui, au pied de l'arbre, juste après les tests que l'on fait chaque matin.

- Ray, je vais bientôt devoir aller rejoindre les deux autres.

- Ça va aller avec ta jambe ?

Son regard inquiet m'attendrit et je lui fais un sourire rassurant.

- Ne t'en fais pas. Je n'ai plus besoin de béquille depuis hier soir. Je vais juste devoir me déplacer plus lentement pendant encore quelques jours avant de pouvoir me remettre à courir pour jouer au loup dans les bois ou à cache-cache avec les autres ! Enfin, lire avec toi ne me dérange pas, donc...

Suite à mon aveu, je sens mes joues et mes oreilles chauffer. Je décide de me lever et d'aller au lieu de rendez-vous avant de m'enfoncer encore plus dans cette situation gênante, arrachant un discret rire à mon ami.

Je lui fais un petit signe de la main avant d'aller dans les bois, dans une clairière qui se trouve au pied de l'imposant mur qui entoure tout l'orphelinat.

Voyant qu'Emma et Norman ne sont pas encore arrivés, je me dis que j'aurais pu rester encore un peu avec Ray.

Ray...

Je crois que je l'aime un peu plus chaque jour qui passe, mais je ne sais pas comment lui dire ni comment savoir s'il ressent la même chose que moi. Anna m'a dit qu'il semblait plus doux et plus tendre avec moi que le reste des enfants de l'orphelinat...

Distraitement, je chipote à mon pendentif avant que la voix d'Emma qui m'appelle ne me sorte de ma rêverie.

- Ah, vous êtes enfin là !

- Tu pensais à quoi ? me demande Emma en souriant.

Je rougis légèrement puis hausse les épaules en me disant que ce n'est pas bien grave de dire le sujet de mes réflexions.

- Je pensais à Ray.

- Ah, d'accord ! Attends, quoi ?!

Norman éclate de rire face à la réaction de notre amie qui nous regarde, toujours autant choquée parce que je viens de dire. J'avoue que ça doit être surprenant de voir que quelqu'un puisse penser à Ray sans vouloir lui coller son poing dans la figure.

- Pourquoi tu pensais à lui ?

- Secret. Bon, vous vouliez me dire quoi, tous les deux ?

- Ça a un rapport avec Ray, justement, m'informe Norman en ne faisant pas attention à Emma.

- Oh...

Il hoche la tête tandis qu'Emma reprend doucement son sérieux vu qu'on parle des démons pour lesquels on risque d'être livrés. Ça me fait penser qu'il faudra que je parle avec Maman car je suppose que ma livraison aura bientôt lieu.

- Vous voulez le mettre au courant ? Mais comment ?

Mon Dieu, comme je joue bien...

- Eh bien, fait Emma, on s'est dits qu'il te croirait davantage que nous deux vu le temps que vous passez ensemble. On dirait que vous n'avez aucun secret l'un pour l'autre, alors si tu lui dis que l'orphelinat est une ferme où on élève des enfants pour les donner comme repas à des démons, peut-être qu'il te croira...

- Ce n'est pas simple ce qu'on te demande, on le sait bien, ajoute Norman. Mais si tu pouvais essayer de lui dire, ça nous arrangerait, car on va devoir mettre Gilda et Don au courant également.

Ils attendent une réaction de ma part. Je ne sais pas quoi leur donner comme réponse, étant perdue dans ce que je dois dire pour ne pas que la couverture de Ray vole en éclats ainsi que la mienne.

- Vous faites quoi, tous les trois ? demande quelqu'un dans mon dos.

Je me retourne et croise le regard du noiraud. Silencieusement, je lui demande de l'aide. Ray soupire et s'avance, attendant qu'on lui réponde.

T'as intérêt à savoir jouer la comédie !

- Eh bien, Ray, il se trouve que... l'orphelinat n'en est pas un. C'est juste une ferme où on nous élève pour que nous servons de nourriture à des démons !

Alea jacta est. Le sort en est jeté, tu as toutes les cartes en main, Ray.

Deux secondes de silence suivent. Puis cinq. Dix. Vingt. Une minute de silence passe pendant que je lance un regard désolé à Emma et Norman qui tentent de me rassurer par un sourire.

- Je me disais bien qu'il y avait un truc louche depuis que vous êtes rentrés du portail, vous deux ! finit par dire Ray en pointant nos deux amis avec son livre.

- C'est tout ce que ça te fait ?! crie Emma, choquée de voir qu'il accepte cette vérité avec autant de détachement.

Si elle savait...

- Mais arrêtes de crier, rooh ! rouspète le noiraud.

Norman rit doucement pour détendre l'atmosphère, ce qui semble calmer la rouquine.

- On devrait essayer de réfléchir à un moyen de s'enfuir pour la prochaine fois qu'on se regroupe comme ça, fait Norman après avoir cessé de rire.

- D'accord.

Il repart avec Emma tandis que Ray rougit légèrement en voyant que nous sommes complètement seuls.

- Tu te souviens quand je devais te dire un truc mais que Jemima m'a interrompu, ainsi que Phil, pour qu'on dise au revoir à Conny, le jour de son départ ?

- Oui, je me souviens. Pourquoi tu me parles de ça ?

- Eh bien, j'ai envie de te dire ce truc que je souhaitais te dire ce jour-là.

Plus la conversation avance, plus il rougit et rallonge les silences qui devancent ses réponses. Ça me met presque mal à l'aise.

- Oh... Et donc ?

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant