Chapitre 7

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Chapitre 7 ~ Qu'est-ce qui t'as pris ?!

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Maman m'allonge sur l'un des lits de l'infirmerie tandis que Ray part manger pour mettre nos amis au courant de ma "chute". Lui et moi savons que ce n'était pas un accident, que je l'ai fait exprès. Sauf qu'il ne sait pas pourquoi j'ai sauté.

Je grimace à chaque mouvement, ma jambe est cassée selon Maman qui soupire de soulagement. Je ferme les yeux et la laisse me mettre de la pommade et un plâtre pour garder mon os brisé en place.

Après un moment, Maman part s'occuper des plus jeunes tandis qu'Emma, Norman et Ray apparaissent dans l'encadrement de la porte de l'infirmerie. La petite rousse se précipite vers moi, les larmes aux yeux, les garçons la suivant presque avec indifférence. Presque.

- Violeeeetttt ! Qu'est-ce qui s'est passé ?!

- J'ai grimpé dans un arbre, je n'ai pas fait attention et je suis tombée au sol. Maman dit que je me suis cassée le tibia, mais que si je me repose, tout sera réparé dans quelques semaines.

Je ris, gênée, car habituellement, je ne chute jamais des arbres. Mais bon, il faut bien une première fois à tout, non ? Même s'il s'agit d'un mensonge.

Norman me regarde bizarrement suite à ma réponse tandis que Ray s'approche pour s'asseoir sur le bord du lit, poussant un peu Emma qui roule légèrement sur le côté afin que ses bras ne gêne pas le noiraud pendant qu'il s'assoit à côté de moi. La petite rousse proteste un peu suite au geste de notre ami mais Norman la calme d'un simple regard doux et d'un sourire tendre. Ça se voit qu'il l'aime et le fait savoir à sa manière, même si Emma confond ça avec de l'amour fraternel.

Ray, silencieux comme toujours, se laisse tomber en arrière et cale sa tête dans le creux de mon épaule. Lentement, je lève une main et caresse ses cheveux dans des gestes machinales, aussi lents que réguliers, comme pour essayer de le rassurer, de lui dire que je vais bien.

- C'est la première fois que tu tombes des arbres, non ? me questionne Norman en penchant légèrement la tête sur le côté.

- Oui, dis-je en hochant la tête sans déranger Ray qui semble s'endormir, c'est la première fois que ça m'arrive. En même temps, le vent soufflait beaucoup plus fort, car j'étais montée bien plus haut que d'habitude.

- Pourquoi t'as fait ça au juste ? T'as rien à prouver, t'es bien la seule qui arrive à grimper aux arbres sans avoir le vertige !

- Emma, tu exagères ! Toi et Ray savez aussi grimper aux arbres, vu que ça vous aide pour échapper à Norman quand il fait le loup durant les parties de cache-cache.

Soudain, la porte de l'infirmerie s'ouvre et claque contre le mur avec violence. Phil et Conny entrent, l'inquiétude se lisant sur leur visage. Conny serre son doudou contre elle tandis que Phil tente de rester digne et retient ses larmes pour ne pas pleurer. Devinant pourquoi ils sont là, Emma s'écarte du matelas, au contraire de Ray qui s'est endormi, afin de laisser la place à notre petit frère et à notre petite sœur pour s'ils souhaitent venir sur le lit. Ça ne rate pas : ils se précipitent vers moi en me questionnant au nom de l'ensemble de nos frères et sœurs.

- Doucement, vous deux, Ray dort. Je vais bien, Conny, ne pleure pas. Toi aussi, Phil. C'était un simple accident, mes petits cœurs.

- Vraiment ? fait Conny, au bord des larmes.

- Vraiment !

- Tu reviendras jouer avec nous ? dit Phil en s'accrochant à ma main.

- Bien sûr, mi corazon ! Mais pas tout de suite, il faut que ma jambe guérisse avant.

Les deux petits hochent la tête suite à mes dires avant de se prendre la main pour paraitre plus forts qu'ils ne le sont pour le moment. Je leur souris, comme Emma et Norman, et ils viennent me faire un câlin avant de partir rapporter mes explications au reste des enfants de l'orphelinat. Avant de quitter la pièce, Conny fait volte-face pour me raconter, avec un sourire, ce qui devrait être une bonne nouvelle :

- Maman m'a dit que j'avais été adoptée ! Mes nouveaux parents viennent me chercher dans quelques semaines ! J'ai hâte !

Puis elle disparait dans le couloir tandis que mon sang se glace dans mes veines et que je fais tout pour que l'effroi ne se lise pas sur mon visage tandis que je lui crie ma joie en espérant que même Maman entende.

Tromper mon monde, ne rien laisser paraitre, et attendre pour annoncer la nouvelle à Ray qui l'apprendra de toute façon par Maman.

Tels sont les mots que je me répète tandis que Norman et Emma me disent bonne nuit et partent rejoindre les autres dans leur dortoir respectif. Ray, lui, continue de dormir contre moi, une ébauche de sourire aux lèvres.

Je tourne la tête et lui fais un bisou sur le front, continuant mes caresses, avant de m'installer confortablement pour dormir un peu malgré la douleur qui continue de pulser dans ma jambe même si la pulsation se fait plus faible depuis que j'ai le plâtre.

Lorsque je me réveille enfin, il fait nuit. Encore. Ray remue légèrement contre moi, fronce les sourcils et finit par se réveiller lui aussi en se frottant les yeux comme lorsqu'on était petits. Je lui souris, il garde les sourcils froncés, m'arrachant un soupir qui me fait perdre mon sourire.

Je me mets à regarder le plafond et cherche mes mots pour lui dire ce que m'a annoncé Conny il y a quelques heures. Il semble sentir mon inquiétude puisqu'il attrape ma main pour la serrer doucement dans la sienne, me montrant ainsi qu'il est là et qu'il patientera autant qu'il faudra.

- Conny va être livrée dans quelques semaines. Elle me l'a dit pendant que tu dormais. Je propose qu'on mette Norman et Emma au courant ce soir-là en faisant à ce qu'ils aillent au portail. Comment ? Je ne sais pas...

- Moi, je sais. On va faire à ce que Conny oublie malencontreusement sa peluche.

Il se lève pour aller voir Maman comme tous les soirs. Avant de disparaitre dans le couloir, il s'arrête sur le seuil de la porte.

- Je suis désolée de t'infliger pareille douleur, Vi...

Les larmes coulent le long de mes joues tandis qu'il essaye de fuir la culpabilité qui doit peser bien lourd sur ses épaules d'enfant.

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant