Chapitre 18 ~ Un cœur débordant d'amour survit à tout
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Face à la valise que je suis censée remplir, je n'ose pas bouger, contemplant l'objet en silence car je sais que ça ne me servirait à rien, mais... Curieusement, j'ai envie de jouer le jeu, de faire comme si j'allais vraiment être adoptée. De faire comme si tout était normal et parfaitement sous contrôle. Que c'est un au revoir et non un adieu.
J'ai envie de faire comme si j'allais revoir un jour Ray, Emma, Norman, Don, Gilda, Phil, Jemima et les autres.
Je pose une main sur mon cœur et serre ma chemise en me retenant de pleurer tandis que les souvenirs de mon enfance avec tout le monde me reviennent en mémoire. Un bras entoure mes épaules et me serre contre un torse que je connais bien. D'autres personnes se joignent à mon câlin avec Ray : Emma, Norman, Phil, Jemima, Anna, Don, Gilda, Thoma, Lannion. Tous m'entourent de leurs bras, voulant un dernier câlin avec moi avant que je ne commence à me préparer pour mon "adoption".
- Vous allez me manquer...
Un murmure, presque un souffle, inaudible par personne d'autre que moi-même.
Ils finissent par me lâcher et je commence à remplir ma valise de mes plus beaux souvenirs : mon carnet à dessin avec mes crayons, mon doudou, les photos que Ray a prises de l'orphelinat et de notre famille lorsqu'il a reçu un appareil photo en échange de son travail d'espion, mon dossier. Puis je referme la valise sur tout ce qui a fait que j'ai eu une belle et merveilleuse vie, même si elle n'a duré que onze ans.
- Allez, il est temps que je m'habille ! fais-je avec une fausse bonne humeur teintée de tristesse et de nostalgie.
- Les garçons, dehors ! Même toi, Ray ! crient Emma et Gilda en poussant les garçons hors du dortoir afin que nous ne soyons plus qu'entre filles.
Avant qu'il ne disparaisse dans le couloir, j'échange un regard tendre et triste avec Ray qui finit par détourner le regard pour que je ne vois pas les larmes qui menacent de couler le long de ses joues. Je me tourne vers Emma qui hoche doucement la tête et me lance un regard rassurant ; dans ses yeux verts, je lis qu'elle fera tout pour prendre soin de mon noiraud.
- Viens, Violet, je vais brosser tes cheveux, me dit gentiment Anna en me tirant par le poignet pour que je m'asseye sur un lit.
- Je vais chercher ton uniforme de départ, annonce Gilda avant de quitter la pièce pour aller près de Maman qui lui donnera ma tenue de départ.
Je ferme les yeux tandis qu'Anna passe la brosse à cheveux dans mes boucles violettes. Emma ne dit rien, elle se contente de s'agenouiller devant moi pour prendre mes mains dans les siennes et les serrer doucement. De sa voix douce, mon amie me raconte des souvenirs, des parties de jeu du loup, des parties de cache-cache, des histoires de frères et sœurs plus âgés qui sont partis de Grace Field depuis longtemps.
Gilda finit par revenir dans le dortoir avec mes derniers vêtements et les pose à côté de moi tandis que j'ouvre les yeux et qu'elle remonte ses lunettes qui ont légèrement glissé sur son nez. Ses yeux sont embués de larmes et je la tire vers moi pour lui faire un câlin qu'elle me rend.
- Moi aussi, je veux un câlin... murmure Jemima en serrant sa jupe alors que les larmes menacent de déborder de ses yeux.
J'ouvre mes bras et elle vient se blottir contre moi en murmurant qu'elle ne veut pas que je parte. Je couvre son front de baisers en caressant son dos pour la calmer.
Une fois les câlins terminés, je me lève et commence à me changer, remplaçant mes vêtements blancs par ceux de mon départ. Dès que j'ai fini de me changer, je m'abaisse pour que Jemima puisse me mettre mon chapeau. Ses petites mains remettent mes boucles violettes en place pour que je sois jolie, même avec un chapeau.
J'attrape ma valise, lâche un soupir en contemplant mon dortoir pour la dernière fois, puis je sors de la pièce. Dans le couloir, j'aperçois Ray près de l'escalier, il semble m'attendre même s'il garde son regard noir onyx rivé au sol.
Ma main prend la sienne et la serre doucement, il relève la tête et pose ses lèvres sur les miennes, voulant me garder avec lui encore quelques minutes, ou au moins, quelques secondes. Je ferme les yeux et lui rends son baiser avec tendresse alors que les larmes menacent de couler.
- Violet, viens dire au revoir ! me crie Maman depuis le rez-de-chaussée.
- J'arrive ! dis-je sans pour autant vraiment bouger.
- Allez, va-t'en, Vi. Comme un pansement qu'on arrache... murmure Ray.
Je serre sa main et l'emmène en-bas avec moi. Une fois face aux autres, j'ai envie de remonter en haut, dans le dortoir, et de me cacher sous mes couvertures pour ne plus jamais en sortir. Mais je ne peux pas, je suis obligée de m'avancer parmi mes frères et sœurs afin de rejoindre Maman qui pose ses mains sur mes épaules et me les serre doucement pour éviter que je ne parte en courant. Pour aller où ? De toute façon, si j'avais pu m'enfuir, je n'aurais pas eu le courage d'abandonner les autres derrière moi en sachant qu'ils pourraient mourir par ma faute...
- Je suis très fière de t'avoir élevée jusqu'ici, Violet, murmure Maman en bougeant à peine les lèvres. Tu es une jeune fille très courageuse, je suis sûre que tes amis sauront changer les choses pour toi, pour ton souvenir.
- Prends soin d'eux, Maman, et fais en sorte que Sœur Krone ne leur pose aucun problème, dis-je sur le même temps.
- Ne t'en fais pas, elle sera la prochaine à partir.
Je hoche discrètement la tête avant de poser ma valise et d'ouvrir mes bras pour prendre les autres dans mes bras une dernière fois. Norman s'avance le premier et me serre contre lui, puis il est remplacé par Phil, Don, Anna, Thoma, Lannion, Chris, Alicia, Naila et à peu près toute notre famille.
Je vous aime...
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Et à la fin, une fleur... || Tpn
FanfictionViolet vit à l'orphelinat de Grace Field, comme ses amis Emma, Norman et Ray. Elle porte le matricule 87194, mais elle est bien plus que son matricule. Elle est une amie, une soeur, une fille amoureuse. Elle est l'infinité des possibles et les regre...