Chapitre 4

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Chapitre 4 ~ Étoiles filantes

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De la lumière me fait ouvrir les yeux, chassant mes pensées dans les limbes de mon esprit.

Au-dessus de ma tête, des étoiles tombent du ciel pour venir s'écraser sur Terre, comme si des larmes lumineuses coulaient le long des joues de la voie lactée ou comme si des vies s'éteignaient quelque part, dans l'une ou l'autre région du monde. Des constellations doivent sans doute se briser, se recoller, se défaire, se créer...

C'est... beau. Et triste à la fois.

Indescriptible.

Je m'adosse contre le tronc de l'arbre pour observer cette pluie d'étoiles filantes à travers les feuilles qui cachent une partie du ciel nocturne. J'ai presque envie de prendre une photo pour me souvenir éternellement de ce moment. Puis je me souviens que les photos ne devraient pas exister quand on vit des moments pareils, comme si le fait qu'ils soient éphémères nous rappelaient constamment qu'un souvenir valait bien plus qu'une photo qui ressemblerait à mille autres photos du même moment.

Soudain, je sens que mes joues sont trempées. Je passe ma main et touche mon visage du bout des doigts, me rendant compte que je pleure sans que je sache pourquoi les larmes ont décidé de couler maintenant. Peut-être que c'est comme lorsqu'on regarde un lever ou un coucher de soleil et qu'on se met à pleurer face à la beauté du moment ? Ou alors, j'ai une poussière dans l'œil. Ou c'est le vent qui me fait pleurer comme ça.

Quoiqu'il en soit, j'essaye d'essuyer maladroitement mes larmes en me relevant pour rentrer à l'intérieur de l'orphelinat même si je vais avoir l'impression d'être enfermée entre les murs de Grace Field.

Je lève la tête pour regarder les étoiles filantes une dernière fois et ma bouche s'ouvre légèrement sous l'étonnement. Une étoile filante brille plus fortement que les autres et tombe dans le silence, tous les bruits du monde ayant disparus. Je tends la main et suis l'étoile dans sa chute jusqu'au sol, me demandant quel vœu je pourrais bien faire.

Lorsque l'étoile filante est sur le point de disparaitre derrière la cime des arbres qui entourent l'orphelinat, je joins mes mains et fais un vœu, priant pour qu'il se réalise.

Une fois cela fait, je termine d'essuyer mes larmes avant de monter les marches qui mènent à la porte et rentre à l'intérieur de ce qui me semblera toujours être une cage dorée depuis l'enfance, refermant doucement et lentement la porte derrière moi.

Je sursaute en voyant Ray assis sur les marches de l'escalier qui mène aux dortoirs. Il ricane et je m'approche, boudeuse, même s'il m'attrape les mains pour les réchauffer vu qu'elles sont glacées. Il serre doucement mes mains dans les siennes et il semble faire un vœu, lui aussi, bien qu'il n'y ait plus d'étoiles filantes dans le ciel nocturne qu'on aperçoit par la fenêtre.

- Violet ?

- Quoi ?

- Un jour, je te dirai tout...

Je penche la tête sur le côté, un peu perdue, me demandant ce qu'il entend par "tout". Je finis par hausser les épaules en voyant qu'il ne m'en dira pas plus et lui fais un bisou sur le front, mes cheveux glissant lentement, comme pour créer un rideau autour de nous et nous cacher du monde. Comme pour nous mettre à l'abri dans une petite bulle.

Je sens mon visage chauffer de cette proximité prolongée et Ray détourne le regard, les joues légèrement rouges, sans pour autant s'écarter de moi. Il lâche l'une de mes mains pour me caresser la joue, seulement quelques secondes, me donnant l'impression qu'une plume d'oiseau vient de me frôler le visage.

- Ray, on... on devrait monter dormir, non ?

Sa main quitte ma joue, comme si elle venait de le brûler et il me lâche pour de bon en s'écartant afin de se relever. Je ne dis rien, malgré cette impression que quelqu'un vient d'arracher quelque chose dans ma poitrine : mon cœur peut-être...

- Tu as raison, Vi, montons dormir...

Je tends la main, comme pour le retenir afin de le garder près de moi, mais il monte déjà les escaliers pour aller dans son dortoir. Avant de le suivre, je lâche un soupir triste, puis je monte les marches, faisant craquer le bois sous mes bottines. Les faisant craquer sous le poids de tous ces mots que je n'oserais jamais dire... Les faisant craquer sous le poids de tous mes maux que je ne nommerais jamais...

Je pose la main sur la poignée de la porte de mon dortoir et jette un dernier regard indifférent dans le couloir. Je sursaute légèrement en croisant un regard aussi indifférent que le mien et aussi sombre que celui de Ray. Celui de Maman Isabella.

Nous restons ainsi pendant plusieurs minutes, sans échanger un seul mot, moi devant la porte de mon dortoir et elle sur le seuil de la porte de sa chambre. Elle finit par ouvrir sa porte et disparaitre dans sa chambre, non sans me jeter un dernier regard qui me semblerait presque coupable et empli de pitié.

Je hausse les épaules et entre dans mon dortoir en frissonnant légèrement, je commence à avoir froid, moi ! Une fois assise sur mon lit, je me baisse pour défaire les lacets de mes bottines avant de me coucher sous les couvertures et de cacher mon visage dans l'oreiller. L'odeur de Ray est encore perceptible si je fais attention. Son odeur me détend tandis que je ferme les yeux, que les battements de mon cœur ralentissent et que ma respiration s'apaise.

Le sommeil met du temps à me gagner, la vision des étoiles filantes ne cessant de me revenir en tête, comme pour me rappeler le vœu que j'ai fait un peu plus tôt.

~ 📖 ~

Je souhaite vivre une vie remplie de bons souvenirs.
~ Violet ~

Mon souhait le plus cher, bien qu'un brin niais, serait que Violet survive en me gardant en tête comme un beau souvenir qui nous fait monter les larmes aux yeux...
~ Ray ~

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant